Ce que semble avoir retenu intuitivement Khalid Tounsi, artiste peintre se revendiquant comme autodidacte, de ses premières expériences de la peinture en recopiant du Delacroix, particulièrement les peintures du voyage au Maroc ; c'est bien sur « le plaisir de l'air et de la lumière » ainsi que « le beau y abonde, le beau court les rues » comme le disait celui-ci à propos du pays où il a séjourné quelques mois... En effet, Khalid Tounsi se nourrit de son environnement journalier, la médina de Rabat, intérêt pour lui d'environnement et d'architecture qui vont le mener à expérimenter la matière dans l'épaisseur du « matériau » peinture en autant de dessins en relief que d'aplats de couleurs ocres de murailles imaginaires, allant même jusqu'à expérimenter de nouveaux formats, plus adaptés semble-t-il à la représentation de la cité. Plus tard il abandonnera l'illustration lisible de cette mémoire pour l'utilisation d'un motif récurant de l'ornement traditionnel comme « le carré dans le carré » le développant ou le superposant, toutes perturbations visuelles visant à anéantir la perspective. Ceci, grâce à des procédés techniques expérimentés et ayant prouvés leurs efficacité à produire des profondeurs, des effets, des « pièges visuels » comme le grattage, le ponçage, le bombage, l'utilisation du pochoir, toutes sortes de pratiques inscrites dans la mémoire du peintre qui lui viennent du temps où la peinture n'était pas encore à l'ordre du jour... Et cette fois, le format choisi accompagne complètement le sujet, renforçant le rapprochement avec le « zellige ». Il aura entre temps fait un détour par la nature, sortes de forêts abstraites et impénétrables. Techniquement habiles et exerçants une fascination au regard .Développées dans autant de camaïeux qu'il lui est possible, tous associés à « l'image » que l'on se fait d'une forêt aux saisons changeantes et qui se répètent ... Il échappera aussi au peintre, soucieux de la qualité plastique, quelques « pépites » que le regardeur surpris par le changement de style ou la maitrise différente du « savoir faire » pourra contempler comme cette succession de trois tableaux qui résonnent en écho avec l'expressionisme allemand ou quelques fauves assagis ainsi que ceux qui évoquent des Monet, sortes de nymphéas retrouvées ... Pour ce qu'il en est de Delacroix, les derniers grands formats abstraits aux couleurs fortes mais maitrisées par la technique du brossage et de l ‘aplat semblent des agrandissements de ce que l'on voit lorsque l'on s'approche au plus près d'un de ses tableaux et que l'on discerne la touche et les gestes du grand peintre que les contemporains sauront s'approprier pour faire avancer « la peinture ». *Assistant au Musée d'Art Contemporain de Bordeaux (CAPC ) Enseignant à l'Ecole des Beaux Arts de Bordeaux Enseignant à l'Ecole d'Architecture de Rabat (ENA ) Exposition à voir à la galerie Nadira « La Découverte » à Rabat