Le Maroc possède 5,8 millions hectares de forêts. Comme souvent ressassé dans les études sur la déforestation, chaque année une moyenne de 30 mille hectares de forêts sont perdus au Maroc à cause du phénomène de la désertification. Parmi les causes de ce phénomène, il y a la sécheresse et la pression anthropique avec les coupes excessives et le surpâturage, ce qui s'interpose contre toute régénérescence naturelle et entrave, voire réduit en échec, les programmes de reboisement. La pression anthropique est expliquée par la pauvreté des habitants riverains de la forêt qui ne bénéficient pas de la manne d'un développement durable pour en faire les vrais protecteurs de la forêt. Leur pauvreté fait qu'ils n'ont même de quoi se chauffer pendant la saison hivernale très rude. L'exode vers la ville reste leur seule alternative. La désertification est expliquée aussi, du moins dans certaines régions, par les abus des gros éleveurs d'ovins et caprins, des nantis qui abusent d'un bien public (la forêt) pour jouissance privée en détruisant les sous-bois et en empêchant toute régénérescence. Autre explication : les mafias du bois qui massacrent impunément des forêts parfois d'une haute importance et valeur inestimable pour le Maroc, comme la forêt de cèdre de l'Atlas, un patrimoine qui n'a cessé tout au long du XXème siècle de rétrécir comme une peau de chagrin sans qu'on mette fin à une prédation structurée. De leur côté, parallèlement à la sécheresse et la pression anthropique, les incendies contribuent à dégrader le patrimoine forestier avec une moyenne de 2 mille à 3 mille hectares par an. Avec la hausse des températures, le risque d'incendies augmente d'un cran d'une manière générale et tout particulièrement pour les forêts. Il s'ensuit que les services des Eaux et Forêts sont en alerte pendant toute la saison chaude du mois de mai au mois d'octobre. Cette mise en alerte vise à diligenter les interventions pour circonscrire les feux avec au final un minimum de dégâts. D'après les données du Haut Commissariat aux Eaux et Forêts, un dispositif de lutte contre les incendies de forêts a fait beaucoup de chemin et gagné en efficacité pour réduire graduellement les dégâts de feux qui se déclarent annuellement pendant les mois d'été où les températures peuvent atteindre et dépasser les quarante degrés centigrades. Ainsi, dans les années 1960, un incendie de forêt détruisait en moyenne 14 hectares avant d'être circonscrit par des interventions de lutte contre le feu. Dans les années 1980, cette moyenne a été réduite à 11 ha et dans les années 1990 la moyenne d'hectares de forêts détruits par les incendies a été ramenée à 9 ha. Enfin, durant la décennie 2000, grâce aux techniques d'intervention et moyens déployés, la moyenne a été réduite à 8 hectares par incendie et par an. En 2013, il y eut 411 incendies de forêts et le nombre d'hectares de forêts détruits a atteint 2.207 ha soit une moyenne d'un peu plus de 5 ha par incendie. Cela sur 5,8 million d'hectares de forêts que compte le Maroc, soit un taux de forêts détruites de l'ordre de 0,05 %. Durant la même année 2013, des incendies de forêts ont détruit 2.700 ha en France sur un total de 15,1 millions d'hectares de forêts, 7.162 ha en Algérie sur un patrimoine de 4,3 millions d'hectares, 48.066 ha au Portugal sur 3,2 millions d'hectares de forêts que compte le territoire portugais, et 54.170 ha de forêts détruits en Espagne sur un total de 14,4 millions d'hectares de forêts que compte le pays. L'année 2013 a été marquée par un grand incendie dans la région d'Agadir (Amskroud) forêt de Mesguina. En six jours, 1.200 hectares de forêt ont flambé, soit un peu plus de 50% du total des dégâts des incendies de forêt de l'année, dont 180 ha de forêt d'arganier, 600 ha de thuya et 420 ha d'essences secondaires. Ces dégâts sont expliqués par des «vents très forts (25 kms/h) et terrain très accidenté». Le même rapport des Eaux et Forêts fait ressortir que l'année 2013 avec 411 incendies a enregistré une baisse du nombre d'incendies de 18% par rapport à la moyenne de la décennie 2000 qui était de 498 incendies. D'après toujours le même rapport, s'agissant des causes des incendies, on relève que 77 ha de forêts détruites dans les incendies, soit 3,8% du total, sont dus à des causes humaines, intentionnelles, suite à des travaux de défrichements ou encore à la délinquance. Mais la plus importante part est mise au compte des causes par négligence, notamment des campements anarchiques, des fumeurs, des opérations d'extraction de miel, de chutes de câbles haute tension, de décharges... Les incendies par négligence ont détruit l'année dernière 1.203 ha soit 54% du total d'où l'importance de la sensibilisation. Celle-ci fait partie de tout un programme de lutte contre les incendies 2014 auquel un budget a été alloué pour la lutte anti-incendie de l'ordre de 180.818.420 Dh. (Lire entretien ci-contre). Ce programme vise notamment le renforcement de la flotte aérienne de 5 canadairs (avions amphibies) d'une capacité de 6 tonnes d'eau dont 4 opérationnels à partir de mai dernier, l'aménagement et l'entretien de points d'eau, l'ouverture et l'entretien de tranchées pare-feu, la construction et l'entretien de postes de vigie, la mise en place de guetteurs d'incendie etc.