Le 2eme séminaire maroco-espagnol en matière de sécurité a entamé ses travaux, jeudi à Marrakech, avec la participation de hauts responsables de la sécurité des deux pays qui vont se pencher sur le thème «Radicalisation obscurantiste et déradicalisation clairvoyante : défis pour la coproduction de la sécurité». Ce séminaire, qui s'inscrit dans le cadre du renforcement des mécanismes de coopération sécuritaire entre le Maroc et l'Espagne, s'assigne pour objectif de faire le diagnostic des risques sécuritaires actuels, d'échanger les expertises et les expériences entre les deux parties au sujet d'une question sécuritaire d'intérêt commun «la lutte contre le radicalisme à l'origine du phénomène du terrorisme». Ce séminaire scientifique sera marqué par une série d'exposés présentés par des experts marocains et espagnols sur les divers aspects du radicalisme, particulièrement auprès des jeunes et des communautés nationales à l'étranger, l'usage des nouvelles technologies au service la propagande du radicalisme, et les bonnes pratiques dans la lutte contre le prosélytisme du radicalisme et de l'extrémisme dans les espaces publics et auprès des populations carcérales. Intervenant à l'ouverture de ce séminaire, le directeur général de la sûreté nationale (DGSN), M. Bouchaib Rmail a souligné «l'importance de ces journées d'échanges entre la Police Nationale Espagnole et la Direction générale de la sûreté nationale sur une thématique en relation directe avec la radicalisation et les moyens à mettre en œuvre pour contrer le phénomène du radicalisme dont les conséquences défient les valeurs humaines les plus enracinées dans l'histoire de l'humanité et tentent de bousculer la tolérance qui a toujours été de mise dans nos deux sociétés». M. Rmail a affirmé «la profonde prise de conscience des deux parties de la nécessité d'aller de l'avant en matière de coopération relative au déploiement de tous les efforts requis pour raffermir les liens distingués en matières d'échanges, d'expertise et d'assistance mutuelle dans la perspective de relever le défi d'assurer efficacement la sécurité de nos deux pays et d'éradiquer tout phénomène susceptible de troubler la quiétude de nos concitoyens respectifs et de heurter de front les valeurs universelles des pays civilisés». «A cet effet deux dimensions nécessiteraient d'être gérées en parallèle : la dimension opérationnelle et la dimension stratégique, compte tenu de la situation géographique de l'Espagne et du Maroc. L'un est la porte de l'Europe, l'autre est la porte voisine de l'Afrique avantageant un flux humain de plus en plus envahissant et difficile à contrôler sans un effort extraordinairement important et vecteur signifiant parfois de phénomène radicaliste se nourrissant de doctrines obscurantistes», a-t-il dit. Après avoir rappelé les pratiques des promoteurs de l'idiologie du radicalisme pour propager une pensée obscurantiste et inciter à la violence et au terrorisme, particulièrement les via les nouvelles technologies de la communication, M. Rmail a affirmé que «les techniques et les méthodes pour assurer la déradicalisation ne peuvent garantir le résultat escompté que si elles épousent parfaitement les contours des phénomènes radicalistes, en mettant en place des stratégies idoines neutralisant les méthodes et moyens y afférents mis à profit par les radicalistes». Et de conclure par le souhait qu'une telle rencontre puisse «mettre les jalons d'une stratégie efficace de lutte contre toutes formes de radicalisme, car aucune forme de ce phénomène ne doit être épargnée, afin de faire obstacle à ce qu'elles se nourrissent les unes des autres et donner lieu à des foyers d'actes terroristes dommageables pour notre sécurité, pour notre stabilité et pour nos valeurs humaines et religieuses». Pour sa part, le directeur général de la police espagnole, Ignacio Cosido, a souligné que la lutte contre le phénomène de la radicalisation constitue une «priorité maximale» pour la police espagnole et l'un des points importants de l'agenda de coopération bilatéral entre les polices marocaine et espagnole. Il a relevé que ce phénomène, qui représente sans doute une menace et un danger pour la sécurité des deux pays, est d'une grande complexité qui transcende l'action policière, ajoutant qu'il requiert l'implication de l'ensemble des institutions et celle de la société, ainsi qu'une coopération internationale. M. Cosido a fait observer que l'organisation de ce séminaire est une preuve de la volonté des corps de police des deux pays de jouer un rôle de premier plan en matière de lutte contre le phénomène de la radicalisation, ajoutant que cette rencontre «nous place devant un nouveau défi». «Il n'est plus suffisant d'arrêter les terroristes qui font partie des différentes cellules opérant dans nos pays respectifs, mais il faut être capable de rompre la capacité de recrutement de ces organisations criminelles», a-t-il expliqué, estimant qu'il s'agit d'un «défi difficile, mais fondamental pour qu'on puisse garantir notre sécurité». M. Cosido a tenu, par ailleurs, à réitérer les remerciements non seulement de la police espagnole, mais de l'ensemble des Espagnols, pour «l'excellente» coopération apportée par le Maroc en matière de lutte contre l'immigration illégale. Il a mis en exergue, dans le même sens, le succès de la coopération entre les deux pays également dans leur lutte conjointe contre le crime organisé, le trafic de drogue et le phénomène du terrorisme, faisant savoir que cette coopération ne se limite pas uniquement à un échange d'information constant, fluide et utile entre les deux parties. Cette coopération bilatérale «a franchi un pas en avant» dernièrement sur le plan opérationnel en permettant de mener des opérations conjointes «très importantes» de lutte contre le terrorisme, a-t-il expliqué. Le séminaire de Marrakech s'inscrit dans le cadre de la mise en application des recommandations du comité sécuritaire stratégique créée conjointement par la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN) et la Direction générale de la Police nationale espagnole en novembre dernier à Cordoue (Sud de l'Espagne). Ce comité est chargé de fixer les priorités de l'action des services de sécurité des deux pays et d'adopter et évaluer les mesures nécessaires, afin de mettre en œuvre les lignes stratégiques de la coopération bilatérale dans le domaine sécuritaire. La rencontre de Marrakech intervient après le premier Séminaire maroco-espagnol en matière de sécurité, tenu fin novembre dernier à Cordoue sous le thème «Nouveaux défis, plus de coopération». Ce séminaire scientifique conjoint est initié comme un outil de renforcement de la coopération sécuritaire entre les deux pays. La Direction générale de la sûreté nationale avait conclu avec la Direction générale de la Police nationale espagnole, en avril 2013, une convention de coopération pour organiser la coopération bilatérale dans la lutte contre la migration illégale.