Pour 150 dh / m2 (vous avez bien lu, on n'a oublié aucun zéro à droite), vous pouvez acquérir un appartement dans un immeuble domanial. Avec un petit effort de 50 dh de plus pour le m2 vous pouvez entrer en possession d'un logement individuel. Pour les logements et appartement de première catégorie, il faut compter respectivement 180 et 300 dh le m2. Imaginez ! Un appartement individuel de 100m2 de première catégorie SVP, à 30.000dh. Trois petits millions de centimes. Même pas besoin de gagner au loto pour y accéder. Tout au plus, contracter un crédit de consommation si nécessité il y a. C'est pas beau ça ? Et encore, à ce prix là, vous ne payez que le m2 couvert. Si par chance le logement contient un jardin ou une terrasse, ce n'est que cerise sur le gâteau. Idem pour les unités commerciales domaniales cessibles. Là aussi, Les prix varient entre 450 dh et 300 dh / m2 pour la seconde catégorie pour atteindre 600 dh /m2 pour un commerce individuels. Ce sont là les dispositions d'un projet de décret du chef du gouvernement sous contreseing des ministres l'Economie et des Finances, et de l'Habitat et de la Politique de la Ville, modifiant le cahier des charges et conditions annexé au décret n° 2-90-196 du 13 joumada I 1414 (29 octobre 1993) autorisant la vente de gré à gré par l'Etat (Domaine Privé) des appartements sis dans des immeubles domaniaux de l'Habitat à leurs occupants. Qu'à cela ne tienne! Chacun est libre de vendre son bien, à fortiori l'Etat. Mais on aimerait bien savoir sur quels critères s'est-on basé pour arrêter les prix de vente du mètre carré. Car 300 dh le m2 ne représente même pas le prix d'un terrain nu dans n'importe quel bidonville du Maroc. Encore moins dans un quartier populaire. Il s'agit là d'un parc qui porte sur plus de 37.000 unités d'habitation et commerce, inclues dans une liste fixée par le département des Finances , indiquant leur situation, leur type, leur nombre, la catégorie du quartier où ils se trouvent et leurs prix de vente. Ces unités ont une moyenne d'âge de 50 ans, et se trouveraient actuellement dans un état de vétusté nécessitant des travaux de rénovation. (Bien sûr, quand on veut tuer son chien on l'accuse de rage). Elles se situent dans des quartiers populaires ou moyen, notamment dans les régions du Grand Casablanca et Rabat-Salé-Zemmour-Zaer. Mais tous ces arguties ne justifieraient aucunement le prix fixé pour leur cession. Qui frôle le symbolique tant il n'atteint même pas les prix établis des logements sociaux. A titre de rappel, jusqu'au 31 décembre 2007, le prix des logements sociaux était de 200.000,00 Dhs. Depuis le premier janvier 2008, le gouvernement a remplacé lesdits logements sociaux par des logements économiques de faible valeur immobilière au prix de 140.000,00 Dhs. Enfin, et à partir du 1er janvier 2010, le gouvernement retourne à la politique de logement social mais à une valeur, cette fois ci, de 250.000,00 Dhs au lieu de 200.000,oo Dhs, hors la taxe sur la valeur ajoutée (TVA). C'est dire qu'on est loin des prix affichés pour la cession des biens domaniaux, qui eux, n'ont rien de social et de superficie généralement de beaucoup supérieure à celle des logements sociaux et économiques. Aussi, à l'aboutissement de cette opération de cession dans les conditions qu'on sait, rien n'empêcherait les résidents des bidonvilles de s'accrocher à leurs baraques, ne serait-ce que pour accéder à la propriété du terrain sur lequel elles sont bâties aux conditions tarifaires aussi avantageuses que celles de la cession des biens domaniaux. Autre volet qu'on ne peut occulter concernant le prix du m2 des commerces domaniaux cessibles. 600 dh / m2 pour un commerce individuel (fond et murs) de première catégorie, soit pour un commerce de 20m2 pour un prix total de 12000 dh. Voilà de quoi mettre à l'eau à la bouche de plus d'un. Quand on sait que le moindre des fonds de commerce, est négociable à partir de 150.000 ou 200.000 dh sans les murs, autrement dit il faut acheter le fonds et continuer à payer un loyer substantiel , il y a là de quoi créer une nouvelle génération de rentier. Car rien n'empêche un bénéficiaire d'une unité commerciale domaniale de céder le fonds de commerce au prix fort et de profiter de la rente locative du local. Pour un gouvernement qui a enfourché le cheval de la bataille contre l'économie de rente, c'est un comble.