Si les exportations marocaines de phosphates n'ont pas été épargnées par la baisse des prix des matières premières, une croissance générale est attendue pour les années à venir. Et ce, pour deux principales raisons : rétablissement attendu du marché mondial d'ici 2016, et les projets lancés actuellement par l'Office Chérifien des Phosphates (OCP) pour accroître la production. « L'OCP poursuit son programme d'investissement doté de 145 milliards de dirhams (13,05 milliards d'euros), ce qui devrait lui permettre d'augmenter sa capacité de production et de réduire ses coûts, s'assurant ainsi un bon positionnement en vue de la reprise du marché», souligne Oxford Business Group (OBG) dans une note publiée mercredi, 8 octobre, intitulée : « Vers une hausse de la production de phosphates au Maroc». L'OCP, qui compte à son actif quatre sites miniers et deux usines de transformation, vise un doublement de ses capacités annuelles de production de phosphates entre 2007 et 2017 grâce au développement de ses mines actuelles et au lancement de nouvelles mines, avec une attention particulière accordée à l'amélioration des activités en aval. Les investissements de l'OCP seront en partie consacrés à la construction d'une laverie à Merah, d'un pipeline de 235 km entre Khourigba et le site du groupe à Jorf, ainsi qu'à l'ouverture de trois nouvelles mines à Khourigba, ce qui portera la production du site de 18,5 millions de tonnes à 38 millions de tonnes d'ici 2020. OBG, un cabinet d'intelligence économique basé à Londres, note, aussi, que la hausse des ventes de produits finis tels que les engrais pourrait également apporter une bouffée d'oxygène dans ce climat de crise des matières premières. Selon les projections de l'OCP, les exportations d'engrais de l'OCP devraient atteindre 2,5 millions de tonnes en 2014, contre 2,3 millions de tonnes en 2013. En mai, l'entreprise a signé un contrat avec le producteur nord-américain de potasse PotashCorp visant à offrir à l'OCP un cadre lui permettant de vendre ses produits finis phosphatés secs aux États-Unis et au Canada. Avec l'acquisition au mois de juin d'une participation de 10% dans le capital du producteur d'engrais brésilien Fertilizantes Heringer pour la somme de 65 millions de dollars, l'OCP possède désormais un fournisseur et un point d'ancrage commercial en Amérique du Sud. L'OCP œuvre également au développement de sa production et de ses réseaux commerciaux en Afrique, où les taux d'utilisation d'engrais sont parmi les plus faibles au monde. Au cours des cinq dernières années, plusieurs Etats africains ont lancé des campagnes de valorisation de leur production agricole, ce qui devrait entraîner, à l'avenir, une multiplication de la demande d'engrais. Selon l'OCP, les exportations d'engrais vers l'Afrique ont atteint 315.000 tonnes au premier semestre 2014, contre 164.000 tonnes sur la même période l'an dernier, soit près du double. Lors d'une récente tournée en Afrique de l'Ouest et en Afrique Centrale, l'OCP a dévoilé plusieurs engagements de taille sur les marchés africains qui devraient lui ouvrir de nouveaux marchés d'exportation. En février, S.M. le Roi Mohammed VI a annoncé que l'OCP allait mettre sur pied une nouvelle unité de production d'engrais dans son usine de Jorf Lasfar : d'un coût de 600 millions de dollars, elle sera entièrement dédiée à la vente sur le continent africain. L'unité, qui devrait être opérationnelle d'ici fin 2014, disposera d'une capacité de production d'1 million de tonnes par an. Le groupe a également conclu un accord de partenariat avec les Gabonais de la Société Équatoriale des Mines (SEM) au mois de mars en vue de la mise en place d'un projet conjoint dans le domaine des engrais chimiques qui comportera notamment deux unités de production dans chaque pays, pour un investissement total de 2 milliards de dollars. Ce programme de développement intervient dans un contexte difficile pour les marchés mondiaux. L'OCP, qui compte parmi les trois premiers exportateurs de phosphates au monde, affiche au premier semestre 2014 une baisse de 3,6% de son chiffre d'affaires en glissement annuel, qui atteint 23, 1 milliards de dirhams (2,98 milliards d'euros) et une chute de 17,8% de son bénéfice net, qui s'établit à 3,02 milliards de dirhams (270 millions d'euros). Ces résultats confirment bien que la contraction des prix des matières premières à l'échelle mondiale qui a débuté il y a deux ans continue de fortement impacter le secteur. Le cours du phosphate brut était au plus bas en septembre, à 110 dollars la tonne, contre 145 dollars en 2013 et 185 dollars en 2012. Selon OBG, la chute des recettes d'exportations aura des conséquences sur les rentrées de devises étrangères du Royaume. Les exportations de phosphates ont rapporté au Maroc 17,55 milliards de dirhams (1,58 milliard d'euros) au premier semestre 2014, accusant une chute de 12,1%.