Le directeur général de l'Observatoire d'Etudes Géopolitiques de Paris, Charles Saint-Prot a souligné, mardi, la nécessité pour la Commission européenne de faire «toute la lumière sur le détournement des aides humanitaires» qu'elle accorde aux populations de Tindouf. «Ce système de pillage systématique est bien connu des instances internationales, notamment de l'Union européenne qui est l'un des principaux donateurs», a rappelé l'expert français en géopolitique. Un rapport de l'Office européen de lutte antifraude (OLAF), rappelle-t-on, a révélé récemment l'existence de détournements massifs de l'aide européenne destinée aux séquestrés de Tindouf. Le document accablant de l'OLAF, souligne en effet que des quantités diverses de l'assistance financée par la Commission européenne sont détournées de leurs destinataires finaux depuis plusieurs années. L'organe européen précise que l'aide a été accordée sur la base de chiffres erronés, un recensement de la population n'ayant jamais été réalisé. En réalité, a commenté l'expert français, «ce scandale n'a pu perdurer qu'en profitant du laxisme voire pour certains de la complicité avec le régime algérien- dont font preuve plusieurs Etats membres de l'Union européenne et de l'ambiguité de la Commission de Bruxelles», soulignant que «le Parlement européen doit continuer d'inviter la Commission à réévaluer son aide et à l'adapter aux besoins réels des populations». Pour M. Saint Prot, «cela implique un strict contrôle sur l'attribution de l'aide et un recensement exact par le Haut-commissariat aux réfugiés du nombre de personnes vivant dans les camps sous le contrôle des autorités algériennes et de leurs supplétifs du polisario qui instrumentalisent la situation humanitaire à des fins politiques et pécuniaires». Et l'expert français d'insister que «la Commission européenne doit cesser son laxisme à l'égard des pratiques du régime algérien qui viole les droits humains des personnes retenues dans les camps de Tindouf et nourrit un confit artificiel contre l'unité nationale du Maroc». Le parlement européen, rappelle-t-on, inscrit cette question dans son agenda de la rentrée. Un député européen a confié, ce mardi, que le parlement européen relancera la Commission européenne à la rentrée au sujet du détournement de l'aide humanitaire destinée aux populations séquestrées à Tindouf. «Cette question figure à l'ordre du jour de la rentrée et nous allons continuer en tant qu'eurodéputés à interroger la Commission européenne pour qu'elle nous donne les résultats des contrôles qu'elle affirme avoir effectué concernant la distribution de l'aide humanitaire destinée aux populations de Tindouf», a souligné le député européen Gilles Pargneaux. «Nous exigeons de la part de la Commission européenne des actes concrets (...) et on demande qu'elle soit opérationnelle dans le contrôle», a-t-il ajouté.