Avec la mondialisation, et les différents enjeux économiques et géopolitiques que connaissent toutes les régions du monde, l'entreprise se retrouve au cœur de plusieurs problématiques et de diverses interactions : lieu d'implantation, tissu d'entreprises environnantes, proximité d'universités, état du marché, normes, politique, etc. La concurrence plus rude, et internationale, entraîne la nécessité de se tenir au courant des mouvements des concurrents, des caractéristiques des fournisseurs (benchmarking ou veille concurrentielle), de l'évolution des technologies (veille technologique, principalement autour des brevets). Ces données sont en évolution constante, il est nécessaire d'évaluer les tendances et repérer les indices de changements afin de pouvoir anticiper et rester innovant. Cette problématique constitue le nerf d'une guerre d'un genre nouveau, la guerre économique. C'est pour cette raison que la «veille» se caractérise par un vocabulaire souvent guerrier : «se protéger», «surveiller les mouvements», «observer l'environnement»; qui dénote de l'importance de la veille dans les secteurs de la défense et de l'aéronautique ou elle s'est développée avant d'investir le champ des entreprises, d'abord dans le cadre d'une internationalisation pour des entreprises importantes et, de plus en plus généralement, dans les PME. Les entreprises innovantes même très petites, ont d'emblée eu besoin de la veille à cause de leur positionnement « à la pointe », de leur secteur. Utilisée massivement durant les vingt dernières années, depuis la chute de l'URSS, la notion de guerre économique fait pourtant débat. Si elle est souvent galvaudée par les journalistes, de nombreux universitaires lui reprochent son manque de fondement théorique et son imprécision. Paul Krugman, Prix Nobel d'économie, y voit même un concept illusoire et dangereux, fondé sur l'obsession de «compétitivité nationale» d'une pensée en mal de sensations. Dans ce débat essentiellement sémantique, d'autres soulignent toutefois la réalité de la réflexion sur la guerre économique. De nombreux centres de recherche et d'enseignement travaillent ainsi, à travers le monde, sur cette thématique. C'est le cas à Washington, Moscou, Singapour ou encore Paris ... Considérée comme abstraite, au Maroc la notion de guerre économique est en phase de devenir incontournable pour nos entreprises nationales, d'autant plus pour celles qui développent une ambition d'internationalisation, notamment en Afrique subsaharienne. L'intelligence économique en tant qu'outil de collecte et de stockage de données, n'est pas le seul outil à utiliser pour mener la guerre économique, à ce titre, le lobbying permet de faire pression ou d'influencer les décideurs. Il peut être mené par actions directes, par des interventions, ou indirect par la création de sites web, de revues, d'articles orientés dans les journaux, de publicité, et par la communication stratégique sous toutes ses formes, tous moyens destinés à influencer les mentalités à un niveau collectif. La meilleure illustration de cette pratique reste le travail entrepris par Edward Bernays aux Etats Unis. Dans un autre registre, les normes et les standards en général (normes de sécurité, normes pour les systèmes d'informations...etc.) peuvent permettre d'atteindre certains objectifs économiques, comme la protection contre la concurrence étrangère, ou l'imposition des produits nationaux à un pays tiers. Finalement, la guerre de l'information est le point commun de la plupart des méthodes employées aujourd'hui (lobbying, normes, influence sociale, ...) pour acquérir une supériorité économique en jouant sur le facteur culturel, ce qui s'appel depuis quelques années, Soft Power. Reste à rappeler que chez nous, la notion d'intelligence économique n'est pas tout à fait nouvelle. Mais elle était jusque là peu ou pas utilisée pour des raisons de maturité de marché. Aujourd'hui nous assistons à la mise en place d'une stratégie de « surgissement » de l'économie marocaine dans l'espace économique africain, cette stratégie ne peut réussir que grâce à un accompagnement des entreprises marocaines dans leurs stratégies de conquête et l'émergence d'un nouveau type d'entrepreneur marocain, plus agressif au niveau international, sachant «...surveiller comme les chinois, analyser comme les français, partager comme les arabes et agir comme les américains...», comme l'explique Mr Abdelmalek Alaoui, Président de l'AMIE (Association Marocaine d'Intelligence Économique).