Dar Al-Maghrib, l'unique et majestueux centre culturel marocain au Canada, rouvre ses portes dans quelques mois, après une hibernation forcée de plus de deux ans. Une réouverture qui se fera en grandes pompes et qui s'annonce d'emblée assez prometteuse. Et pour cause, le nouveau directeur des lieux a réussi à réconcilier les membres de la communauté marocaine avec leur centre en faisant montre d'une grande volonté de faire de cet espace culturel un lieu interactif pour la communauté marocaine du Canada et à rétablir la confiance perdue après les déboires des quelques années d'existence du centre. Le nouveau directeur du deuxième centre marocain au monde, M. Jaâfar Debbarh, en fonction depuis septembre 2015, a affiché la carte de la disponibilité et de la concertation avec les membres de la communauté. Lors d'une rencontre avec une vingtaine de membres de la diaspora marocaine relevant du monde des médias et des arts, dans un café marocain ayant pignon sur rue à Montréal, il a eu l'occasion d'écouter les attentes et propositions des assistants, soucieux de promouvoir la culture de leurs origines et de contribuer par leurs compétences au rayonnement du Maroc au Canada, tout en contribuant à l'intégration de leurs enfants dans leur société d'accueil. M. Debbarh s'est dit être disposé à collaborer étroitement avec les membres de la communauté pour peu qu'ils manifestent la volonté de travailler dans ce sens et de proposer des idées novatrices et des projets susceptibles de contribuer au rayonnement de la civilisation et de la culture marocaines au Canada : "Je veux que les plans d'action du centre soient faits avec vous, a-t-il déclaré à l'adresse des assistants, que vous collaboriez à leur conception et leur réalisation. Les cadres du centre assurent le suivi des projets mais je veux que vous soyez les acteurs de leur réalisation. 2016 sera l'année d'essai de tous les projets. Alors bienvenue à toutes les idées ». Une invitation que M. Debbarh adresse à toutes les communautés présentes sur le sol canadien eu égard au brassage culturel qui fait la singularité de notre pays comme il l'a ajouté dans son intervention: " Notre centre est ouvert à toutes les nationalités, à toutes les cultures et toutes les religions. Notre centre doit revêtir cette valeur rare et recherchée qu'est la cohabitation entre les cultures, entre les religions dans le cadre de la différence. Nous devons faire en sorte que notre centre soit une fenêtre sur le Canada et sur nos enfants à qui nous devons inculquer le sens du respect de nos valeurs et la fierté de nos racines ». Interrogé sur la part culturelle qui sera allouée aux enfants au sein du centre, M. Debbarh a assuré aux parents de tout mettre en oeuvre afin que leurs enfants puissent conserver leur identité culturelle et d'agir de façon à faire de leur culture un outil d'intégration dans leur pays d'accueil. C'est pourquoi il encourage toutes les initiatives artistiques et culturelles conçues pour les jeunes et les enfants. Un enthousiasme unanime L'optimisme contagieux de M. Debbarh a dompté les plus récalcitrants. Mme Selma Regragui, journaliste et membre de l'association Trait d'union Canada Maroc, avoue que l'ouverture d'esprit du nouveau directeur de Dar Al-Maghrib est venue à bout de son sceptissisme : "Monsieur Debbarh nous a honoré par son respect envers la communauté marocaine. Son approche est optimiste et porteuse d'un grand changement qui s'inscrira dans la nouvelle optique de proximité avec les Marocains du Canada. Une optique qui était urgente à adopter; il était temps que les hautes instances marocaines essaient de cerner les besoins des ressortissants marocains en terme de culture et d'interactions avec l'administration marocaine ». M. Kamal Benkirane, auteur-éditeur, président de l'association E-Passerelle et l'un des organisateurs de l'événement, quant à lui, n'est que plus conforté dans les compétences du nouveau directeur: "Je pense qu'il y a un nouveau souffle qui s'instaure progressivement en ce qui a trait aux nouvelles orientations du centre culturel marocain à Montréal, sous la nouvelle direction de M. Jaâfar Debbarh. Les suggestions faites lors de cette rencontre confirment, d'une part, l'opinion unanime des acteurs culturels présents sur le fait que ce centre est désormais "condamné" à réussir et n'a pas le droit à la chute, et, d'autre part, sur la volonté réelle de tous, y compris celle de M. Debbarh, d'aller de l'avant avec ce centre pour le présent et l'avenir, tout en laissant le passé derrière, tout en prenant soin des jeunes enfants des Marocains du Canada et des acteurs culturels, et tout en redéfinissant aussi la culture, par une nouvelle régénération de la promotion de la culture marocaine au sein de la diversité culturelle canadienne. Je suis optimiste vis-à-vis des divers points abordés avec Si Debbarh quant à l'enveloppe budgétaire, la nécessité de valoriser les artistes originaires du Maroc, de présenter des projets, la nécessité d'une bonne gestion dans un cadre de bonne gouvernance, et finalement de l'inclusion de tous les composants intrinsèques à l'identité marocaine ». M. Mohammed Sadri, animateur culturel, leader associatif et un autre organisateur de la rencontre, ne cache pas non plus son espoir en des jours meilleurs pour le centre culturel marocain: "A mon avis, la tâche est assez ardue pour M. Debbarh pour faire redémarrer Dar Al-Maghrib, mais je suis optimiste quant à la capacité de gestion de M. Debbarh, avec toute l'expérience qu'il a acquise en travaillant auprès des MRE dans différents pays. Les démarches qu'il a entreprises auprès des Marocains du Canada avec qui il a interagi en toute transparence, les concertations en privé ou en groupe avec la communauté démontre sa bonne foi. Je pense qu'il a une vision très claire de la mission culturelle de Dar Al-Maghrib. Reste à savoir comment il va gérer les différends au sein de la communauté qui constituent depuis longtemps un obstacle à leur épanouissement au Canada ». M. Debbarh a par ailleurs informé l'assistance de l'état d'avancement des travaux de Dar Al-Maghrib, qui avait fermé ses portes pour cause de réfection des problèmes techniques qui a débuté au mois de septembre, date de réouverture du centre, et dont l'achèvement est prévu pour fin mars. C'est à ce moment que le centre qualifié d'interculturel par M. Debbarh accueillera les idées de toutes les communautés. : ''Dar Al-Maghrib n'est pas un centre communautaire, a-t-il déclaré à ce sujet. Mon but est de promouvoir le vivre ensemble marocain ». Un coup d'éclat que les membres de la communauté comptent fructifier afin de vivre une expérience culturelle longtemps convoitée et de faire vivre des jours meilleurs à un centre qui attend toujours son heure de gloire...