Barack Obama reçoit lundi Benjamin Netanyahu pour l'exhorter à accepter un accord-cadre sur les négociations de paix avec les Palestiniens à l'approche d'une date-butoir, alors que le Premier ministre israélien a promis de résister aux «pressions». Mobilisé pendant le week-end par l'intervention russe en Ukraine, l'une des pires crises de politique étrangère qu'il ait dû gérer, le président américain va se retrouver avec M. Netanyahu en terrain plus connu mais face à un dossier qui lui résiste depuis son arrivée au pouvoir il y a cinq ans, malgré ses engagements. Les pourparlers de paix, qui ont repris en juillet 2013 après quasiment trois ans d'interruption, sont censés déboucher d'ici au 29 avril sur un «accord-cadre» traçant les grandes lignes d'un règlement définitif sur les questions dites de «statut final»: les frontières, les colonies, la sécurité, le statut de Jérusalem et les réfugiés palestiniens. Mais les discussions n'ont pas enregistré d'avancées concrètes et le secrétaire d'Etat John Kerry a fait savoir que les discussions se poursuivraient probablement au-delà de la date-butoir. Dans un entretien publié dimanche par Bloomberg, le président américain a résumé son état d'esprit face au conflit israélo-palestinien, sur lequel des générations de dirigeants et diplomates américains se sont cassé les dents. «Lorsque je parle avec Bibi (le surnom de M. Netanyahu, NDLR) voici la substance de ce que je lui dis: +si ce n'est pas maintenant, quand? Et si ce n'est pas vous, monsieur le Premier ministre, qui? Comment cela va-t-il se résoudre?+», a affirmé M. Obama. Tout en répétant le soutien des Etats-Unis à la sécurité d'Israël, le président a aussi prévenu que «si les Palestiniens arrivent à la conclusion qu'un Etat palestinien souverain et contigu n'est plus possible, alors notre capacité à gérer les conséquences internationales sera limitée». M. Kerry avait déjà provoqué l'ire de la droite israélienne en mettant en garde début février contre les risques de boycottage d'Israël si ce dernier ne concluait pas rapidement la paix. M. Netanyahu «doit prendre une décision» sur le processus de paix, observe Alan Elsner, vice-président du groupe progressiste J Street, partisan d'une solution à deux Etats. Inquiétude sur l'Iran «Ce n'est pas facile pour lui parce qu'il y a des coûts politiques induits, mais le coût de l'inaction est bien plus grand pour Israël», ajoute ce responsable en allusion à la coalition de M. Netanyahu, qui va des centristes laïques à l'extrême-droite religieuse. Après des mois de navette de M. Kerry entre les deux camps, «le sentiment est que les négociations sont parvenues à un point où seule une implication du président, une implication directe, peut les faire progresser», explique Haïm Malka, du groupe de réflexion CSIS de Washington. Deux semaines après M. Netanyahu, M. Obama recevra le président palestinien Mahmoud Abbas. Les Palestiniens ont manifesté leur hostilité à un accord-cadre qui inclurait «l'exigence d'une reconnaissance de la judéité de l'Etat d'Israël comme Etat-nation juif», élément cardinal d'un accord de paix pour M. Netanyahu. Dimanche avant de quitter Israël, le Premier ministre, qui entretient des relations personnelles peu chaleureuses avec M. Obama, a estimé que «ces dernières années, l'Etat d'Israël avait fait l'objet «de diverses pressions». «Nous les avons rejetées. Nous l'avons fait dans le passé, nous allons le faire à l'avenir», a-t-il ajouté. M. Netanyahu a souligné que ses entretiens avec M. Obama, prévus à partir de 13H45 (18H45 GMT), seraient consacrés, outre le processus de paix, à la question iranienne. Le Premier ministre a exprimé son inquiétude vis-à-vis de la tournure des pourparlers entre les grandes puissances et l'Iran après qu'un accord intérimaire eût été trouvé en novembre sur le programme nucléaire de la république islamique. Dans le Bureau ovale lundi, «il va y avoir des tensions en partie parce que l'Iran est en tête des préoccupations de Netanyahu, tandis que le président pense avant tout aux négociations israélo-palestiniennes», prédit M. Malka. Mais ni M. Netanyahu ni M. Abbas ne sont enthousiastes vis-à-vis des tentatives américaines de les rapprocher, observe cet expert: «Ce qui les motive pour essayer de progresser est d'éviter d'apparaître comme les responsables d'un sabotage du processus» de paix.