Lancée officiellement le 15 octobre 2014, l'actuelle campagne agricole est assortie d'un certain nombre de mesures visant à assurer son lancement et son déroulement dans de bonnes conditions. Des mesures, visant à consolider la nouvelle stratégie agricole, déclinées sous l'intitulé Plan Maroc Vert, et portant aussi sur les différents aspects afférents aux activités agricoles des différentes filières dont le financement, les aides, les subventions, l'approvisionnement en intrants agricoles, l'assurance agricole ainsi que la valorisation de la production et sa commercialisation. En termes d'intrants agricoles, la promesse fut donnée en vue d'assurer la disponibilité de 1,9 million de tonnes de semences sélectionnées et de consacrer une superficie de 70.000 hectares pour augmenter le volume des semences de céréales en vue de produire un volume de 2.5 millions quintaux au titre de la prochaine campagne. Et ce, en plus de l'ambition d'assurer au marché des quantités suffisantes d'engrais (1,23 million de tonnes). Parallèlement, le département de tutelle promet de continuer l'effort déjà consenti pour ce qui est de l'économie des eaux en irrigation, d'augmenter les subventions consacrées aux betteraves à sucre mono germes (de 700 à 800 dirhams) et de poursuivre le programme d'assurances multirisques. A ce titre, le montant des subventions directes à accorder aux agriculteurs, au titre de la campagne agricole 2014-2015, serait de l'ordre de 2,7 milliards de dirhams. Pour rappel, le Crédit Agricole a consacré 25 milliards de dirhams pour accompagner le Plan Maroc Vert, le programme de financement des agriculteurs a pu débloquer, à ce titre, plus de 1.500 millions de dirhams sous forme de crédits destinés aux petits agriculteurs (20.000 bénéficiaires). A ses débuts, l'actuelle campagne agricole était menacée par le spectre de la sécheresse. Au mois de septembre, les réserves en eau des barrages accusaient déjà une baisse qualifiée d'inquiétante et assortie d'énormes disparités régionales. Pour rappel, la campagne précédente avait enregistré une pluviométrie en deçà de 25% par rapport à la moyenne nationale. Cette insuffisance est passée à plus de 50% dans certaines régions, celles du Sud notamment. La majorité des fellahs attendaient alors les éventuelles précipitations des mois à venir pour mieux juger des conditions de déroulement de la campagne en cours. Outre le niveau des réserves en eau des barrages déjà impactés par le phénomène de l'envasement, un déficit a été observé aussi au niveau de la nappe phréatique. Le débit des puits a baissé dans plusieurs zones. De l'avis de certains spécialistes, les prémices d'un scenario catastrophe – sécheresse - était à prendre sérieusement en considération. Toujours est-il que, par la suite, les choses vont évoluer autrement. Si ce n'est dans le sens contraire. Suite aux dernières précipitations exceptionnelles qui se sont abattues sur l'ensemble du pays, le taux de remplissage global des grands barrages s'est nettement amélioré passant de 53,8% à 58% du 20 au 25 novembre 2014, soit une réserve d'eau d'environ 9 milliards de m3. Aujourd'hui, avec des réserves situées à plus de 10,761 milliards de m3, ce taux se situe à 68,7% contre 64,9% une année auparavant. Accompagnées de crues, ces précipitations ont généré des apports considérables en eau. Dans de nombreux barrages, le taux de remplissage est à 100%. Au ministère délégué chargé de l'Eau, on précise que cette situation hydro-pluviométrique a contribué à la reconstitution des stocks des eaux superficielles et souterraines et permettra de satisfaire les besoins en eau potable des villes et des centres alimentés à partir des retenues de barrages et de réaliser des turbinages exclusifs au niveau des barrages qui enregistrent des niveaux de remplissage élevés, pour la production de l'énergie hydroélectrique. Ceci pour le côté énergie. Côté agriculture, et en attendant l'évaluation des dégâts causés par les dernières pluies aux filières et ouvrages agricoles, le département de l'Agriculture évoque de bonnes perspectives agricoles. Et pour cause, le cumul pluviométrique moyen national se situe en hausse de 76% par rapport à une année normale. Aussi, précise-t-on de même source que « les pluies enregistrées lors des dernières semaines auront un effet très positif sur le déroulement de l'actuelle campagne agricole et le cumul pluviométrique moyen national enregistré, au 2 Décembre 2014 à 6h, s›établit à 186,4 mm, soit une hausse de 76% par rapport à une année normale (105,8 mm) et de 142% par rapport à la campagne précédente (77,1 mm) à la même date ». Et d'ajouter que pour les cultures de printemps, « les conditions climatiques sont particulièrement favorables pour les semis précoces et créent un contexte idéal pour l'accélération de l'installation des céréales semi tardives. Les cultures fourragères bénéficient également des dernières précipitations, notamment dans les zones irriguées garantissant une augmentation de la production fourragère et des disponibilités alimentaires pour le cheptel. Enfin, les cultures industrielles comme la betterave à sucre seront également favorablement impactées». A aujourd›hui et en chiffres, « les travaux du sol ont atteint 3,7MHa (+30% par rapport à la campagne 2013/2014) et la superficie emblavée s›établit à 3,1MHa dont 2,7MHa en céréales (+73%). Enfin, sur 1,8 MQx de semences certifiées disponibles, 1,1 MQx ont déjà été commercialisées ». Par grandes zones, ajoute la même source, ce sont les régions du Sud qui ont connu le cumul pluviométrique le plus important. A ce titre, la région du Souss a atteint un niveau pluviométrique inédit au point que, rien qu›avec ces dernières pluies, le niveau enregistré dépasse la moyenne de cumul pluviométrique de toute une campagne normale avec 253 mm. Ce qui fait que l'impact sur les parcours peut être qualifié d›exceptionnel, notamment pour un périmètre qui, toujours selon le département de l'Agriculture, a connu trois années consécutives de déficit hydrique. Par ailleurs, précise-t-on de même source, « le taux de remplissage des barrages à usage agricole a atteint 100% à Ouarzazate et les palmeraies auront ainsi à bénéficier d›une irrigation en profondeur, ce qui annonce de bonnes perspectives de démarrage de la campagne 2015/16. D'autant plus que ces pluies ont permis aussi, à travers l'effet d'essuyage, d'améliorer l'état sanitaire de la palmeraie et de générer ainsi des économies pour le traitement des arbres ». Toujours est-il que sur les dégâts causés par l'effet cumulé des dernières précipitations, le département de l'Agriculture ne s'étale pas trop et se contente de les qualifier de « limités » au niveau de quelques périmètres situés dans le Sud. Avec toutefois une certaine nuance qui en dit long sur la manière de communiquer du département de l'Agriculture: l'impact des dernières précipitations sur les filières et ouvrages agricoles touchés restent toujours en cours d'évaluation en raison des difficultés d›accès sur le terrain à certaines de ces zones.