L'Argentine, en quête de son premier titre depuis 1993, ne pouvait trouver meilleur symbole: pour la première fois depuis vingt-deux ans, elle est sortie victorieuse d'une séance de tir aux buts, vendredi face à la Colombie. Quatre ans après, Carlos Tevez et toute l'Argentine ont enfin oublié Santa Fe: «l'Apache» a envoyé l'Albiceleste en demi-finale en inscrivant son tir au but, décisif pour son équipe qui, incapable de concrétiser sa nette domination pendant les 90 minutes du temps réglementaire, a joué avec le feu au bout d'une séance de roulette russe étouffante. «C'est une belle histoire, on a toujours une seconde chance en football», a souri Tevez. Il y a quatre ans, il avait le mauvais rôle, celui de responsable de l'élimination de l'Argentine de «sa» Copa America face à l'Uruguay (1-1, 5 tab à 4) en quart de finale. Au moment de définir les cinq tireurs vendredi à Vina del Mar, Gerardo Martino prend la responsabilité de ne pas inclure Tevez, pourtant plus frais que ses coéquipiers car rentré en cours de jeu à la 72e minute. «Je ne pouvais pas lui demander cela après ce qu'il s'était passé lors de la dernière Copa», s'est justifié «Tata». Mais après les cinq premiers tireurs par équipe, l'Argentine et la Colombie sont encore dos à dos (4-4): les 6e tireurs, Juan Camilo Zuniga et Marcos Rojo, échouent, le 7e tireur colombien Jeison Murillo voit sa tentative détournée et Tevez se retrouve devant David Ospina, impressionnant jusque-là, mais ne tremble pas et envoie son équipe dans le dernier carré. «Heureusement qu'il était là. Grâce à Dieu, il l'a fait. Le football a cela de merveilleux qu'il est impossible de tout planifier», a philosophé Martino. Tevez, lui, s'est montré beaucoup moins lyrique: «Cette qualification n'est pas la mienne, ce n'est pas une revanche, car le passé appartient au passé. Cette qualification est celle d'une équipe qui a très bien joué et dont je suis très fier de faire partie», a souligné l'attaquant de la Juventus qui devrait retrouver son club-formateur de Boca Juniors. Reste que Tevez a non seulement lavé l'affront de la Copa America 2011, mais aussi balayé la «malédiction des tirs au but». Depuis son dernier titre, la Copa America 1993, conquis notamment en venant à bout aux tirs au but du Brésil en quart de finale (1-1, 6 tab à 5), l'Albiceleste a mordu la poussière à trois reprises dans la compétition-reine d'Amérique du Sud à cause des penalties. Lors de la Copa 1995, elle chute face au Brésil en quart de finale (2-2, 4 tab à 2). En 2004, au Pérou encore face à la «Seleçao» mais cette fois en finale, elle laisse échapper le titre après des tentatives ratées ou stoppées de D'Alessandro et Heinze (2-2, 4 tab à 2). Enfin il y a quatre ans, il y a eu le raté de Tevez face à l'Uruguay, futur lauréat de la Copa 2011. On pourrait aussi ajouter l'élimination en quart de finale du Mondial-2006 face au pays-hôte et grand spécialiste de l'exercice, l'Allemagne (1-1 a.p., 4 tab à 2). Débarrassée de cette «malédiction», l'Argentine, qui pourrait retrouver le Brésil pour une demi-finale royale le 30 juin - si la «Seleçao» élimine samedi le Paraguay -, peut rêver du titre. Son magicien, capitaine et buteur Lionel Messi a vite ramené ses coéquipiers sur terre: «C'est terrible cette incapacité à marquer, c'était pourtant notre meilleur match du tournoi», s'est-il inquiété.