Le 4 avril dernier a eu lieu, à Rabat l'Assemblée Générale ordinaire annuelle de l'Union Nationale des Associations œuvrant dans le domaine de l'Handicap mental au Maroc (UNAHM. Pour palier à des des difficultés communes rencontrées par les acteurs associatifs lors de leurs différentes actions entreprises, face à la gestion de leurs associations et structures et dans leurs relations avec les instances gouvernementales, les acteurs associatifs ont créé l'UNAHM. Constituée le 5 décembre 2012 avec 15 associations, l'Union compte actuellement à son actif 19 ONGs actives au niveau national, sans oublier d'autres qui s'y sont jointes lors de l'AG. Une répartition géographique dans presque toutes les régions, dans les villes : Rabat, Casablanca, Fès, Ouazzane, Mohammedia, Taza, Meknès au tout début, puis Tadla, Midelt. L'AG était l'occasion de débattre du vécu de ces personnes à besoin spécifiques, de rendre compte des difficultés aux acteurs concernés et aux adhérents et de présenter les rapports moral et financier...L'opinion a sauté sur l'occasion pour s'entretenir avec la présidente de l'UNAH Mme Sabah Zemmama-Tyal L'opinion : Quel est l'objectif de la journée ? Mme Sabah Zemmama-Tyal : Le but est tout d'abord de faire connaitre l'Union par les différents secteurs ministériels, les associations qui ne sont pas encore adhérentes et passer des messages très forts, vue la situation alarmante des personnes handicapées mentales au Maroc. L'occasion donc est de plaider pour le droit à la pleine citoyenneté des personnes en situation de handicap mental au Maroc, de défendre leurs Droits auprès des instances publiques et auprès du Gouvernement. Depuis plusieurs années, les associations œuvrant dans le domaine de l'handicap mental aspirent au changement, elles ont constitué cette union pour défendre leurs droits et sont actuellement dans un état de désespoir. Il est devenu impossible de travailler dans ces conditions. Il faudrait aider ces structures. L'opinion : Quelles sont vos revendications par rapport au gouvernement ? Mme Sabah Zemmama-Tyal : C'est un droit et non une revendication. Ce qu'on demande, à fortiori, c'est la capitalisation de l'existant. Des établissements et structures œuvrant pour un vécu meilleur et décent de cette catégorie spécifique depuis des années ont besoin d'être reconnus et financés dans le cadre de l'approche droit, conformément aux conventions internationales des Droits de l'Homme ratifiées par le Maroc, en particulier, la non-discrimination et la non-stigmatisation des personnes en situation de handicap mental, mais aussi conformément à la Constitution. Toutes les associations qui œuvrent dans ce domaine ne veulent plus développer la prise en charge. En état de très grande fragilité, elles ont peur de développer et de mettre ainsi en danger tout ce qui a été mis en place. Jusqu'à maintenant, l'Etat n'a pas encore trouvé une solution concrète. Certes, il y a de très petites subventions de l'Etat ici et là, elles sont temporaires et non structurées. Vue la gravité de la situation et la spécificité de ces personnes, ces subventions ne conviennent plus. Ce soutien financier se fait une année oui une année non, on aide certaines associations et d'autres non. Et à chaque fois, il faut refaire la demande, donner du temps à chaque secteur pour pouvoir travailler sur des subventions et les faire auditer, cela fait beaucoup de travail pour les associations qui assument déjà beaucoup de coût. L'opinion : Quelle est à votre avis la solution ? Mme Sabah Zemmama-Tyal : L'UNAHM a pensé à un guichet unique. Toutes ces subventions sensées rendre service à l'handicap, devraient être versée dans un seul fonds qui va lui servir, non pas à subventionner la prise en charge mais à financer la prise en charge des personnes en situation de handicap mental. Mais, la contrainte n'est pas directement d'ordre matériel. Le financement est certes essentiel, mais le besoin pressant est la nécessité de l'implication de l'état selon l'approche droit et non selon le modèle existant actuel. Depuis peu, on parle de l'approche Droit, de la part des responsables gouvernementaux, dans la considération de ce dossier, ce qui nous rassure, mais la mise en œuvre tarde à venir. Et faute de désespoir et par désinformation, la société incombe aux associations toutes les responsabilités, tout en exigeant d'elles des prestations de qualité. Avant tout, les acteurs associatifs dans le domaine du handicap mental sont d'abord des parents qui se sont engagés pleinement dans cette cause pendant des décennies et qui ont pu, malgré toutes les difficultés rencontrées, développer une remarquable expérience. Ils ont fourni des efforts colossaux et user de patience et de petits moyens pour arriver aux résultats actuels. Iles ont eu recours au bénévolat et aux ressources humaines bénévoles qui deviennent monnaie rare. Les associations ne peuvent plus répondre aux besoins des 327000 citoyens marocains en situation de handicap mental au Maroc.