Le paludisme, l'une des maladies mortelles dans le monde, touche en grande partie les pays d'Afrique subsaharienne et requiert un financement et un appui suffisants pour son éradication. --Par Hicham El Alaoui Le paludisme touche les hommes depuis le commencement de l'histoire et cette maladie ne disparaitra pas facilement. Cet ennemi tenace s'adapte aux changements de conditions en développant une résistance aux médicaments antipaludiques et aux pesticides et refait surface à chaque fois que la lutte contre l'infection faiblit. La moitié de la population mondiale est menacée par le paludisme (3,3 milliards de personnes réparties dans plus de 100 pays). En 2000, le paludisme a touché entre 350 et 500 millions de personnes et provoqué la mort de près d'un million. Le paludisme touche 109 pays, dont 35 (30 en Afrique et 5 en Asie) représentent 98 pc des décès dus à cette maladie dans le monde. Seulement cinq d'entre eux (Nigeria, RDC, l'Ouganda, l'Ethiopie et la Tanzanie) représentent 50 pc des décès dans le monde et 47 pc des cas de paludisme. Au-delà des souffrances que le paludisme cause aux individus, aux familles et aux communautés, la maladie aggrave et accroit également la pauvreté notamment dans les régions les plus pauvres dans le monde. A elle seule, l'Afrique perd chaque 12 milliards de dollars en coûts directs et bien davantage encore en pertes économiques annuelles. +Plan d'action mondial contre le paludisme, un moyen efficace pour sauver des millions de vies+ Lancé en septembre 2008, le Plan d'action mondial contre le paludisme fournit une feuille de route qui inclut tous les pays endémiques. Cette approche mondiale est nécessaire pour veiller à ce que les résultats positifs obtenus par un pays dans la lutte contre cette maladie ne soient pas annulés par le manque de mesures dans un pays voisin. Ce plan est le premier et unique projet intégré de contrôle et d'élimination du paludisme au niveau mondial. Il vise la protection d'ici fin 2010 de 80 pc de personnes à risque grâce à des méthodes adaptées de lutte contre antivectorielle comme des moustiquaires imprégnées longue durée (MILD), des pulvérisations intradomiciliaires à effet rémanent (PIR) et dans certains cas d'autres mesures environnementales et biologiques. Dans les zones où la transmission est élevée, le plan prévoit un traitement préventif intermittent (TPI) pour 100 pc des femmes enceintes. D'ici 2015, le plan prévoit une couverture universelle avec des interventions efficaces, une mortalité mondiale et nationale proche de zéro pour tous les décès évitables (réduction de l'incidence mondiale de 75 pc par rapport à celle enregistrée en 2000) et un objectif mondial du développement relatif au paludisme consistant à stopper et à renverser l'incidence du paludisme. +L'élimination du paludisme nécessite un financement conséquent+ Les actions tendant à éliminer le paludisme nécessiteront un effort déterminé, commun et soutenu de la part des bailleurs de fonds, des gouvernements, des décideurs, des services de santé, des chercheurs, des individus et des communautés. Les pays touchés par le paludisme sont parmi les plus pauvres du monde. Beaucoup d'entre eux, notamment en Afrique, n'ont pas les moyens d'acquérir et de fournir des produits antipaludiques, de former et de rémunérer les professionnels de la santé communautaires ou de mettre en place des systèmes d'évaluation et de suivi efficaces. L'Afrique a besoin de 350 millions de moustiquaires insecticides longue-durée et de plus de 200 millions de doses de médicament antipaludiques. De même, près de 25 millions de femmes enceintes ont besoin d'un traitement préventif intermittent (TPI). Ces interventions nécessitent des ressources financières énormes dont la plupart des pays africains ne disposent pas. Ainsi, les bailleurs de fonds sont appelés à porter un regain d'attention au paludisme en Afrique et à financer les actions qui s'inscrivent dans le cadre du Plan d'action mondial contre le paludisme pour permettre aux pays africains de relever le défi d'éradiquer cette maladie et d'atteindre les Objectifs du Millénaire pour le Développement en matière de santé. Pour atteindre les objectifs de couverture universelle, une grande partie des actions doit être financée et fournie au niveau mondial. Bien que le financement international ait considérablement augmenté ces cinq dernières années, il subsiste d'importants besoins en financement dans chaque région endémique. Pour l'Afrique seule, le financement requis est de 2, 6 milliards de dollars en 2010. Une analyse faite à partir de 20 pays africains à forte morbidité montre que plus de 4, 2 millions de vie seront sauvées entre 2008 et 2015 si les objectifs 2010 de couverture antipaludiques sont atteints.