Vingt-sept personnes, dont des touristes étrangers, ont été tuées vendredi lorsqu'un homme armé a ouvert le feu dans un hôtel de la station balnéaire de Sousse, le pire attentat de l'histoire récente de la Tunisie. ont été tuées dans une attaque terroriste ayant visé, vendredi à la mi-journée, un hôtel de Sousse, à 143 km au sud de Tunis, a déclaré le porte-parole du ministère de l'Intérieur Mohamed Ali Laroui. Cette attaque a visé l'hôtel Imperial Marhaba, qui se situe dans la zone touristique de Port el Kantaoui, aux abords de la ville de Sousse. rapportent la radio tunisienne et une source sécuritaire. Des hommes armés ont fait irruption sur la plage privée de l'hôtel avant d'ouvrir le feu sur les résidents, ont expliqué plusieurs médias. La même source a indiqué que des terroristes auraient essayé de pénétrer à l'hôtel Imperial Marhaba avec des Kalachnikov, sans y parvenir. Il s'en est suivi un échange de tirs entre les assaillants et les forces de l'ordre, qui ont encerclé les lieux. L'un des assaillants a été tué et trois autres terroristes sont actuellement pourchassés, ajoute-t-on. Les blessés ont été transportés vers des hôpitaux et cliniques de la région. L'hôtel est encerclé par les forces de police aidées par la Garde nationale et l'Armée. La zone a été totalement et rapidement quadrillée pour qu'aucun des assaillants ne puisse prendre la fuite. M. Laroui, qui s'exprimait sur la télévision nationale, a confirmé l'élimination d'un assaillant, sans donner de précision sur l'identité des victimes de cette opération, qui se poursuit toujours. En frappant dans la ville côtière de Sousse, emblème du tourisme tunisien, les groupes terroristes ont mis à exécution leurs menaces d'intensifier leurs opérations en Tunisie durant le mois de ramadan, comme ils ont pris l'habitude de le faire depuis trois ans. Les groupes extrémistes affichaient clairement leurs intentions de donner un coup d'accélérateur à leur activité en Tunisie, en s'attaquent notamment au secteur névralgique du tourisme, déjà mis à mal par l'attaque du musée Bardo au cœur de la capitale, le 18 mars dernier, qui a fait 24 morts (21 touristes, un agent des forces de l'ordre et deux terroristes). Peu avant l'avènement du ramadan, deux attaques meurtrières ont été menées le même jour au centre et au nord-ouest du pays. Un avant-goût des desseins des groupes extrémistes Quatre gendarmes ont trouvé la mort dans cette escalade, perçue par les observateurs comme un avant-goût des desseins des groupes extrémistes pour le mois sacré. Les institutions sécuritaire et militaire en Tunisie ont décidé, suite à ces deux attaques, de passer à la vitesse supérieure dans la coordination de leurs actions, après deux récentes attaques terroristes et les intentions attribuées aux groupes extrémistes d'intensifier leurs opérations. Depuis le début du mois de ramadan, il a été constaté un renforcement de la présence policière dans la capitale et un durcissement des mesures de sécurité autour des sites touristiques dans les autres villes, signe que les autorités prenaient très au sérieux les récentes menaces. L'attaque de Sousse s'inscrit dans la ligne de la stratégie suivie par les groupes terroristes au cours des dernières années, en faisant du ramadan un prétexte pour augmenter les actes de violence. Le 29 juillet 2013, qui correspondait au 19 ramadan 1434 de l'hégire, huit soldats avaient été sauvagement tués dans une embuscade au mont Chaâmbi, à la frontière avec l'Algérie, par un groupe lié à Al-Qaïda, qui inaugurait un cycle de violence et une guerre d'usure contre les troupes stationnées dans la région. Près d'une année plus tard, l'armée tunisienne allait subir, dans la même région, sa plus lourde perte depuis l'Indépendance, en 1956. A l'heure de la rupture du jeûne, pas moins de 14 militaires ont été froidement assassinés dans deux attaques à l'arme lourde contre des positions de l'armée. Un nouveau coup dur pour le secteur touristique Cette attaque frappe un pays qui voit monter la menace jihadiste depuis sa révolution en 2011 et survient près de trois mois après l'attaque sanglante contre le musée du Bardo à Tunis, qui avait déjà porté un coup dur au secteur vital du tourisme. Il intervient aussi le même jour que deux autres attaques liées à la mouvance jihadiste, l'une contre une mosquée chiite au Koweit, qui a fait au moins 13 morts et a été revendiquée par le groupe Etat islamique, et l'autre en France, où un homme est mort décapité. Selon le porte-parole du ministère tunisien de l'Intérieur, Mohamed Ali Aroui, un homme armé «s'est infiltré par l'arrière de l'hôtel et a ouvert le feu». Henda Chebbi, une responsable du ministère de la Santé, a dit à la radio Mosaïque FM que 12 personnes avaient également été hospitalisées «avec des blessures de gravité diverse». M. Aroui, d'après qui l'opération est encore en cours, n'a pas écarté que l'attaque ait été menée par plus d'une personne. «C'est une attaque terroriste contre l'hôtel. L'auteur de l'opération a été abattu mais (...) il pourrait y en avoir davantage. Qu'il y ait d'autres éléments avec lui, nous ne pouvons ni le confirmer ni l'infirmer» pour l'instant, a-t-il dit à la télévision nationale. La Tunisie disait craindre des attentats à l'approche de la saison touristique et avait annoncé des mesures sécuritaires accrues. Des menaces provenant de comptes sur les réseaux sociaux liés à la mouvance jihadiste avaient menacé de nouvelles attaques durant l'été. Cette nouvelle attaque survient un peu plus de trois mois après l'attentat sanglant contre le musée du Bardo à Tunis, revendiqué par l'EI. 21 touristes et un policier tunisien avaient péri dans cette attaque menée le 18 mars. Après cet attentat, le secteur stratégique du tourisme a enregistré en avril de très mauvais résultats, avec un recul sur un an de 25,7% du nombre de touristes et de 26,3% des recettes en devises. Le tourisme, qui représente environ 7% du PIB de la Tunisie et près de 400.000 emplois directs et indirects, était déjà très affecté par les crises politiques à répétition et l'essor de la mouvance jihadiste qui ont suivi la révolution de janvier 2011. La ministre du Tourisme, Salma Rekik avait annoncé en avril des «mesures exceptionnelles» pour renforcer la protection des sites et circuits ainsi que des contrôles dans les aéroports, les routes et tous les moyens de transport. La Tunisie, pionnière du Printemps arabe, a malgré les turbulences achevé sa transition avec des élections fin 2014, mais sa stabilité pourrait être menacée par l'essor de la menace jihadiste. Depuis la révolution de 2011, le pays fait face à l'essor d'une mouvance jihadiste, en particulier à la frontière avec l'Algérie où des heurts réguliers ont lieu entre hommes armés et militaires. Des dizaines de soldats et policiers ont été tués ces quatre dernières années dans des affrontements et des embuscades, la majorité dans la région du mont Chaambi (centre-ouest) où se trouve le principal maquis jihadiste en Tunisie.