Comment mettre ensemble un coffret de chocolat de luxe, la sulfureuse Ruby aux charmes politiquement dangereux et un diplôme de Master délivré par une ONG ? En participant au gouvernement Benkirane pardi ! Rien de mieux qu'un détergent estampillé «halal» pour laver plus blanc. ça efface toutes les tâches... Il faut être honnête. On en demande un peu trop à notre cher chef de gouvernement. N'a-t-il pas prévenu dès le début qu'il s'est retrouvé dans une mare gouvernementale infestée de crocodiles et d'esprits malfaisants qui corrompent les mœurs, font des déclarations qui se moquent d'appareils judiciaires de pays amis et affichent des cartons somptueusement imprimés par de vagues institutions étrangères ? Le gouvernement devrait peut être songer sérieusement à faire appel aux services d'un fkih exorciseur. C'est que les esprits malveillants se font de plus en plus arrogants, M. Benkirane. Et tout cela fait jaser au sein de l'opinion publique. Décrédibilisant de facto ce pouvoir exécutif que les Marocains ont constitutionnellement remis entre les mains des partis politiques. Il n'y a pas que la foi des citoyens en l'actuel gouvernement qui est en jeu, M. Benkirane. Les chiffres, récemment publiés, révèlent que, d'ores et déjà, la «messe» est dite à ce sujet. Il s'agit plutôt de la foi de ces citoyens en la nouvelle expérience démocratique, inaugurée au Maroc par l'adoption de la nouvelle constitution, il y a juste 33 mois. Ce qu'il faudrait éviter à tout prix, M. Benkirane, c'est de regarder les Marocains et de voir la mine défaite des Tunisiens, le regard terne des Egyptiens, l'air hagard des Syriens. Au risque de vous vexer, M. Benkirane, en citant Marx, mais celui-ci avait dit «C'est dans la pratique qu'il faut que l'homme prouve la vérité». On peut comprendre pour le chocolat. Cela a dû se passer pour M. Abdelâdim El Guerrouj comme pour la décision de reporter le changement d'heure, prévu le 29 septembre 2013, au 27 octobre 2013, annoncée 11 heures seulement avant l'heure du changement en question. Il paraît que les responsables des compagnies aériennes en ont fait des indigestions de... chocolat ! Mais ça doit être les mêmes «hauts intérêts de la nation» qui ont dû s'imposer dans les deux cas. Honni soit qui mal y pense ! A charge, toutefois, de ne pas nous refaire le coup du chocolat comme pour le changement d'horaire, cinq fois en une année ! Ne le prenez pas mal, M. Benkirane, mais beaucoup de lecteurs ont contacté la rédaction pour vous rapporter qu'ils se disent tous des El Guerrouj et réclament leur part de chocolat. Nous n'avons pas osé leur rejeter cette demande, la plupart ayant au téléphone des voix d'enfants. Vous le savez bien, M. Benkirane, les garnements et le chocolat... Quand à la danseuse du ventre Ruby Rubacuori (Ruby la voleuse de cœurs...) et son certificat de naissance délivré au nom de Karima El Mahroug, à Fkih Ben Saleh, le moins que l'on puisse dire, c'est qu'après avoir fait tanguer la scène politique italienne, la voilà, ressurgit du néant de l'oubli où elle aurait dû rester, pour se remettre à faire changer de déclarations à certains hommes politiques, marocains, cette fois-ci et faisant déjà l'objet de sombres doutes sur d'autres sujets. Mais où sont les preuves, dira t-on ? C'est la question aux 5 millions de Dhs... A moins que le détergent, qui lave plus blanc, n'ait laissé aucune trace. Ce n'est pas pour rien qu'il est estampillé «halal». Le meilleur, c'est bien sûr, toujours, pour la fin. C'est avec une admiration sincère envers un haut commis de l'Etat marocain que l'on lit la page Wikipédia consacrée à M. Mohamed Ouzzine, détaillant toutes ces qualifications académiques. Et puis... tiens ! L'International Visitor Leadership Program (IVLP) dont le ministre de la Jeunesse et des Sports serait «lauréat», l'auteur de ces lignes en a également bénéficié. Les trois semaines de visite des Etats-Unis étaient indéniablement très instructives, mais de là à parler de formation... Peut être bien, pour d'autres volets dudit programme. Vérifions, donc. «La mission de IVLP est d'offrir à des cadres internationaux, actuels et émergents, l'occasion de découvrir la richesse et la diversité de la vie politique, économique, sociale et culturelle américaine, à travers des échanges soigneusement conçus, qui reflètent les intérêts professionnels des participants et les objectifs de la diplomatie publique du gouvernement des Etats-Unis». C'est la définition qui en est donnée sur Internet. Et c'est exactement ce que votre humble serviteur a pu constater par lui-même. Alors «lauréat»... Une vérification menant à l'autre, on découvre que l'autre International Academy of leadership dont M. Ouzzine est lauréat, ne serait, en fait, qu'un «forum et lieu de dialogue politique internationale, situé d'abord à Sintra (Portugal), au début des années 1990, et plus tard à Gummersbach (Allemagne), à l'Académie Theodor Heuss, en 1995. Les participants venus de partout dans le monde trouvent ici une occasion de partager des expériences politiques, d'aborder les questions culturelles et de rechercher conjointement des solutions libérales aux problèmes actuels». C'est bien beau tout ça, mais, là encore, «lauréat» de quoi ? Sur le site de International Academy of leadership, où ces informations ont été recueillies, il est bien précisé que les séminaires ne durent pas plus d'une à deux semaines. Continuons, donc, nos investigations, les petits «trésors» découverts suscitant plus d'appétit. M. Ouzzine serait titulaire d'un Master's en stratégies de développement durable, délivré par l'Université du Moyen-Orient de Boston. Quelqu'un a-t-il déjà entendu parler de l'Université du Moyen-Orient de Boston ? «L'Université du Projet Moyen-Orient (UME) est une organisation non gouvernementale indépendante» ! Mais encore ? Le but de cette ONG serait de promouvoir des «programmes d'échange (qui) réuniront des éducateurs des écoles secondaires du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord (MENA) à ceux des Etats-Unis, dans le but d'améliorer les compétences pédagogiques des participants, ainsi que l'encouragement du dialogue et de la compréhension interculturelle». Des éducateurs des écoles secondaires... C'est ce qui est écrit en présentation sur le site de cette ONG. Dans un entretien publié dernièrement par le site d'information en ligne, Hespress, M. Ouzzine précise, sans la moindre gêne, que la durée de formation pour l'obtention de son Master auprès de ladite «université» est de... trois mois ! Ils sont drôlement forts pour faire rapide, les Américains, mais ça semble encore plus prompt quand il s'agit d'originaires du Moyen Orient et d'Afrique du nord. On n'arrête pas le progrès... M. Daoudi, quand est-ce que vous allez créer dans les universités marocaines des filières de Master «de poche» en trois mois ? Au nom de l'égalité des chances. Quand à ladite université moyen-orientale en terre américaine, M. Ouzzine nous informe qu'elle a cessé ses activités en 2011 «directement après les attentats terroristes, qui ont frappé le World Trade Center, aux Etats-Unis...» !!! Tiens, dire que le monde entier croit que ça s'est passé un certain 9 septembre 2001 ! Réveilles toi, Ben Laden, tu t'es fait avoir, parole de M. Ouzzine ! M. Ouzzine a été Professeur de communication et de management, en langue anglaise, de 1993 à 1999. D'ailleurs, l'épisode de l'affaire des élections au sein de la fédération de football (FRMF) et l'humiliation infligée par la FIFA donnent la preuve de son haut degré de professionnalisme en matière de communication. Où serait-ce la FIFA qui aurait mis en doute ses diplômes, après avoir remis en cause le mode de déroulement du scrutin de la FRMF ? Une autre question à 5 millions de Dhs. Pas la peine de vous demander, M. Benkirane si vous avez déjà lu au moins un article de M. Ouzzine publié dans une revue scientifique, du temps où il préparait sa thèse de Doctorat en sociolinguistique, vous en avez sûrement déjà décortiqué plusieurs avant de l'accepter dans votre équipe. Mais qu'est-ce qu'un épi dans un champ de blé ravagé par la sécheresse... M. Benkirane, «kifaya» comme diraient les Egyptiens. Tout le monde n'a pas une belle mère qui fait la pluie et le vent, au sein d'un simple mouvement, pour parachuter qui elle veut haut commis de l'Etat. Mais tout le monde veut du chocolat !