La «Tborida», l'art équestre marocain ou Fantasia, est un moment de communion et de symbiose entre le cavalier et sa monture, entre l'homme et la bête, entre le guerrier et son partenaire. La «Tborida» est «un art qui nous vient du fond des mémoires de nos anciens et qui rappelle les batailles et les guerres qu'ils ont menées pour préserver leurs idéaux et leurs terres face aux attaques des intrus», lit-on dans l'ouvrage «Tbourida, Khayl wa khiyala»de l'auteur, créateur et designer, Darem Bouchentouf. Cet art est le récit vivant d'un passé pas très loin, encore et toujours ancré dans la mémoire des anciens, qu'ils partagent fort heureusement avec les jeunes générations, raconte Darem, fils d'un diplomate marocain et d'une mère jordano-palestinienne, dans son ouvrage exposé, aux côtés d'une dizaine de toiles, accrochées aux cimaises du Parc d'Expositions Mohammed VI d'El Jadida, à l'occasion la 8-ème édition du Salon du Cheval, organisée du 12 au 18 octobre courant, sous le Haut patronage de SM le Roi Mohammed VI. Comme dans le passé, écrit l'auteur, l'histoire de la «Tborida» se raconte souvent dans l'ombrage d'un «Wtaq»(tente de peau ou de poil de chèvre) ou se narrent les récits d'antan, autour d'un feu chauffant le «Berrade» (théière noircie, source de fragrance à la menthe fraîche). La «sorba», (troupe) de «Tborida», est composée de guerriers et à chaque famille, village ou tribu, son art de la guerre, sa stratégie, sa tenue, ses us et ses coutumes, explique l'artiste, précisant que la Tbourida est «un art équestre traditionnel qui en cache tant d'autres». Dans son ouvrage de 220 pages et plus de 300 photographies, l'auteur passe en revue l'histoire des tenues cousues à la main avec du fil d'or, des fusils, des «Serj» (selles traditionnelles), ou encore le «Baroud»', cette poudre noire si bruyante dont la recette traditionnelle se fait encore chez certaines «sorbas». En peu de mots et beaucoup de photographies, l'auteur partage, à travers cet ouvrage, un voyage dans le temps et l'espace et fait vivre, à travers ses clichés, les mêmes émotions qu'il a pu vivre lors des nombreuses représentations et compétitions de cet art spécifique du Royaume du Maroc. Né à Rome (Italie) en 1973, Darem Bouchentouf est un artiste qui baigne dans différentes cultures pendant ses premières 20 années entre Rome, Florence, Tunis, Amman et Jeddah. Enrichi de plusieurs expériences artistiques et culturelles, Darem s'installe au Maroc, en tout début du millénaire et se concentre sur le patrimoine marocain, en dédiant plusieurs expositions sur deux thématiques précisément, les portes anciennes des maisons des médinas du Maroc et les arts équestres traditionnels marocains'. L'artiste, marié et père de deux filles, Maya et Julia, a exposé ses œuvres d'art dans plusieurs galeries au Maroc, en Jordanie ou encore dans plusieurs pays en Europe.