Plus de 700 millions de femmes dans le monde ont été mariées alors qu'elles étaient enfants, a dénoncé l'Unicef qui organise à Londres une conférence sur la lutte contre les mariages forcés et l'excision. Baptisée «Girl Summit 2014», cette conférence internationale coorganisée avec le Premier ministre britannique David Cameron, est la première du genre, selon le Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef). Elle vise à rallier des soutiens à travers le monde afin de mettre un terme aux mariages forcés et à l'excision, qui touche plus de 130 millions de femmes et de fillettes dans le monde. «Notre objectif est d'interdire les mutilations génitales et les mariages forcés partout et pour tout le monde» et de le faire pour «la génération actuelle», a déclaré David Cameron lors de la conférence. Selon de nouveaux chiffres de l'organisation onusienne, parmi les 700 millions de femmes victimes de mariage forcé, plus d'une sur trois (250 millions) ont été mariées alors qu'elles n'avaient pas 15 ans. Près de la moitié des mariages forcés ont eu lieu en Asie du sud, selon le rapport, essentiellement en Inde (33%). «Nous ne devons pas suivre des traditions qui vont à l'encontre des droits de l'Homme», a déclaré la jeune Pakistanaise Malala Yousafzai, qui milite pour l'éducation dans le monde après avoir échappé à une tentative d'assassinat des talibans. Concernant les mutilations génitales particulièrement pratiquées dans 29 pays d'Afrique et du Moyen-Orient --elles touchent 91% des femmes âgées de 15 à 49 ans. En Egypte, l'Unicef note une amélioration de la situation, affirmant que le risque pour une adolescente de subir une excision s'est réduit d'un tiers en 30 ans. «Mais sans des actions immédiates beaucoup plus intenses et soutenues de la part de tous les acteurs de la société, des centaines de millions de filles vont continuer à subir des blessures profondes, permanentes et tout à fait inutiles», a mis en garde l'Unicef. «Si ces problèmes sont mondiaux, les solutions doivent être locales, portées par les communautés, les familles et les filles elles-mêmes pour changer les états d'esprit et briser les cycles qui perpétuent les excisions et les mariages forcés», a déclaré le directeur général de l'Unicef, Anthony Lake. Le Premier ministre britannique a annoncé une nouvelle législation afin de poursuivre au Royaume-Uni les parents qui n'empêchent pas leur fille d'être excisée. Il a également annoncé la création d'un fonds pour les victimes et les femmes à risque, doté de 1,4 million de livres (1.8 millions d'euros), dans le cadre d'un programme de prévention des excisions. Début juillet, un rapport du Parlement britannique avait qualifié de «scandale national» l'échec des autorités britanniques à lutter contre l'excision qui concerne au Royaume-Uni 170.000 femmes. Les mutilations génitales féminines impliquent toutes les interventions consistant à enlever totalement ou partiellement les organes génitaux externes de la femme pour des raisons culturelles ou religieuses. Elles peuvent provoquer de graves hémorragies et des problèmes urinaires, et par la suite des kystes, des infections, la stérilité, des complications lors de l'accouchement.