Si l'on se base sur leurs trajectoires migratoires, la majorité, soit 82% des immigrés revenus qui ont été interviewés dans l'étude ETF (2013) ont déclaré qu'ils ont émigré une seule fois. 32% de ces immigrés ont vécu en France, 21% en Espagne 15% en Italie et 5% aux Pays Bas. Les données démentent l'importance de la concentration d'immigrés marocains dans les principaux pays de destination. Il a été également constaté que les pays du Golf, de l'Afrique du Nord et de l'Amérique du Nord ont un niveau moins élevé que les pays de l'UE concernant le retour de migration. Concernant les pays de destination des émigrés en situations irrégulières qui rentrent au pays, ceux interrogés dans notre étude étaient en Italie, Espagne et France. Beaucoup d'entre eux ont vécu dans deux pays européens ou plus. D'autres émigrés ont visité plus de 15 pays différents lors de sorties à l'étranger. Les résultats de cette étude confirment d'autres conclusions de l'OIM ou le pays d'origine est intimement lié aux pays de destination : par exemple, la plupart des immigrés d'Italie viennent des zones rurales et des zones de banlieues dans certaines régions, alors que pour la Belgique et les Pays-Bas, ils viennent pour la plupart des villes du Nord. Pour les migrants marocains en situation régulière, les longs séjours sont relativement élevés, 53% des personnes qui sont rentrées ont passé sept ans ou plus dans le pays d'accueil. Presque 41% de ceux qui sont rentrés ont vécu à l'étranger pour une durée comprises entre 1 et 6 ans, avec une moyenne de 10 ans (ETF 2013). En revanche, ceux qui étaient en situation irrégulière racontent des versions différentes sur ce qu'était leur vie en Europe. L'environnement hostile en Europe a été mis en place dans l'intention de décourager les immigrants en situation irrégulière et de les encourager à rentrer chez eux volontairement, donc de toute évidence, il était plus difficile pour eux de supporter ces conditions que pour ceux qui étaient installés de façon régulière. Toutefois, les expériences de vie en Europe en situation irrégulière diffèrent selon les immigrés et dépendent de facteurs tel que la longueur du séjour et le pays, les réseaux sociaux et le contexte au Maroc. Pour les migrants marocains en situation régulière, les longs séjours sont relativement élevés, 53% des personnes qui sont rentrées ont passé sept ans ou plus dans le pays d'accueil. Presque 41% de ceux qui sont rentrés ont vécu à l'étranger pour une durée comprises entre 1 et 6 ans, avec une moyenne de 10 ans (ETF 2013). En revanche, ceux qui étaient en situation irrégulière racontent des versions différentes sur ce qu'était leur vie en Europe. L'environnement hostile en Europe a été mis en place dans l'intention de décourager les immigrants en situation irrégulière et de les encourager à rentrer chez eux volontairement, donc de toute évidence, il était plus difficile pour eux de supporter ces conditions que pour ceux qui étaient installés de façon régulière. Toutefois, les expériences de vie en Europe en situation irrégulière diffèrent selon les immigrés et dépendent de facteurs tel que la longueur du séjour et le pays, les réseaux sociaux et le contexte au Maroc. Comme ceux qui étaient en situation régulière, la durée du séjour pour les immigrés en situation irrégulière va de quelques mois à des décennies et est normalement liée au moment de l'immigration. Les premiers immigrés ont bénéficié de certains avantages car ils sont arrivés en Europe avant l'environnement «hostile» et ont été en mesure de se déplacer et de travailler plus librement que leurs homologues actuels. Ces premiers immigrés ont bénéficié de la stabilité de la vie routinière et bien souvent de la stabilité des revenus et de l'emploi. De nombreux cas ont été rapportés d'immigrés qui ne pouvaient rester en Europe que pour un court séjour, en raison de problèmes avec les autorités qui entraînèrent une expulsion. Un nombre élevé de cas d'exploitation ou de désoeuvrement a été identifié parmi les interrogés en situation irrégulière. Pour survivre, quelques uns étaient obligés d'exercer des activités criminelles comme le trafic de drogue, et avaient de grandes chances de se faire arrêter. Il était très difficile pour ces personnes de rester sous contrôle puisque leur capacité à bénéficier des avantages était plus limitée que celle des immigrés en situation régulière. Par exemple, ils étaient moins susceptibles de pouvoir suivre des études ou une formation ou de lier des relations d'amitié durables avec des personnes se trouvant hors de leur entourage direct à cause des inquiétudes de se faire prendre. Le réseau social des immigrés en situation régulière joue un rôle important dans le support des immigrés en situation irrégulière lorsqu'ils évoluent dans leur pays de résidence. Des connexions avec la diaspora en Europe (pour les situations régulières et irrégulières) sont courantes et les liens familiaux particulièrement forts. Ces connexions facilitent l'intégration en aidant les immigrés à trouver un travail et un logement ainsi qu'à satisfaire leur besoins émotionnels. Même si ce soutien social ne signifie pas forcément que ces immigrés n'étaient pas exploités par leurs employés ou sujets à des violences de la société, il a facilité la période d'adaptation. Mais ceci est loin d'être une vérité universelle - des immigrés en situation irrégulière sont parfois exploités et abusés par leur contact marocain à l'étranger. On relève, par exemple, des histoires de Marocains ayant immigré assez tôt et se trouvant de ce fait dans des positions de pouvoir par rapport aux immigrés en situation irrégulières qui venaient d'arriver, qui ont fait pression sur ces dernières pour payer des loyers pour des logements de misères ou exécuter des travaux domestiques à leur bénéfice (Cherti et al 2013). Les immigrés n'ayant pas de support social vers lequel se tourner se trouvaient dans des situations particulièrement précaires parce qu'ils se sont vu refuser l'accès aux assurances maladies et ont été incapables de chercher de l'aide auprès des autorités par peur de l'expulsion. Ceux qui ont, en revanche, reçu du soutien semblaient être capables d'ignorer les pauvres conditions dans lesquelles ils vivaient en Europe car ils étaient convaincus qu'ils étaient toujours mieux en Europe que s'ils avaient été au Maroc. Cette conviction se vérifiait le plus souvent par comparaison avec les circonstances peu prometteuses et sombres qu'ils avaient au Maroc avant leur départ. Ces immigrés ont peut-être manqué d'instruction et de connaissances pour se développer, ou intégrer le marché du travail et n'anticipent guère d'améliorations en cas de retour. Selon eux, la vie en Europe est préférable à la vie au Maroc, au moins jusqu'à ce qu'ils mettent assez d'argent de côté pour changer leur destin au Maroc.