L'économie marocaine a réalisé des progrès significatifs, mais fait face à de nombreux défis, relatifs notamment au capital humain et aux risques micro-économiques, relève le rapport "Diagnostic de croissance: Analyse des contraintes à une croissance large et inclusive au Maroc", réalisé par la Banque africaine de développement (BAD), à la demande du Royaume du Maroc et en collaboration avec le Millenium Challenge Corporation (MCC). "Bien que le Maroc affiche des taux d'investissement parmi les plus élevé au monde (31,7 pc du PIB en 2012), le taux de croissance reste inférieur à celui attendu et reste soutenu par les consommations privée et publique", note cette analyse, qui s'est basée sur une méthodologie ne tenant pas compte des dynamiques récentes de l'économie marocaine et des réformes structurelles en cours, dans la mesure où elle se fonde sur l'analyse des données historiques du pays (20 ans ou plus) et la comparaison de ses performances par rapport à celles d'un groupe de pays. Cette méthodologie présente toutefois l'avantage d'identifier clairement les contraintes majeures à la promotion de l'investissement privé et de mettre l'accent sur les obstacles à surmonter en priorité dans le cadre d'une stratégie de développement plus efficace sur les moyen et long terme, selon le rapport, présenté mercredi à Rabat, en présence du chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane. Selon ce rapport, qui a focalisé sur les contraintes à une croissance large et inclusive de l'économie marocaine, "le secteur privé est faiblement dynamique et manque d'entreprises de petite et moyenne taille" et le système d'enseignement et de formation du Maroc constitue "le maillon faible" dans le développement de son capital humain. Les taux de scolarisation dans le secondaire et le supérieur restent faibles, malgré les énormes efforts entrepris par le gouvernement, souligne le rapport de la BAD, qui estime que cette situation "impacte négativement le développement des secteurs dépendant de main d'œuvre qualifiée qui ont vu leurs valeurs ajoutées diminuer". Le rapport note, par ailleurs, que l'accès au foncier agricole et industriel, de plus en plus difficile, constitue une contrainte majeure au développement de l'investissement privé au Maroc, expliquant ce constat par la complexité du statut foncier et la diversité des règles de gestion des terrains. Il note également que "le système fiscal ne permet pas une allocation efficiente des investissements, en dépit des efforts accomplis dans le sens de sa simplification et de la mise en place d'un système équitable, lisible et cohérent". Ce Diagnostic de croissance fait état de défaillances du marché en matière d'innovation et de coordination, ajoutant que "le niveau de sophistication des exportations marocaines est faible compte tenu de son niveau de revenu par tête et les résultats en termes de transformation structurelle". Partant des résultats de cette étude, et sur la base des propositions faites par le gouvernement et des discussions qui s'en suivies avec MCC, ainsi que la volonté commune de concentrer le second compact (2016-2021) autour d'un nombre limité de projets, les deux patries travaillent sur le développement de deux programmes, à savoir "l'amélioration de la qualité du capital humain" et "l'amélioration de la gouvernance et de la productivité du foncier". Les résultats de cette analyse sont par ailleurs intégrés dans la stratégie d'intervention de la BAD au Maroc pour permettre à l'institution de mieux cibler les investissements et les assistances techniques et d'appuyer le processus de réformes dans les domaines prioritaires identifiés par le diagnostic. Intervenant à cette occasion, le Chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane, a mis en relief les réformes structurelles engagées par le Royaume, visant le rétablissement des équilibres macroéconomiques, l'amélioration de la compétitivité économique et le renforcement de la cohésion sociale. Pour sa part, l'ambassadeur des Etats-Unis au Maroc, M. Dwight L. Bush, a réitéré l'engagement de son pays à soutenir les initiatives engagées par le Maroc, visant à booster l'emploi, à améliorer la croissance et à accélérer le développement tirée par le secteur privé. Le président de la BAD, Donald kaberuka, a salué de son côté les performances socio-économiques dont a fait preuve le Maroc au cours de ces dernières années, malgré la crise internationale, relevant les défis auxquels fait face le Royaume, relatifs notamment à la qualité de l'enseignement, l'amélioration du climat des affaires et la stabilité des politiques économiques et financières. "Le Maroc doit chercher des leviers de croissance non seulement sur le marché intérieur, mais également sur le marché régional africain et mondial", a souligné le président de la BAD. La réalisation du rapport de la BAD a fait l'objet d'un processus consultatif intense avec l'ensemble des ministères, le secteur privé, le monde académique et la société civile. Ainsi, plusieurs ateliers mobilisant plus de 200 participants ont été organisés dans ce cadre.