Grâce aux organes, prélevés chez une jeune fille en état de mort encéphalique, admise à l'hôpital des enfants de Rabat, suite à un accident sur la voie publique, cinq opérations de greffes d'organes et de tissus, dont deux au profit de deux détenteurs de la carte RAMED, ont été réalisées, dans la dernière semaine d'avril dernier, aussi bien au CHU Ibn Sina de Rabat qu'au CHU Ibn Rochd de Casablanca. Il s'agit de la greffe du foie, de deux reins et de deux cornées au profit de cinq personnes différentes, choisies selon des critères médicaux bien définis. Dans les derniers jours du mois d'avril 2015, une jeune fille a été victime d'un accident sur la voie publique. Admise à l'hôpital des enfants de Rabat dans un état comateux, les équipes de réanimation pédiatriques ont tout fait pour la sauver, sans succès. L'état de mort encéphalique a été constatée, puis confirmée, selon les normes médicales reconnues sur le plan international, à savoir la réalisation d'examens spécifiques de pointe, en l'occurrence un doppler trans-cranien et un angio-scanner. Une nouvelle étape a alors commencé, véritable course contre la montre. En premier lieu, il fallait informer de l'existence d'un donneur potentiel d'organes et déclencher le processus d'information et de sensibilisation de la famille pour l'acceptation de faire don des organes de leur défunte fille. C'est le rôle de l'équipe de coordination du prélèvement et de don d'organes de l'hôpital. La signature des documents juridiques est indispensable dans pareilles circonstances. Aviser les tribunaux compétents également. Ensuite, il s'agissait de procéder à la régulation et coordination avec les autres hôpitaux ou autres centres hospitaliers, en dehors de Rabat. Obtenir l'accord de la famille, faire tous les examens nécessaires, de biologie et de compatibilité, alerter les équipes de prélèvements et celles qui vont faire la greffe : L'Equipe d'anesthésie réanimation pédiatrique polyvalente ainsi que l'équipe de chirurgie de l'hôpital des enfants de Rabat, l'équipe de Chirurgie (urologie et visceraliste) et de néphrologie de l'hôpital Ibn Sina, les équipes d'ophtalmologie de l'hôpital des spécialités de Rabat, les spécialistes d'immunologie, ainsi que les équipes infirmières, administratives et gestionnaires, toutes ces démarches ont été accomplis avec célérité. Le même schéma organisationnel est adopté dans ce laps de temps au CHU Ibn Rochd de Casablanca. Car si les cinq prélèvements ont été réalisés à l'hôpital des enfants du CHU Ibn Sina de Rabat, le foie a été greffé chez une femme, à l'hôpital Ibn Sina, ainsi qu'un des deux reins chez une autre femme, alors que les deux cornées et le deuxième rein, ont été greffés au CHU Ibn Rochd de Casablanca, chez trois autres personnes. Le transport vers Casablanca du rein et des deux cornées prélevés à Rabat, a été effectué, grâce au concours des ambulances médicalisées du SAMU 1 de Rabat. Entre 9h30 du matin, heure du constat du décès de la patiente et 18 h, l'heure de la réalisation des prélèvements, les équipes concernées ont effectué un véritable marathon. Les premières greffes ont été faites le lendemain. Il est important de préciser que le choix des personnes à greffer, obéit à un « scoring », classification médicale, avec des critères bien précis, qui sont gérés par un logiciel qui a fait ses preuves. Le 12 février 2015, le Centre hospitalier Ibn Sina, a lancé une campagne de sensibilisation au don d'organes. Le ministère de la santé, a organisé, de son côté, le 23 avril 2015, une journée de réflexion sur la promotion du don d'organes. Est-ce suffisant pour répondre aux besoins des marocains en organes à greffer ? Non! Car, aujourd'hui, des milliers de marocains décèdent chaque année, par manque d'organes à greffer.