Le statut de la femme marocaine a bénéficié de plusieurs réformes institutionnelles et sociétales lui garantissant des droits de plus en plus élargis et favorisant son émancipation et sa contribution au développement du pays. Cette avancée s'est traduite par une assez importante présence de cette dernière s'est opérée dans les arènes politiques, économiques et sociales. Sur le plan quantitatif, cependant, sa présence sur le marché du travail n'a guère bénéficié de ces évolutions, normalement favorables; au contraire elle a même régressé au cours de ces dernières années. Ce constat a été révélé dans la dernière étude du Haut commissariat au Plan relative aux « Femmes Marocaines et (le) Marché du Travail( qui note que la participation de celle-ci au marché du travail reste caractérisée, à l'instar de plusieurs pays arabes, par son niveau relativement bas en comparaison avec d'autres pays, aussi bien développés qu'en voie de développement. L'élargissement de l'accès à la scolarisation a certainement contribué à cette évolution en réduisant le taux d'activité des femmes en âge de scolarisation, mais ce n'est certainement pas le seul facteur qui explique cette réduction. L'étude du HCP tente alors de renseigner sur certaines caractéristiques de la femme marocaine, notamment celles relatives à sa situation sur le marché du travail. Elle s'articule autour des axes suivants: - l'offre de travail des femmes ; - l'emploi des femmes ; - la sous-utilisation de la main d'oeuvre féminine ; - les caractéristiques des femmes chefs de ménage ; - les caractéristiques des femmes vivant seules. Au terme de l'année 2012, près de 12,3 million de femmes sont en âge d'activité (15 ans et plus), ce qui correspond à une progression de 25,7% par rapport à l'année 2000. 60,3% de ces femmes résident en zones urbaines et plus de la moitié d'entre elles (52,6%) sont analphabètes. Les femmes rurales sont plus touchées par ce fléau que les citadines. En effet, plus de sept femmes sur dix (71,8%) en milieu rural sont analphabètes, contre environ quatre sur dix (39,9%) en milieu urbain. Selon le niveau de qualification, 47,6% n'ont aucun niveau scolaire, 31,5% ont un niveau fondamental et seulement 6,6% ont le niveau supérieur. Les diplômées, tous niveaux confondus, ne représentent que 32,9% parmi les femmes adultes. Concernant les caractéristiques démographiques, les femmes marocaines sont relativement jeunes, plus de deux tiers (67,4%) ont un âge inférieur à 45 ans. Selon l'état matrimonial, elles sont à 56,5% mariées, 31,1% célibataires, et 12,4% en tant que veuves ou divorcées. L'analyse de la situation des femmes vis-à-vis du marché du travail révèle une faible participation de cette dernière à l'activité économique. En effet, la part des actives dans le volume total des femmes en âge de travailler ne représente que 24,7% (dont 22,3% sont actives occupées). Cette part était de 28,1% en 2000, soit une baisse de 3,4 points en l'espace de 12 ans. Ce recul de l'activité est dû en partie à l'augmentation de la part de la catégorie des «élèves et étudiantes» (+2,2 points). Le nombre de femmes actives âgées de 15 ans et plus est passé, entre 2000 et 2012, de 2,74 à 3,04 million, soit un accroissement annuel moyen de 0,9%. La population en âge d'activité, quant à elle, a augmenté au cours de la même période de plus de 2% annuellement. En conséquence, le taux d'activité des femmes est passé de 28,1% à 24,7%, restant largement en deçà de celui des hommes (pour lesquels, ce taux est passé, au cours de la même période, de 78,9% à 73,6%). Ce recul a concerné aussi bien les femmes rurales (37,5% à 35,6%) que les femmes urbaines pour lesquelles cette diminution est plus accentuée (-3,7 points de 21,3% à 17,6%). Le niveau et l'évolution du taux d'activité des femmes varient largement selon les tranches d'âge. Ainsi, la baisse de l'activité constatée, peut être imputée essentiellement à la baisse de l'activité des jeunes femmes âgées de 15 à 24 ans (-8,5 points). A l'inverse, les femmes de 45 ans et plus sont plus actives aujourd'hui qu'elles ne l'ont été douze ans auparavant. La déclinaison de la hausse des taux d'activité par âge permet donc de mieux comprendre les soubassements de cette évolution globalement contre intuitive.