La décision saugrenue de l'Union africaine (UA) d'envoyer un envoyé spécial au Sahara marocain, a provoqué une véritable levée de bouclier auprès de plusieurs experts internationaux qui ont stigmatisé l'initiative de l'UA (même si cette dernière n'est que le prête-nom, pour cette question, pour les desseins de l'Algérie). Qui de la qualifier de « tentative de troubler une nouvelle fois les esprits », qui y voient une démarche de camoufler son «échec retentissant» dans la solution des vrais problèmes du continent, d'autre n'y voit aucune portée juridique ou politique à la décision de l'organisation panafricaine. Une démarche qui ne saurait être qu'une autre manœuvre désespérée algérienne, en violation flagrante de la Charte des Nations unies. Désigner un prétendu «envoyé spécial» pour le Sahara dénote «une tentative de troubler une nouvelle fois les esprits», après la sage résolution du Conseil de sécurité sur ce dossier, a estimé l'expert suisse du monde arabe, Jean-Marc Maillard. Maillard a fait remarquer que la nomination intervient un peu plus de deux mois après la résolution de l'organe exécutif de l'ONU, laquelle représente, selon lui, «un pas en avant vers une normalisation de la situation». La désignation de l'ancien président mozambicain, Joachim Chissano, proche du polisario et soutien des thèses de ce mouvement séparatiste, «est non seulement incompréhensible mais surtout dangereuse», a affirmé l'expert. «On ne s'y prendrait pas autrement pour relancer la provocation, alors que l'on s'achemine vers une régularisation», a-t-il relevé. Pour cet économiste et spécialiste des questions arabes, «ce choix révèle soit une maladresse, soit une volonté des adversaires de la paix dans leur démarche occulte à exercer une influence néfaste qu'il est difficile de comprendre». Cette décision, a-t-il dit, «m'amène à me poser la question sur les ramifications troubles qui existent dans la région subsaharienne déjà passablement infectée par les thèses d'Aqmi et de ses acolytes dont la seule politique est de semer zizanie et terreur». «Le mot Paix leur est inconnu, tout comme le bien-être des populations pour lesquelles le Royaume s'est consacré sans relâche depuis longtemps et cela, nul ne peut le contester», a ajouté M. Maillard. Dans ce contexte, l'expert a souligné que «le Maroc contribue à la stabilité de la région, les faits le prouvent et, confronté aux risques de déstabilisation, il ne cèdera pas, fort en cela de son histoire et de sa légitimité». «Plus que jamais, notre monde a besoin d'hommes et de femmes épris de paix ayant une haute idée de leurs responsabilités pour le maintien de celle-ci et pour le bien-être et la sécurité des populations civiles», a-t-il fait observer. En désignant un prétendu «envoyé spécial» pour le Sahara, l'UA cherche à dissimuler son «échec retentissent» dans la solution des vrais problèmes du continent a fait savoir l'expert suisse. Même son de cloche entend-on chez un expert espagnol Miguel Angel Puyol Garcia, pour qui estime qu'avec la décision de désigner un prétendu «envoyé spécial» pour le Sahara, l'UA cherche, dans une tentative désespérée, à dévier l'attention sur son «échec retentissent» dans la solution des vrais problèmes du continent. «Au lieu de mener des manoeuvres contre le Maroc, l'union africaine et plus précisément des pays comme le Mozambique et l'Afrique du Sud doivent s'occuper plus de résoudre leurs problèmes liés à l'amélioration des conditions de vie de la population, à la lutte contre les pandémies et à la création des postes d'emploi», a affirmé Puyol dans une déclaration à MAP-Madrid. Et d'ajouter que «l'UA peut nommer un prétendu envoyé pour le Sahara mais elle ne peut pas changer l'histoire et la réalité», a dit le président du Centre des études hispano-marocaines, basé à Saragosse, faisant remarquer que le Sahara est «historiquement et géographiquement marocain». M. Puyol a sauté sur l'occasion pour exhorter les pays africains à suivre l'exemple du Maroc en matière de développement, notamment dans les provinces du Sud, dans le cadre de la «paix, la liberté et la démocratie». Des gesticulations sans aucune portée juridique ou politique Cette nomination d'un prétendu «envoyé spécial» de l'Union africaine pour le Sahara marocain est une décision sans aucune portée juridique ou politique puisque, en droit comme en fait, le dossier n'est pas du ressort de cette organisation mais de celui des Nations unies, a affirmé mercredi le directeur de l'Observatoire d'études géopolitiques de Paris Charles Saint-Prot. «L'Union africaine a mieux à faire que de se livrer à des gesticulations alors qu'une série de conflits et de problèmes graves devraient mobiliser son attention», a-t-il indiqué dans une déclaration à la MAP. Pour M. Saint-Prot, l'UA «a tout à perdre à se laisser une fois encore instrumentaliser sur un dossier sur lequel elle a été discréditée quand elle avait accueilli en toute illégalité un mouvement séparatiste anti-marocain, en violation de sa charte et dans les conditions louches et déshonorantes que l'on sait». Et de souligner que les mêmes méthodes «méprisables» continuent à fonctionner puisque le prétendu envoyé, militant pro-séparatiste, est sujet à caution dans la mesure où cette personne avait été accusée de corruption au cours de son mandat à la tête de l'Etat mozambicain et qu'elle serait proche des plus grands narcotrafiquants d'Afrique. «En réalité, il s'agit une fois encore d'une provocation propre à semer la confusion et orchestrée par les mêmes milieux que jadis. Il est clair que les sponsors algériens du polisario et leurs complices sud-africains veulent nuire au règlement du conflit autour du Sahara marocain et maintenir artificiellement la pression sur un conflit qui est un facteur d'instabilité régionale», a expliqué le directeur de l'Observatoire d'études géopolitiques de Paris. L'Union africaine «ne peut se prévaloir d'aucune compétence ou expertise quelconque en ce qui concerne la question du Sahara» et sa décision unilatérale de désigner un prétendu «envoyé spécial» pour la Sahara est par conséquent nulle et non avenue, a déclaré mardi à la MAP, Peter Pham, Directeur de l'Africa Center au sein de l'Atlantic Council, un think-tank de renommée internationale basé à Washington. «Au lieu de s'évertuer à réparer une erreur historique à savoir l'acceptation en son sein de la fantomatique +rasd+, l'UA persiste dans le tort avec cette tentative malheureuse et malavisée d'interférer dans les affaires internes d'un Etat souverain (le Maroc), qui plus est ne fait pas partie de cette organisation», a souligné cet expert des affaires africaines, dont l'expertise est souvent sollicitée par le congrès des Etats-Unis. Peter Pham indique qu'il n'arrive pas à s'expliquer «pourquoi l'UA tente de devenir partie prenante dans une question qui ne relève aucunement de son ressort, elle qui ne peut se prévaloir d'aucune compétence juridique et encore moins d'expertise en la matière». Il convient de rappeler ici, a-t-il dit, que l'Union africaine «a démontré toute l'étendue de son incapacité et incompétence à résoudre les crises qui minent le continent». L'Union africaine, a poursuivi M. Pham, «ne peut rien apporter sur la table des négociations au sujet de la question du Sahara dans le cadre du processus qui s'achemine inexorablement vers un règlement réaliste de ce conflit», rappelant dans ce contexte que les Etats-Unis et d'autres grandes capitales avaient à maintes reprises qualifié le plan d'autonomie au Sahara sous souveraineté marocaine «de réaliste, crédible et sérieux». Revenant sur les motivations derrière cette décision «unilatérale et contreproductive», l'expert américain a pointé du doigt «les stratagèmes d'un pays notoirement hostile aux intérêts du Maroc au sein de cette organisation», relevant, par ailleurs, que «la majorité des pays membres de l'UA ne s'acquittent pas de leurs contributions, une situation qui s'est aggravée depuis la mort de Mouaamar Kadhafi qui avait pour habitude d'éponger ces dettes et dont le relais a été repris par d'autres pour persister sur la voie de la manipulation».