De fait, la tendance au raffermissement des liens économiques et à la consolidation de partenariat entre le Maroc et le Canada dans divers secteurs s'est poursuivie en 2011 avec le lancement officiel des négociations pour la conclusion d'un accord de libre-échange (ALE) entre les deux pays, combiné à d'autres actions en matière d'investissement, de commerce, mais aussi de richesses et de compétences humaines. Le Canada et le Maroc entretiennent déjà une relation dynamique assortie de liens linguistiques et culturels étroits. Un accord de libre-échange Canada-Maroc enrichirait non seulement cette relation, mais ouvrirait de nouveaux marchés, stimulerait la croissance économique et créerait des emplois. ALE Canada-Maroc : «Satisfaction mutuelle» après le premier round des négociations En octobre dernier, et après quatre jours de discussions qui se sont déroulées dans un «climat empreint d'amitié et de franchise», le premier Round des négociations pour parvenir à un ALE entre le Maroc et le Canada s'est achevé avec un sentiment de «satisfaction mutuelle», exprimé par les deux parties. Au terme de cette première série de pourparlers, qui s'est tenue à Ottawa, la délégation canadienne s'est félicitée de la qualité du dialogue entre les deux parties qui lui a permis de «mieux appréhender les enjeux marocains dans cette négociation». Elle a réaffirmé sa volonté d'accompagner «positivement» ce processus en lui assurant les conditions favorables pour un aboutissement win-win. A l'issue de cette rencontre, les deux parties se sont entendues pour tenir un second Round de négociations au Maroc, au cours du premier trimestre de l'année 2012. Cette première série de pourparlers intervient au lendemain du lancement officiel des négociations par les gouvernements des deux pays, lors de la visite du Premier ministre canadien, Stephen Harper, en janvier dernier au Maroc. En plus de donner un véritable coup de fouet aux relations économiques, le futur ALE devrait également sonner l'avènement d'une coopération renforcée entre les deux pays dans plusieurs domaines. Les premiers secteurs à en bénéficier devraient visiblement être l'éducation et la formation professionnelle. La visite officielle du chef de l'exécutif canadien a été aussi couronnée par la signature de deux protocoles d'entente en matière d'éducation et de formation professionnelle, rappelle-t-on. Selon les autorités canadiennes, « un accord de libre-échange avec le Maroc serait le premier (du genre) à être signé par le Canada avec un pays africain» et le Royaume pourrait être la «porte d'entrée» vers une nouvelle présence commerciale canadienne dans la région de la Méditerranée et en Afrique du Nord. L'accord placerait également les entreprises canadiennes dans une position plus favorable par rapport à leurs concurrents sur ce marché, et particulièrement «dans des secteurs clés tels que l'agriculture, la fabrication et les industries de services», ajoute-t-on. L'ALE traduit également la ferme volonté du Royaume de maintenir sa politique d'ouverture commerciale et de diversification de ses partenaires économiques. Il s'inscrit aussi dans la perspective de rendre le Maroc une plateforme pour les investissements étrangers susceptibles d'accompagner l'élan de développement du pays. Tout au long de leurs 50 ans d'histoire de relations bilatérales, plusieurs jalons ont été posés pour construire une amitié et un partenariat «solide» et «durable» qui se sont couronnés récemment par la conclusion d'un mémorandum d'entente portant sur l'installation au Maroc d'une unité de production industrielle canadienne de dernière génération. En effet, après l'implantation en 2010 de SNC-Lavalin, cinquième plus grand opérateur mondial de l'ingénierie et de construction, le groupe canadien Bombardier, troisième constructeur aéronautique après Airbus et Boeing, vient de signer dernièrement avec le gouvernement marocain une importante convention pour établir une usine de fabrication au Maroc. Le gouvernement marocain et la société canadienne Bombardier Aéronautique ont ainsi signé, en novembre dernier, un mémorandum d'entente pour la création d'une unité industrielle, spécialisée dans l'assemblage des pièces d'avions. D'un investissement de 200 millions de dollars, ce projet qui doit entrer en activité en 2013 permettra de générer 850 emplois directs et 4.000 emplois indirects. Cet accord est porteur d'un message à l'adresse de la communauté internationale montrant qu'il est possible d'instaurer des partenariats gagnant-gagnant, susceptibles de contribuer à aplanir les difficultés dont pâtissent les économies développées ou en développement. A cette occasion, le PDG de Bombardier Aéronautique Guy Hachey s'est dit satisfait de la conclusion de cet important accord, fruit d'une série de négociations «constructives» et de la confiance placé par le groupe canadien dans le potentiel du Maroc en matière d'investissement, affirmant sa disposition à développer ce partenariat sur le long terme. Le choix du Maroc s'explique par les faibles coûts de la main d'oeuvre, du transport, la proximité avec l'Europe et «l'engagement» des autorités locales à mettre sur pied une industrie aéronautique compétitive, a fait valoir le groupe canadien. Pour l'heure, une cinquantaine d'autres ‘entreprises et institutions canadiennes sont présentes au Maroc. Parmi elles, une dizaine de bureaux d'affaires et une trentaine de partenariats actifs notamment dans le secteur de l'éducation et de la formation. Canada-Maroc : Des relations commerciales renforcées et diversifiées Le Canada est le 32è client et le 20è fournisseur du Maroc dans le monde et le Maroc est le 8è fournisseur et le 7è client africain du Canada. Les relations commerciales entre les deux pays se sont renforcées et diversifiées au cours de la dernière décennie, bien qu'elles restent en deçà potentialités de coopération. En 2010, les échanges bilatéraux de marchandises se sont élevés à 328,2 millions de dollars. Les exportations canadiennes vers le Maroc se sont élevées à 186,9 millions de dollars et les principaux produits exportés consistent en des céréales (blé dur pour 57,3%), des véhicules, des légumes (légumineuses) et de la machinerie. Les importations canadiennes en provenance du Maroc ont totalisé 141,3 millions de dollars en 2010, composées principalement de fruits et noix (mandarines), de phosphates de calcium, de vêtements tissés et tricotés, de chaussures et de machinerie électrique. Le début de l'année 2011 a été marqué d'abord par une progression du volume des échanges commerciaux de 38 pc par rapport à la même période de l'année précédente et aussi par la présence de nouveaux produits à haute valeur ajoutée au niveau de la balance commerciale, notamment les intrants dans les appareils aéronautiques, les composants électriques...etc. Cette évolution ne pourrait être positive sans les produits traditionnellement échangés, à savoir les produits de l'Agriculture (Blé et Clémentines), de la pêche et du textile et de l'habillement. Les relations privilégiées entre le Maroc et le Canada, dans le cadre d'un partenariat stratégique et de coopération économique, commerciale, culturelle et sociale, sont de nature à permettre aux deux pays de fixer des objectifs plus ambitieux dans le but de développer leurs échanges commerciaux et drainer les investissements canadiens dans le Royaume. Selon l'organisme national de crédit à l'exportation «Exportation et développement Canada», les entreprises canadiennes peuvent tirer parti de débouchés commerciaux et de possibilités d'investissement dans tous les secteurs au Maroc, particulièrement dans la construction, les applications environnementales, l'industrie légère, les technologies de l'information et des communications, le matériel agricole immobilier, l'aérospatiale et le secteur ferroviaire. La culture, un levier de rapprochement L'année 2011 a été aussi marquée par l'achèvement des travaux de la Maison du Maroc à Montréal qui sera ainsi le premier Centre culturel marocain en Amérique du Nord visant en particulier l'accompagnement culturel des membres de la diaspora marocaine. Dans une déclaration à la MAP, lors de la cérémonie de remise des clefs du Centre, en octobre dernier, marquant l'achèvement des travaux de ce projet entamés en novembre 2008, le ministre délégué chargé de la communauté marocaine résidant à l'étranger, M. Mohammed Ameur, a indiqué que cette réalisation est, en somme, «un hommage à la diversité et à l'ouverture sur l'Autre». «C'est un Centre culturel, certes, mais sur le plan architectural c'est un musée de l'artisanat marocain», a dit le ministre qualifiant aussi la Maison du Maroc de «monument». Dans une déclaration similaire, l'Ambassadeur du Maroc au Canada, Mme Nouzha Chekrouni, a indiqué que cet espace marocain sera un espace d'ouverture et d'échange qui s'inscrit dans le cadre d'une stratégie gouvernementale qui fait de la culture un «levier de rapprochement et de dialogue» entre les communautés marocaines installées à l'étranger et l'autorité marocaine. L'ouverture de la Maison du Maroc à Montréal, a-t-elle dit, sera «un moment important dans les relations du Québec et du Canada avec le Royaume du Maroc», ajoutant que la priorité donnée à l'axe culturel tend à souligner la question de l'identité marocaine dans ses dimensions linguistique, cultuelle et culturelle chez les Marocains résidant au Canada, et plus particulièrement la nouvelle génération. Et d'expliquer qu'au-delà des Marocains résidant au Canada, estimés à quelque 100 000 personnes, dont 80 pc résident au Québec, le Centre culturel à Montréal s'adressera également aux citoyens du pays d'accueil et aux autres communautés y résidant, contribuant ainsi à un échange et à un enrichissement interculturels plus soutenus et à «un plus grand rayonnement culturel de notre pays».