Le Conseil d'administration de la Banque Africaine de Développement (BAD) vient d'approuver un prêt de 112,5 millions de dollars EU. Objectif : soutenir le programme d'appui à la compétitivité de l'économie marocaine (PACEM). « Le Maroc amorce un tournant important dans le processus de transformation de son économie. Pour impulser davantage cette transformation et libérer pleinement son potentiel de croissance, l'économie marocaine doit être plus compétitive. C'est dans cette perspective que s'inscrit le programme PACEM. Il viendra soutenir les réformes destinées à améliorer l'efficacité de l'investissement public et privé, afin d'en maximiser les effets sur la croissance, la transformation de l'économie et sur la création d'emplois », souligne la BAD dans un communiqué. Et d'ajouter que le programme aidera à amoindrir les contraintes qui freinent l'investissement, telles qu'identifiées dans une étude intitulée : Diagnostic de croissance du Maroc-Analyse des contraintes à une croissance large et inclusive », menée conjointement par le Maroc, la BAD avec le Millenium Challenge Corporation (MCC) américain. L'objectif de cette étude, faut-il le rappeler, était d'identifier clairement ce qui entrave l'investissement privé au Maroc ; et cibler les obstacles auxquels remédier en priorité, pour asseoir une économie forte et dynamique. Les trois paradoxes caractérisant l'économie marocaine Au préalable, l'étude souligne les trois paradoxes qui caractérisent l'économie du pays. Le premier est que son taux de croissance demeure en deçà de son potentiel, alors même que le Maroc peut se targuer d'afficher un taux d'investissement parmi les plus élevés au monde (31,7 % du PIB en 2012). Le second paradoxe est que la transformation structurelle de son économie reste lente, en dépit de cette performance à deux chiffres. Enfin le secteur privé souffre d'un manque de dynamisme et de PME ; or les PME sont source d'innovation dans nombre de pays. Pour remédier à ces faiblesses, l'étude recommande à ce que des réformes soient procédées au niveau, surtout, de deux contraintes : le micro-économique et le capital humain. S'agissant de la première contrainte, l'étude souligne que le système d'enseignement et de formation constitue, malgré les efforts fournis, « le maillon faible dans le développement de ce capital. Concernant la seconde contrainte, il s'agit d'un niveau micro-économique qui conjugue un système judiciaire lent, un système fiscal perçu comme peu lisible et relativement lourd, un foncier difficile d'accès et une réglementation du marché du travail contraignante. Il s'agit là des freins qu'il faut absolument supprimer. Sinon, la compétitivité de l'économie marocaine risque de se détériorer davantage. C'est pour cela que le PACEM a été mise en place par la BAD pour aider le Maroc à supprimer les contraintes qui pèsent sur l'investissement privé (celles relatives au droit des affaires par exemple), l'intégration du secteur informel, la promotion de l'entreprenariat et la facilitation des procédures. Deux lignes directrices majeures sont ainsi conçues par le PACEM. D'abord, encourager la mise en œuvre des réformes destinées à supprimer les contraintes qui pèsent sur l'investissement privé (celles relatives au droit des affaires par exemple), l'intégration du secteur informel, la promotion de l'entreprenariat et la facilitation des procédures. Ensuite, améliorer l'efficacité de l'investissement public, et ce, grâce à une meilleure gouvernance des entreprises et des établissements publics ; mettre en œuvre des budgets sectoriels basés sur des programmes qui soient assortis d'objectifs ; et améliorer la gestion de la commande publique. La BAD ajoute, par ailleurs, que le PACEM viendra consolider les acquis obtenus en matière de gouvernance de l'administration publique grâce aux précédents programmes d'appui menés au Maroc. Elle complète également les programmes d'appui aux réformes sectorielles, que la Banque a soutenus, en faveur notamment du secteur financier et du Plan Maroc Vert. Ainsi que les projets d'investissement dans les infrastructures, visant à réduire les coûts de production qui affectent le secteur privé et à renforcer la compétitivité de l'économie. La mise en œuvre des réformes convenues dans le cadre du PACEM bénéficiera d'une l'assistance technique ciblée, à l'instar de ce que celle-ci fait déjà dans le domaine des partenariats public-privé (PPP) au Maroc. Selon la BAD, la population marocaine profitera surement des retombées de ce programme, puisque celui-ci améliorera la compétitivité qui, à son tour favorisera la croissance et, partant, la création d'emplois. De leurs côtés, les PME marocaines pourront se libérer de certaines des contraintes qui entravent leur développement. Idem pour les investisseurs porteurs d'importants projets qui auront un cadre d'investissement et de négociations plus incitatif, ainsi qu'un système clair en matière de PPP. Sans oublier aussi les travailleurs œuvrant dans le secteur informel et des chômeurs, constitués en grande partie de femmes et de jeunes, puisque le nouveau système incitatif mis en place avec le statut d'auto-entrepreneur leur sera aussi avantageux.