Bouteflika a lancé hier sa campagne électorale pour la présidentielle algérienne. Et bien sûr, ce démarrage de campagne électorale s'est fait sous tutelle, à l'instar de sa candidature pour un quatrième mandat. Le premier meeting électoral du président qui ne veut pas être sortant, a été à Adrar. Il ne pouvait l'organiser à Ghardaïa, cela va de soi. A Adrar, c'était le tout récent ex-Premier ministre Abdelmalek Sellal, démissionnaire pour mener campagne pour son président, qui a représenté ce dernier. Alors que cinq autres tuteurs de Bouteflika tenaient chacun dimanche des meetings dans d'autres villes algériennes. Gageons que les discours prononcés lors de ces meetings étaient tous inspirés de la fameuse lettre diffusée samedi. Il ne pourrait en être autrement puisque, sûrement, ç'en seraient eux les auteurs. N'empêche ! Dans cette fameuse lettre, on apprend que Bouteflika ne fait pas de cas de son état de santé qui ne saurait être un obstacle à sa réélection. Et apparemment cela est peut-être vrai. Puisque les bruits et fracas de Ghardaïa et du mouvement « Barakat » ne l'ont pas empêché d'entendre les appels (de qui ?) pour sa candidature. Il lui « en coûterait » de les décevoir. Et c'est pour cela qu'il a « décidé de consacrer toute (son) énergie», ou ce qu'il en reste, ou du moins s'il lui en reste, à la réalisation de (leurs) aspirations. Bouteflika, ou du moins ceux qui détiennent les ficelles du pouvoir en Algérie, et rédacteurs de cette fameuse lettre-programme électoral, n'ont pu rester sourds à certains « appels », qu'il n'y a qu'eux qui les ont entendus. Mais dans leur entêtement, ils restent les oreilles bouchées et les yeux fermés aux cris et revendications de la rue algérienne qui ne veut plus vivre dans la Hogra, qui dit « baraka » (assez) à la corruption généralisée, aux pratiques et méthodes du système, aux méthodes répressives du régime et à la marginalisation de la jeunesse, entre autres. Des voix qui s'élèvent contre les élections truquées, qui s'offusquent d'une confiscation de la volonté du peuple durant 52 années, bref des voix qui ne veulent pas entendre parler d'un 4ème mandat. Mais grabataire, Bouteflika ne peut entendre ces voix et ses représentants ne le voudraient pas. Et se contentent de promettre quelques chimères à un peuple qui lui en coûterait s'il lui arrive de les croire. «Dès 2014, il y aura un changement dans la Constitution», a-t-on annoncé à Adrar. 2008 a connu un amendement de la Constitution algérienne pour permettre à M. Bouteflika de briguer un 3ème mandat. Il en est à sa quatrième candidature.