760.071 habitants est la population totale faisant partie des ménages ayant bénéficié du programme Villes Sans Bidonvilles (VSB). C'est ce qui ressort des résultats de l'enquête nationale d'évaluation d'impacts des programmes de lutte contre l'Habitat Insalubre sur les conditions de vie des ménages, présentés mardi à Rabat. Réalisée en 2014 par le ministère de l'Habitat et de la Politique de la Ville en collaboration avec l'Entité des Nations Unies pour l'Egalité entre les Sexes et l'Autonomisation des Femmes, dénommée ONU Femmes, l'enquête a concerné 5851 ménages auparavant vivant dans les bidonvilles et qui ont bénéficié du programme «Villes Sans Bidonvilles» dans ses composantes aussi bien de relogement, de recasement ou de restructuration. L'enquête vise à approfondir la connaissance sur les changements et l'incidence engendrés par ce programme sur les conditions de vie des ménages bénéficiaires. L'enquête permet également de produire une base de données et des statistiques désagrégées par sexe, sur les caractéristiques socio-économiques et démographiques des bénéficiaires, ainsi que sur l'état de l'accès à un logement décent et à la propriété. Il en ressort ainsi que le nombre de ménages qui abritent cette population est estimé à 158.196 ménages (131 272 ménages dont le chef de ménage est un homme et 26 924 ménages dont le chef de ménage est une femme), soit un taux de chefs de ménages femmes de l'ordre de 17%. La presque totalité des hommes chefs de ménage (95,6%) sont mariés. Pour les femmes chefs de ménage 60,7% sont des veuves, 18,3% sont des mariées et 12,5% sont des divorcées. La taille moyenne d'un ménage bénéficiaire est l'ordre de 4.8 personnes par ménage (5.0 personnes pour les ménages dont le chef de ménage est un homme et 3.8 personnes pour les ménages dont le chef de ménage est une femme). La population totale est constituée de 51,4% de sexe masculin et 48,6% de sexe féminin. La répartition des deux sous-populations masculine et féminine selon les groupes d'âges montre une prédominance de la jeunesse. En fait, la part des enfants d'âges de moins de 15 ans est d'environ 26% (26,8% pour la population masculine et 25,2% pour la population féminine). La part des jeunes d'âges 15-29 ans est estimée à 28,7% (29,9% pour la population masculine et 27,3% pour la population féminine). D'autre part, la population d'âges 60 ans et plus (personnes âgées), avoisine 8,2% (9,1% pour la population masculine et 7,1% pour la population féminine). Cette répartition montre que pour chaque personne âgée correspond 3 enfants et 3 jeunes. En ce qui concerne l'Etat matrimonial, la population d'âges 15 ans et plus est caractérisée par les deux situations célibataires et mariés, toutefois, les femmes sont plus marquées par les états de veuvage et de divorce du fait des obstacles socioculturels rencontrés par ces femmes pour contracter des remariages. Les femmes veuves ou divorcées représentent respectivement 8,7 et 2,6% de l'effectif des femmes d'âges 15 ans et plus. L'immigration, un phénomène relativement important Les résultats de ladite enquête font ressortir, par ailleurs, que le taux d'immigration (durant la période de bénéfice du programme VSB) est d'environ 12,9% (11,2% pour le sexe masculin et 14,6% pour le sexe féminin). Les immigrants vers les ménages bénéficiaires de programme «Villes Sans Bidonvilles» après que le ménage ait bénéficié de relogement, recasement ou restructuration, proviennent de différents horizons. 50% ont une origine de quartier réglementaire (53,4% pour les immigrants hommes et 47,4% pour les immigrantes femmes), l'échange avec les quartiers non réglementaires ou bidonvilles est d'environ 14,8% (16,2% pour les immigrants hommes et 13,7% pour les immigrants hommes) et 33,9% ont une origine du milieu rural (30,0% pour les immigrants hommes et 37,8% pour les immigrantes femmes). Les raisons d'immigration des femmes se concentrent au niveau du mariage et le regroupement familial (92,2%). Les raisons d'immigration des hommes se partagent entre le regroupement familial ou mariage (62,8%) et les raisons économiques (29,2%). Le taux d'émigration durant les 5 années 2009-2014 est très faible, environ 1,7% (1,1% pour le sexe masculin et 2,2% pour le sexe féminin). Les émigrants se dirigent en masse vers les quartiers réglementaires 60,8% (57,3% pour le sexe masculin et 62,6% pour le sexe féminin). Nous relevons qu'environ 13,7% des émigrants hommes se dirigent vers des quartiers non réglementaires et 10,6% vers l'étranger. Pour les émigrantes femmes environ 22,2% se dirigent vers le milieu rural et 11,2% vers les quartiers non réglementaires. Dans le même sujet, l'enquête montre que l'émigration des hommes se fait pour trois raisons principales : la mutation professionnelle, l'importance des offres d'emploi et le mariage ou regroupement familial. Pour les femmes environ 94,1% des cas se font dans le cadre de mariage ou regroupement familial. L'enquête fait observer, par ailleurs, que le taux d'analphabétisme est estimé à 32,4% (24,6% pour les hommes et 40,6% pour les femmes). Ces chiffres sont corroborés par le fait qu'environ le tiers de la population n'ont jamais fréquenté l'école (34,6%) (26,9% pour les hommes et 42,7% pour les femmes). Environ 44% de la population ont soit complété ou pas le niveau d'éducation primaire (50% pour les hommes et 38,2% pour les femmes), 13,7% de la population ont complété le niveau collégial (15,1% pour les hommes et 12,2% pour les femmes) et 7,4% de la population ont complété le secondaire qualifiant (ayant arrêté ou continué au supérieur) (8% pour les hommes et 6,9% pour les femmes). Les enfants d'âges 5-9 ans fréquentent l'école à hauteur de 98,3% (98,5% pour les garçons et 98,2% pour les filles). Les enfants d'âges 10-14 ans fréquentent l'école à un taux moindre 95,9% (96,2% pour les garçons et 95,6% pour les filles). Les données de l'enquête montrent, en outre, qu'environ la moitié de la population disposent d'une couverture médicale en tant qu'affiliés ou bénéficiaires (48,9%) (49,5% pour les hommes et 48,4% pour les femmes). La répartition des affiliées selon le sexe montre que 77,1% sont des hommes et 22,9% sont des femmes. D'autres parts, les trois quarts des bénéficiaires d'une assurance médicale via le RAMED (Régime d'Assurance Maladie pour les Economiquement Démunis), au vu de leurs conditions de vie et notamment leur accès limité à l'emploi salarial (71,9%) (71,7% pour les hommes et 72,2% pour les femmes) et environ 17,7% bénéficient de l'assurance maladie obligatoire AMO destinée aux fonctionnaires et employées des secteurs public et privé (18,2% pour les hommes et 17,1% pour les femmes). Les autres disposent d'assurance médicale privée. Taux relativement élevé de la prévalence d'handicap Les données de l'enquête ont relevé également que près de 8,5% de la population ont au moins un handicap quelconque en termes de santé (visuel, auditif, locomotif, concentration, mémoire, autonomie pour s'habiller et prendre son bain et de communication) (8,8% pour les hommes et 8,1% pour les femmes). Un peu plus du tiers de la population handicapée ont un seul handicap lié à la déficience visuelle (34,9%) (39,8% pour les hommes et 29,2% pour les femmes), 11,6% ont le seul handicap locomotif (9,6% pour les hommes et 13,8% pour les femmes), 7,9% des personnes handicapées cumulent les deux handicaps visuel et locomotif (7,1% pour les hommes et 8,8% pour les femmes). En ce qui concerne la contribution des hommes et des femmes aux activités économiques, l'enquête montre qu'environ les deux tiers de la population d'âges 7 ans et + sont inactifs (65,6%) (43,1% pour les hommes et 88,8% pour les femmes). La prédominance de l'inactivité chez les femmes est associée à la nomenclature de femmes au foyer qui représentent plus que la moitié. 25,9% de la population d'âges 7 ans et plus sont des actifs occupés (42,8% pour les hommes et 8,3% pour les femmes) et 8,6% sont des chômeurs (14,1% pour les hommes et 2,9% pour les femmes). Ces chiffres impliquent que le taux de chômage est d'environ 23,5% (23,4% pour les hommes et 24,1% pour les femmes). Ce niveau est très élevé et impliquerait des difficultés pour disposer de revenus et subvenir aux besoins du ménage en termes de subsistance et en moyens financiers pour le financement de l'acquisition du logement. D'autre part, la répartition de la population active occupée selon le statut professionnel montre qu'environ 47,4% travaillent pour leur propre compte (indépendants ou employeurs ou associés) (50,3% pour les hommes et 31,9% pour les femmes), environ 48,1 travaillent en tant que salariés (44,8% pour les hommes et 65,5% pour les femmes) et presque 4,5% travaillent en tant qu'apprenti ou aide familial (4,9% pour les hommes et 2,6% pour les femmes). Les hommes sont plus représentés dans les activités économiquement rémunérées, les femmes le sont moins et elles sont le plus représentées dans les activités économiquement non rémunérées Concernant les travaux domestiques, environ 73,9% des femmes et juste 4,2% des hommes sont impliqués dans ce genre d'activité, les femmes représentent la majorité 94,5%. Les femmes sont aussi hautement représentées dans les soins apportées aux membres du ménage (enfants, personnes âgées et handicapées). Le taux de leur représentativité avoisine 82,2%. Impacts du programme VSB sur les conditions de vie des ménages Le programme VSB a permis aux 84,6% des ménages, qui résidaient dans les bidonvilles ou logements sommaires, de vivre actuellement dans des logements (maison construite ou appartement). Il ne reste qu'environ 3,4% des ménages qui ont bénéficié de la restructuration de leurs logements mais le cadre de vie n'a pas beaucoup changé comparé à celui des bénéficiaires du relogement ou recasement qui ont enregistré des changements notables. Les matériaux de construction actuellement le plus représentés sont les murs en les murs en briques, les toits en béton et le sol en carrelage, mosaïque ou ciment. La quasi-totalité des ménages (97,3%) ont l'intention de rester dans les logements qu'ils ont acquis manifestant ainsi la satisfaction globale à l'égard du programme. Le pourcentage des insatisfaits par rapport au nombre de pièces occupés au niveau du logement a été réduite de moitié. Actuellement, environ le quart des ménages sont encore insatisfaits et souhaitent avoir en moyenne 4,4 pièces au lieu de 2,5 pièces suite à la mise en œuvre du programme, soit 2 pièces en plus. Autre impact du programme VSB est la nette amélioration dans l'accès aux équipements de base dans le logement. D'après l'enquête, les ménages qui n'avaient pas dans leurs logements précédents une cuisine, salle de bain/douche ou toilettes avoisinaient respectivement 13,1%, 86,3% et 10,8%, le programme « Villes Sans Bidonvilles » a permis de réduire notablement ces pourcentages à 1,7%, 56,0% et 1,2%. Ceci témoigne de l'équipement que comprennent les logements acquis par les ménages dans le cadre de ce programme notamment la cuisine et les toilettes. Egalement, le taux d'insatisfaction de ces trois équipements de base dans un logement a été réduit de 45,4 à 11,5% pour la cuisine, de 25,3 à 12,1% pour la salle de bain/douche et de 53,2 à 14,8% pour les toilettes. De même, la part des ménages raccordés au réseau d'eau potable est passée de 22,3% à 85,5%. Le taux d'insatisfaction par rapport au raccordement au réseau de l'eau potable a diminué de 56,4% à 12,9%. Les ménages, non raccordés au réseau d'eau potable, chargeant exclusivement les femmes et les filles pour cette mission a diminué de 53,3% à 14,4%. En ce qui concerne le raccordement au réseau d'électricité, les ménages non raccordés ou sans compteurs a été réduit de 67% à 6,6%. Le programme «Villes Sans Bidonvilles» a contribué également à l'augmentation du taux de raccordement au réseau d'assainissement liquide (égouts) de 19,5% à 92,8% et à la diminution du taux de couverture des ménages par un service de collecte des ordures ménagères de 55,4 à 92,7%. Le taux d'insatisfaction du service de collecte des ordures ménagères a baissé de 36,5 à 27,5%. Idem pour le taux de pauvreté monétaire, puisqu'il a baissé de 48,7 à 28,3%. La baisse de la pauvreté monétaire a profité beaucoup plus aux plus pauvres qu'aux populations relativement aisées. De même, le programme «Villes Sans Bidonvilles» a permis de baisser l'incidence des maladies et accidents conjoncturels de 5,7% à 4,1%. La baisse touche aussi bien l'incidence auprès des hommes qu'auprès des femmes de 5,6 à 3,7% pour les hommes et de 5,9 à 4,5% pour les femmes. Le profil des maladies et accidents conjoncturels a changé. Le programme VSB a permis aussi de doubler le taux des ménages propriétaires de leurs, pour passer de 44,4% à 92,5% (de 46,1% à 91,3% pour les ménages dont le chef est un homme et de 36,1% à 93,2% pour les ménages dont le chef est une femme). La part des ménages à un seul propriétaire homme a baissé de 84,9 à 75,0%, soit une réduction d'environ 10 points. Pour les ménages à une seule propriétaire femme, la part a augmenté de 10,9 à 15,0% soit une hausse d'environ 4 points. Le taux de ménage propriétaires disposant de documents prouvant la propriété a presque triplé passant de 32,0 à 87,7% Les contributeurs à l'achat de terrains pour construction ou à l'achat d'appartements sont en grande partie un seul homme (83,1% des cas), une seule femme (11,9% des cas) et un homme et une femme (2,2% des cas). Les propriétaires de logements précédents sont en grande partie un seul homme (85,1% des cas), une seule femme (13,9% des cas) et un homme et une femme (0,7% des cas). Les propriétaires de logements actuels (après la mise en œuvre du programme VSB) sont en grande partie un seul homme (80,9% des cas), une seule femme (16,3% des cas) et un homme et une femme (2,1% des cas). Pour les ménages bénéficiaires du programme de recasement, ménages ayant construit leur logement et qui y résident ces ménages, la valeur moyenne du logement qu'ils occupaient auparavant est en moyenne 63 000 dirhams. Ces ménages ont sacrifié une somme globale pour disposer de leur actuel logement de 162 000 dirhams (13 000 dh pour l'acquisition du terrain et 149 000 dh pour la construction). Ces ménages estiment que le programme VSB leur a procuré un logement dont la valeur moyenne a atteint 342 000 dirhams. Pour les ménages bénéficiaires du programme de relogement et y résident actuellement en tant que propriétaires les données font ressortir que ces ménages disposaient avant la mise en œuvre d'un logement dont la valeur avoisinait en moyenne 59 400 dirhams, le fait qu'il aient sacrifiés un financement pour l'acquisition de l'appartement à savoir en moyenne 88 700 dirhams, ces ménages estiment qu'ils disposent actuellement à travers le programme VSB d'un logement de valeur moyenne 301 000 dirhams. Le programme VSB a permis aussi de hausser le taux d'accès des femmes à la propriété du logement occupé par le ménage d'appartenance de 15,3 à 18,7%, soit un gain de 3 points. La part des femmes dans la valeur global du patrimoine matérialisé dans le logement principal du ménage a augmenté de 14,4 à 18,3%, soit un gain de 4 points. Toutefois, la parité est loin d'être atteinte dans ce domaine et les inégalités demeurent flagrantes. Côté financement, l'enquête fait ressortir que, pour les ménages bénéficiaires du programme de recasement, la principale source de financement dans cette acquisition est les fonds propres (76,1%), la vente du patrimoine (3,6%) et le recours au crédit (15,2%). Pour cette catégorie de ménages le crédit bancaire (sans garantie Fogarim) représente 6,3%, le crédit bancaire (avec garantie Fogarim) représente 2,5%) et le reste s'effectue auprès de la famille et/ou des amis. Pour les ménages bénéficiaires du programme de relogement, la principale source de financement dans cette acquisition est les fonds propres (58,4%), la vente du patrimoine (1,2%) et le recours au crédit (37,6%). Pour cette catégorie de ménages le crédit bancaire (sans garantie Fogarim) représente 13,7%, le crédit bancaire (avec garantie Fogarim) représente 20,7%) et le reste s'effectue auprès de la famille et/ou des amis. La connaissance de la garantie Fogarim n'est pas absolue. Environ 37,9% des ménages bénéficiaires du programme VSB qui le connaissent. Ce taux se situe aux alentours de 32,6% pour les ménages bénéficiaires du programme de recasement et au voisinage de 53,2% pour les ménages bénéficiaires du programme de relogement. «Le programme "villes sans bidonvilles", doté d'une enveloppe budgétaire d'environ 32 milliards de dirhams, a été lancé par le Gouvernement en 2004, dans le cadre des efforts du Royaume pour lutter contre la pauvreté et l'exclusion en milieu urbain, et vise l'éradication de l'ensemble des bidonvilles dans les villes et les centres urbains concernés en permettant l'accès à un habitat salubre à 388 400 ménages touchés actuellement par ce phénomène», a rappelé Mohammed Nabil Benabdallah, ministre de l'Habitat et de la Politique de la Ville, lors d'une conférence de presse consacrée à la présentation des résultats de cette enquête. « Fin décembre 2015, le programme «villes sans bidonvilles» a atteint des résultats très importants. Ainsi, 55 villes ont été déclarées sans bidonvilles, sur un total de 85. Aussi, 82% des ménages habitant les bidonvilles ont acquis un logement décent ou sont concernés par des projets en cours d'exécution», a-t-il ajouté. Ont pris part à cette conférence, les représentants de l'ONU-Femmes, le Président du Directoire du Groupe Al Omrane, les représentants des Départements ministériels et les ONG concernés.