Certes, les facteurs exogènes expliquent en partie les faibles performances des exportations halieutiques du Maroc vers l'Afrique. Néanmoins, d'autres facteurs propres aux politiques publiques marocaines sont, également, à l'origine de cette situation. La faiblesse des infrastructures et de la logistique liant le Maroc au reste des pays d'Afrique constitue un véritable frein au développement des échanges halieutiques maroco-africains et l'absence des accords de facilitation de transit viennent aggraver ces carences. En effet, vu les limites relevées précédemment concernant l'infrastructure routière en Afrique, le transport maritime devrait constituer le principal véhicule des exportations marocaines vers ces pays. Néanmoins, et à l'apposé de certains pays africains connectés via des lignes maritimes, ce type de transport n'est pas suffisamment exploité entre le Maroc et les pays d'Afrique. Affaiblissement du potentiel de production marocaine et forte concentration des exportations en termes de produits transformés Malgré de multiples actions de mises à niveau de la flotte côtière et artisanale marocaine, ses débarquements sont marqués par des pertes après captures importantes et une grande partie est destinée à l'industrie de la farine de poisson, affaiblissant ainsi le potentiel national de production de capture et ne permettant pas d'optimiser sa valorisation pour qu'elle soit exportée. Nécessité d'une stratégie commerciale mieux adaptée du Maroc vis-à-vis de l'Afrique En outre, l'étroitesse de l'éventail de produits halieutiques exportés par le Maroc sur l'Afrique (essentiellement conserves de pélagiques) limite, également, le commerce des produits halieutiques marocains sur ce continent. De plus, la surgélation, le filetage, la mise en conserves sont, en effet, les transformations les plus pratiquées par les industriels marocains. Néanmoins, on signale la quasi-absence de produits plus élaborés et stabilisés tels que les marinades et les plats-cuits à base de poisson qui peuvent répondre aux besoins des populations africaines et être transportés dans les conditions de logistique actuelles sans que leur qualité ne soit altérée. Il est certain que des actions de promotion des exportations marocaines sur l'Afrique ont été engagées, portées, notamment, par la caravane Maroc Export. Mais, à ce jour, l'impératif de disposer d'une stratégie commerciale nationale intégrée et cohérente visant les marchés potentiels de ce continent s'impose plus que jamais. En effet, les opérateurs nationaux devraient être mieux informés sur les potentialités commerciales que recèlent les pays d'Afrique et sur les caractéristiques spécifiques de leur demande en produits halieutiques. Dans ce sens, il est nécessaire de mener des études et des campagnes de communication à même d'analyser et d'identifier les marchés africains potentiels, les produits halieutiques recherchés par ces marchés, les exigences demandées en matière de qualité, de normes et de régularité à respecter, et ce en prenant en compte les possibilités de la production nationale. Sur un autre volet, il parait opportun de renforcer l'intégration intra-sectorielle des exportateurs marocains des produits halieutiques vers les pays de l'Afrique. Ces opérateurs continuent, en effet, d'agir individuellement, ce qui se traduit par une forte fragmentation des exportations, induisant des coûts élevés. Enfin, il existe un réel besoin de renforcement des mécanismes financiers de couverture des risques encourus par les opérateurs, notamment, face ˆ l'incertitude et l'instabilité caractérisant certains pays africains. L'étude a permis de révéler le fort potentiel dont jouissent les exportations marocaines des produits halieutiques sur le marché africain qui recèle d'importantes capacités de développement non encore exploitées. En effet, le croisement entre le rythme de croissance et la valeur des importations des produits halieutiques de ce continent sur les cinq dernières années, révèle une demande africaine de plus en plus accrue pour la majorité des produits étudiés, avec en tête, les conserves de poissons (TCAM de 22% pour les conserves, 21% pour les crustacées et mollusques et 9% pour le frais). Or, les échanges commerciaux des produits halieutiques entre le Maroc et l'Afrique représentent à peine 15%, en moyenne sur la période 2008-2012 de la valeur globale des exportations marocaines en ces produits. De plus, les exportations vers cette destination restent, fortement, dispersées entre la quasi-totalité des pays de l'Afrique, avec des parts très limitées pour l'ensemble et une progression qui ne semble pas suivre la forte dynamique constatée au niveau des marchés. A l'opposé, d'autres pays (Chine, Vietnam, Thaïlande...) ont renforcé leur positionnement sur le continent et s'accaparent des parts de plus en plus importantes de la demande africaine en produits de la mer.