Pour la boxe marocaine, l'année préolympique de 2015 fut celle du rayonnement sur le plan international, avec comme épilogue un sacre mondial inédit, décroché par le jeune et talentueux Mohamed Rabiî, dans la catégorie des 69 kg. Cette médaille d'or, qui succède, dans le tableau de la meilleure performance marocaine lors des Mondiaux, au bronze de Hamid Rahili (poids mi-mouche) et de Mohamed Mesbahi (mi-lourds) en 1995 à Berlin, n'est, en fait, que l'illustration d'une année faste et dense qui a vu le noble art marocain se mesurer aux grandes écoles mondiales de boxe et gagner en notoriété, aussi bien sur le plan sportif qu'organisationnel. Ainsi, l'année commence sur les chapeaux de roues avec une affiche Maroc-Angleterre, le 30 janvier à Casablanca, en ouverture de la 5ème saison de la World Series of Boxing (WSB), un circuit créé en 2008 à l›initiative de l›Association Internationale de la Boxe Amateur (AIBA) et voué à réunifier la boxe professionnelle mondiale avec ses racines amateurs. Pour le Maroc, intégré en juin 2014 à Bakou (Azerbaïdjan) à la WSB pour l›édition 2015, il s›agit d›accéder à un niveau de compétition inédit, avec notamment des adversaires de haut niveau, ainsi qu›un rythme de compétition inhabituel. En effet, pour les Atlas Lions Boxing Team, qui ont représenté le Royaume, il a fallu croiser le fer, durant 14 semaines à raison d›une rencontre par semaine, avec les équipes cubaine, ukrainienne, russe, anglaise, mexicaine, algérienne et chinoise (groupe A). Le premier objectif était de réserver une place dans la phase finale, opposant les meilleures équipes du groupe A à celles du groupe B, composé, lui, du Porto Rico, Argentine, Azerbaïdjan, Italie, Kazakhstan, Venezuela, Etats-Unis et Pologne. La franchise marocaine, portée par la Fédération royale marocaine de boxe (FRMB), s›en sort plutôt bien, avec une 5è place (20 pts) dans le groupe A, après six victoires et huit défaites, mais surtout un premier ticket pour les Jeux olympiques, obtenu par Rabii, lors du match contre les China Dragons (5-0) comptant pour la 12ème journée. Mieux encore, les éléments nationaux, forts de cette judicieuse mise en jambe, vont aborder avec confiance le reste de la saison, avec cette fois-ci un rendez-vous continental, à savoir la 17ème édition des Championnats d›Afrique seniors, disputée du 16 au 23 août au complexe sportif Mohammed V. Cette manifestation sportive, qualificative aux Mondiaux 2015, a été remportée haut la main par la sélection marocaine, qui récupère, ainsi, le titre continental décroché en 2009 à l›Ile Maurice. Dans le classement final par nations, le Maroc termine en tête avec un total de huit médailles (5 d›or, 2 d›argent et 1 de bronze) et huit places en championnats du monde à Doha, devançant l›Algérie, tenante du titre, et l›Egypte. Les médailles marocaines ont été décrochées par Hassan Saâda (bronze des 81kg), Achraf Kharroubi (argent des 52kg), Abdelhak Aatakni (argent des 64kg) et les champions d›Afrique Mohamed Hamout (56kg), Imad Ahyoun (46-49 kg), Abouhamada (91 kg), Arjaoui (+91kg) et Rabiî (69kg). Après cette aventure africaine, les pugilistes marocains devaient passer à un niveau supérieur, à savoir la phase finale des Championnats du monde à Doha (2-16 octobre). Ce challenge était de taille, puisque les huit boxeurs marocains engagés devaient en découdre avec des adversaires redoutables représentant des écoles prestigieuses du noble art mondial. Le bilan de cette participation n›est pas à rappeler, puisque le titre mondial, le premier dans l›Histoire du noble art marocain, que Rabiî (22 ans) a décroché aux dépens du N.1 mondial, le Kazakh Daniyar Yeleussinov, à l›unanimité des juges (3-0), est entré à jamais dans les annales du sport national, régional et africain et a constitué une source de fierté pour le large public marocain, avide de victoires et de titres. Il faut noter que Rabiî, qui a été consacré boxeur de l›année de la WSB en marge de ces Mondiaux, en récompense d›une saison exceptionnelle, méritait amplement son sacre, eu égard à l›excellent niveau technique, à la lucidité extraordinaire et à la discipline sans faille dont il a toujours fait preuve, aussi bien sur le ring que dans sa vie de tous les jours, comme en témoigne ses encadrants et son entourage. Cette édition, qualificative aux Jeux Olympiques de Rio-2016, réservait une autre agréable surprise pour la boxe nationale, avec la qualification indirecte d›un autre Marocain au tournoi de Rio, à savoir Achraf Kharroubi (52 kg), qui profite du parcours du Cubain Yosbany Veitia, classé premier à la WSB et finaliste des Mondiaux de Doha, deux réalisations qui sont synonymes de qualification aux JO. En effet, en vertu du règlement en vigueur, cette «double qualification olympique» du Cubain permet à Kharroubi d›obtenir un ticket pour Rio, à la faveur de sa troisième place dans la World Serie. Outre le pari sportif, cette dynamique impliquait pour le Maroc un autre challenge, celui de l›organisation, qui a été lui aussi relevé avec brio, que ce soit pour les rencontres à domicile de la WSB, qui exigent des standards dignes de combats de boxe professionnels, ou pour les Championnats d›Afrique, dont la réussite a été reconnue par les plus hautes instances de la boxe continentale et africaine. Il convient de citer à ce propos, le témoignage, dans une déclaration à la MAP, du président de la Confédération africaine de boxe (AFBC) et vice-président de l›AIBA, le Togolais Kelamy Bayor, qui a salué les efforts de la FRMB pour l›organisation de ces Championnats d›Afrique, observant que toutes les conditions ont été assurées pour le bon déroulement de cet événement, qui a été à la hauteur des attentes de l›AFBC et l›AIBA et a démontré que le Maroc est en mesure d›abriter des compétitions de grande envergure. A noter également, dans ce sens, l›organisation, le 24 juillet au palais des congrès de Marrakech, des demi-finales du championnat du monde AIBA Pro Boxing (APB), qui intervenaient après la réussite des quarts de finale du championnat du monde dans la cité ocre. Ce prestigieux événement, qui a réuni des pugilistes des catégories lourds d›Afrique, d›Europe, des Amériques et d›Asie, témoignait, encore, de la confiance placée en le Maroc par l›Association internationale de la boxe amateur (AIBA). Parmi les autres événements de taille accueillis par le Royaume, il convient de citer le combat du Franco-Marocain Rachid Jkitou contre le Serbe Geard Ajetovic, en quart de finale du championnat méditerranéen WBC (World Boxing Council), organisé le 9 mai à Marrakech. Ainsi c'est sur plus qu'une note positive que la boxe nationale termine cette année, en prévision d'une année 2016 olympique riche en défis. Mais au-delà des acquis concrets, les jeunes pugilistes marocains ont dû profiter de cette effervescence pour gagner en maturité et en expérience, ce qui peut mener à l'éclosion, à moyen terme, d'une génération dorée capable de hisser très haut les couleurs nationales.