A l'instar du reste du monde, le Kenya célèbre aujourd'hui le 25 Avril la Journée mondiale de lutte contre le paludisme avec optimisme et détermination, le pays étant parvenu à réduire de 50 pour cent les cas d'infection à cette pandémie. Cette tendance baissière est le résultat de plusieurs initiatives et actions tendant à renforcer la planification stratégique et à mener des programmes avec des partenaires au développement, des initiatives qui ont donné leurs fruits et permis aux Kenyans d'accéder aux médicaments antipaludiques à des prix subventionnés, a déclaré à la MAP le ministre de la Santé, James Macharia. La lutte contre le paludisme, fait-il constater, a franchi ces dernières années une étape supplémentaire au Kenya, avec le lancement de plusieurs programmes de sensibilisation et de distribution de moustiquaires imprégnées d'insecticide. Un programme de prise en charge à domicile du paludisme, mis en œuvre par la Croix-Rouge, a entrainé des résultats très encourageants, en ce sens que 82 pc des cas de fièvre signalés ont reçu un traitement efficace dans les 24 heures par des volontaires formés. En dépit des efforts déployés jusqu'ici et les résultats très probants obtenus, il est très tôt de crier victoire, puisque le taux de prévalence de la maladie demeure encore élevé dans certaines régions kenyanes, notamment dans le bassin du lac Victoria et l'Ouest du pays, souligne Macharia. Pour éradiquer le paludisme dans le pays, un objectif tracé par l'Organisation mondiale de la santé (OMS), le ministre a appelé à une approche à multiples facettes et à des actions communes du gouvernement central et des 47 gouvernements de comté pour l'approvisionnement et la distribution de médicaments efficaces dans tout le Kenya. Tout comme au Kenya, a-t-il dit, la situation dans bien d'autres pays africains n'est guère reluisante et la maladie continue à perpétuer le cercle vicieux de la pauvreté et à placer un énorme fardeau sur les économies africaines, entraînant de ce fait des pertes massives à la croissance économique avec un coût estimé à 12 milliards de dollars chaque année en perte de productivité dans la seule Afrique. En outre, dans certains pays, avec une charge de paludisme très lourde, le paludisme peut représenter jusqu'à 40 pc des dépenses de santé publique, 30 à 50 pc des hospitalisations et jusqu'à 60 pc des consultations externes. Au niveau international, il est en effet important de souligner que sur un nombre global de 207 millions de cas de paludisme enregistrés en 2012, 627.000 patients ont succombé à cette maladie, en majorité des enfants, surtout en Afrique où un enfant meurt chaque minute. La Journée mondiale de lutte contre le paludisme vient donc inciter la communauté internationale à faire le bilan de ce qui a été fait et à prospecter de nouvelles mesures pour venir à bout de cette pandémie, l'une des plus mortelles au monde. S'agissant du bilan, on estime que les efforts mondiaux pour combattre et éliminer le paludisme ont sauvé 3,3 millions de vies depuis 2000, en réduisant les taux de mortalité dus à cette maladie de 45 pc dans le monde et de 49 pc en Afrique. Un rapport de l'OMS révèle qu'entre 2000 et 2012, l'extension des mesures de prévention et de lutte s'est accompagnée d'une baisse régulière du nombre des décès et des cas de paludisme, malgré une augmentation de la population mondiale exposée au risque. Le renforcement de l'engagement politique et l'accroissement des financements ont contribué à réduire l'incidence du paludisme de 29 pc à l'échelle mondiale et de 31 pc en Afrique. Les spécialistes font constater, à ce sujet, qu'en dépit de ces progrès, des millions de personnes n'ont toujours pas accès au diagnostic et à des traitements de qualité, en particulier dans les pays n'ayant pas un système de santé solide. Le déploiement des traitements préventifs, recommandés pour les nourrissons, les enfants de moins de cinq ans et les femmes enceintes, a également été lent ces dernières années, relèvent-ils. En effet, la prévention du paludisme a connu un revers après son puissant essor entre 2005 et 2010 et pour la deuxième année consécutive, on relève un ralentissement dans l'extension des interventions pour lutter contre les moustiques, en particulier au niveau de l'accès aux moustiquaires imprégnées d'insecticide, principalement à cause des fonds insuffisants. En Afrique subsaharienne, par exemple, la proportion de la population ayant accès à des moustiquaires est restée largement en-deçà des 50 pc en 2013. Seulement 70 millions de nouvelles moustiquaires ont été distribuées dans les pays d'endémie, un chiffre bien inférieur au minimum des 150 millions nécessaires chaque année pour garantir une protection à toute personne exposée au risque, selon des données de l'OMS. Comme l'a souligné Raymond G Chambers, Envoyé spécial du Secrétaire général de l'ONU pour le financement des objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) liés à la santé et pour le paludisme, la lutte antipaludique exige des efforts concertés de tous, des partenariats, des programmes et des initiatives pour un traitement personnalisé. «Pour remporter la bataille du paludisme, nous devons avoir les moyens d'assurer la prévention et le traitement de la maladie pour chaque famille qui en a besoin», estime-t-il à ce propos. Il affirme que les efforts collectifs ne servent pas seulement à mettre un terme aux souffrances inutiles de millions de personnes, mais aident aussi les familles à prospérer et à injecter dans les économies des milliards de dollars que les pays peuvent utiliser autrement. De son côté, Dr. Robert Newman, directeur du Programme mondial de lutte antipaludique, estime que les progrès remarquables accomplis contre le paludisme sont encore fragiles. «Au cours des 10 à 15 prochaines années, le monde aura besoin d'outils et de techniques innovantes, ainsi que d'approches stratégiques pour pérenniser et accélérer les progrès», note-t-il. Le paludisme du latin paludis, aussi appelé malaria «mauvais air», est une maladie infectieuse due à un parasite du genre Plasmodium, propagée par la piqûre de certaines espèces de moustiques. Il demeure la parasitose la plus importante et concerne majoritairement les enfants de moins de cinq ans et les femmes enceintes. 80 pour cent des cas sont enregistrés en Afrique subsaharienne.