L'Observatoire National du Développement Humain a organisé, mercredi 4 février à Rabat, un séminaire pour présenter les premiers résultats de la Vague -1 de l'enquête Panel des ménages, réalisée en 2012 auprès de 8000 ménages et leurs membres. L'objectif étant de mesurer l'évolution des principales dimensions du développement humain, d'effectuer des analyses concernant les situations de développement humain et les facteurs déterminants mais aussi d'étudier la dynamique de la pauvreté au Maroc. Cette enquête a cerné plusieurs domaines dont l'éducation, la santé, le logement, les dépenses des ménages... . Côté féminin, l'enquête a montré que la proportion des ménages dont le chef est une femme est de 15,3% au niveau national, 18,5% dans les villes et 9,5% dans les campagnes. La proportion des personnes âgées de 10 ans et plus qui ne se sont jamais mariées est légèrement moins élevée en milieu rural par rapport au milieu urbain et parmi les femmes par rapport aux hommes. Les femmes enregistrent des proportions de divorcées et de veuves plus élevées que les hommes. L'âge moyen au premier mariage des non célibataires est de 23,2 ans au niveau national. Il s'agit de l'âge au premier mariage déclaré par la personne concernée. On constate une différence de 1,8 an entre le milieu urbain et le milieu rural et une différence entre les hommes et les femmes d'un peu plus de 6 ans au niveau national, de 6,6 ans en milieu urbain et de 5,8 ans en milieu rural. Un autre constat, c'est que l'âge au premier mariage augmente avec le niveau scolaire de l'individu. Il passe de 21,5 ans (25,1 pour les hommes et 19,5 pour les femmes) chez les personnes qui n'ont aucun niveau scolaire à 28,6 ans (30,1 pour les hommes et 26 pour les femmes) chez celles qui ont atteint le niveau supérieur. Mais si les trois quarts des urbains sont alphabétisés, les ruraux ne le sont qu'à moitié. De même, le taux d'alphabétisation des hommes est de 75,4% tandis que celui des femmes est de 55,8%. Le phénomène touche tout particulièrement les femmes du milieu rural Côté scolarisation, d'importantes disparités existent entre le milieu urbain et le milieu rural, entre les hommes et les femmes et selon le niveau de vie. Environ un quart des personnes de sexe masculin n'ont aucun niveau scolaire, contre 41,8% des personnes de sexe féminin. En milieu urbain, cette proportion est presque doublée chez les personnes de sexe féminin, mais il est à noter que la proportion des personnes qui ont atteint le niveau supérieur est 12,1% chez les hommes et 9,3% chez les femmes. Ceci reflète une discrimination moindre entre les sexes à ce niveau. En revanche, en milieu rural, presque 6 personnes de sexe féminin sur dix n'ont aucun niveau scolaire. Tandis que 1,6% seulement de tous les ruraux (hommes et femmes) ont atteint le niveau supérieur. La proportion des « sans niveau scolaire » passe de 43,5% parmi les ménages les moins aisés à 18,5% parmi les plus aisés. On peut noter également qu'au niveau national, une forte discrimination semble exister entre les filles et les garçons même lorsque le chef du ménage est instruit (niveau du lycée ou du supérieur). En effet, la proportion des sans niveau scolaire y est estimée à 14,1% parmi les filles contre 2,5% seulement parmi les garçons. On peut noter également que 57,6% des personnes dont le chef de ménage a atteint le niveau du lycée ou plus atteignent, elles aussi, le lycée ou plus (69% pour les hommes contre 45,9% pour les femmes). Diplôme obtenu La répartition de la population selon le diplôme le plus élevé obtenu n'est pas satisfaisante. En effet, 68,1% des personnes âgées de 10 ans et plus n'ont aucun diplôme. Cette part est trop importante en milieu rural (84,9%). Dans les rangs féminins, presque neuf femmes rurales sur dix n'ont aucun diplôme Taux net de scolarisation des enfants Selon le niveau scolaire du chef de ménage, la proportion des enfants inscrits au préscolaire passe de 35%, lorsque le chef du ménage n'a aucun niveau scolaire, à environ 74% lorsqu'il a le niveau du lycée ou plus. En milieu rural, seuls 19% des enfants de cet âge (14% des filles et 23% des garçons) sont au préscolaire quand le chef de ménage n'a aucun niveau scolaire. En plus, les enfants du milieu rural n'arrivent pas encore à suivre l'enseignement collégial, vraisemblablement à cause de l'éloignement. En effet, dans nos campagnes, deux enfants de 12-14 ans sur cinq ne fréquentent pas le collège. Cette inégalité est encore plus marquée entre les filles et les garçons, puisqu'une fille rurale sur deux, de cet âge, n'est pas scolarisée. Même lorsqu'on considère l'enseignement secondaire (collège et lycée) dans son ensemble, on constate que le taux de scolarisation au secondaire est de 85,3% dans les villes, contre 46,4% dans les campagnes et de 73,7% pour les garçons contre 65,6% pour les filles. Taux de déperdition scolaire Un résultat non moins important est qu'il n'y a pas de discrimination entre les garçons et les filles à ce niveau, à l'échelle nationale. Toutefois, il semble qu'une certaine discrimination existe contre les filles en milieu urbain, puisque ce taux de déperdition est de 0,60% pour les garçons et 0,82% pour les filles. Par contre, en milieu rural, la discrimination est plutôt contre les garçons car le taux de déperdition est de 1,49% pour eux et de 1,20% pour les filles. Signalons que le taux de scolarisation au primaire, en milieu rural, est légèrement en faveur des filles (92,0% contre 91,3% pour les garçons). Taux de déperdition scolaire au collège Le taux de déperdition scolaire devient plus important lorsque l'enfant passe du primaire au collège. En effet, 3,68% des enfants de 12-14 ans qui ont commencé l'enseignement au collège ont arrêté avant de l'achever. Ce taux est évidemment bien plus élevé en milieu rural où il atteint 8,33% (7% pour les garçons et 10,2% pour les filles). Le message le plus important ici reste le fait que la déperdition scolaire augmente brusquement lors du passage du primaire au collège et que ce phénomène touche surtout les enfants du milieu rural, où ce taux de déperdition est de 8,33% (et pour les filles, il atteint 10,20%) contre 1,71% en milieu urbain. Taux de déperdition scolaire au lycée En conclusion de cette section, une comparaison des taux de déperdition entre les cycles d'enseignement et par milieu de résidence paraît utile. Elle permet de constater que le collège marque actuellement le niveau de rupture des études le plus critique, avec un taux de 3,7%, contre 1,8% au lycée et seulement 1% au niveau du primaire. Le problème vient, comme indiqué, de la situation critique en milieu rural (avec un taux de déperdition au collège de 8,3%, et de 10,2% même pour les filles). Si l'on considère l'ensemble du secondaire (collège et lycée), on trouve un taux de déperdition de 10,3% au niveau national et de 20% en milieu rural. Ici, le taux de déperdition est plus élevé parmi les filles que parmi les garçons. Pour les filles rurales, il est de 24% contre 17,1% pour les garçons.