La BERD (Banque Européenne pour la Reconstruction et le Développement) vient de rendre publique les résultats de son enquête réalisée auprès de plus de 6.500 chefs d'entreprises de la région MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord). Menée en collaboration avec la BEI (Banque Européenne d'Investissement) et la Banque mondiale, l'étude concerne surtout les quatre pays dans lesquels la BERD travaille actuellement dans la partie méridionale et orientale du bassin méditerranéen (SEMED), à savoir le Maroc, la Tunisie, l'Egypte et la Jordanie. L'étude démontre ainsi que la corruption, la concurrence du secteur de l'informel et le manque de formation de la main-d'œuvre sont les trois difficultés majeures auxquelles sont confrontées par les entreprises marocaines. L'étude démontre ainsi, pour ce qui est du Maroc, que la concurrence du secteur de l'informel est considérée, de l'avis des 47,3% des chefs d'entreprises interviewés, comme la principale contrainte au développement de l'activité économique au Maroc « Le secteur informel au Maroc représentait environ 40% du PIB en 2014. Ceux qui vivent dans les zones rurales, en particulier les jeunes et les femmes, rencontrent des difficultés à trouver un emploi dans le secteur formel, et sont donc relégués à travailler dans l informel. En outre, certaines petites entreprises préfèrent à opérer dans le secteur informel afin d'éviter les procédures bureaucratiques complexes et le paiement des taxes », explique l'étude. La corruption est le second obstacle le plus sévère rencontrée par les entreprises marocaines. « Comme dans d'autres pays du SEMED, la corruption est souvent utilisée pour faciliter ou accélérer les procédures administratives. 18,2% des chefs d'entreprises déclarent ainsi que, pour obtenir une licence d'importation, il faut donner des pots de vin. La troisième contrainte au développement du climat des affaires au Maroc est le manque de la formation de la main-d'œuvre qualifiée. « Bien que le gouvernement a réussi à augmenter le nombre des enfants inscrits dans les écoles primaires et secondaires, la qualité de cette éducation est à la traîne. Selon le Banque Africaine de Développement, environ 75% des étudiants suivent leurs études en sciences sociales, éducation et sciences humaines. Seulement environ 18% des étudiants suivent leurs études scientifique, technique et d'ingénierie à l'université - les champs qui offrent la plupart des emplois dans le secteur privé », affirme la BERD. Toujours selon ce rapport, le Maroc, est confronté, lui-aussi, à l'instar des autres pays de la région SEMED, à des problèmes d'insécurité dus à l'extension de l'extrémisme et aux répercussions que peuvent avoir les troubles régionaux et certains chocs extérieurs. Pour relancer l'économie de SEMED, le rapport de la BERD estime que les gouvernements des pays de la région sont, au lendemain de la crise financière mondiale et des soulèvements arabes, à la recherche de solutions permettant de relancer la croissance économique», peut-on lire dans le rapport de cette nouvelle étude. «L'une des voies possibles consiste à générer un environnement économique plus propice, à même de dynamiser la croissance en mettant en place des conditions plus concurrentielles et plus équitables pour toutes les entreprises».