Les Marocains représentent la première communauté extracommunautaire en Italie avec un total de 517.146 personnes au 31 décembre 2011, selon une étude présentée, mercredi à Rome, sous l'intitulée ‘'La Communauté marocaine en Italie: Un pont sur la Méditerranée''. Cette étude, présentée lors d'une rencontre animée notamment par l'ambassadeur du Maroc en Italie, Hassan Abouyoub, et des représentants de départements concernés par les questions migratoires, relève que l'implantation principale des Marocains, dont les premiers groupes étaient arrivés en Italie au début des années 1970, se présente ‘curieusement'' sous forme d'un''T'', avec une ligne horizontale qui va du Piémont à la Vénétie en englobant la Lombardie, et une ligne verticale qui descend centralement à travers l'Emilie Romagne, la Toscane, le Latium et la Campagne. D'après l'étude, réalisée par le Centre Italien des Etudes et des recherches ‘IDOS'' pour le compte du ministère chargé de la Communauté Marocaine Résidant à l'Etranger, les régions où la présence des Marocains est la plus importante sont la Lombardie, avec presque un quart du total, et trois régions ayant une incidence d'environ 15 % sur le total (Emilie Romagne, Piémont et Vénétie). Plus des deux tiers des Marocains vivent dans ces quatre régions les plus industrialisées du nord de la péninsule, susceptibles de leur offrir de majeures possibilités d'emploi. Sur le plan économique, les membres de la communauté marocaine ont fait preuve d'un dynamisme à toute épreuve créant quelque 38.203 entreprises sur les 232 .668 détenues par les étrangers dans divers secteurs de l'activité économique, selon le document. Le volume des fonds transférés vers le Maroc par les membres de cette communauté se chiffrent à plus de 300 millions d'euros pendant les années 2007 et 2008 et s'est réduit successivement pour se chiffrer à 242 millions d'euros en 2012. Un autre facteur attire l'attention, à savoir la forte croissance des regroupements familiaux, ce qui explique la réduction des transferts des fonds. La formation de familles nombreuses a réorienté les économies qui, au fil des ans, sont utilisées pour soutenir le processus d'intégration en Italie et souvent même pour l'achat d'un logement. L'étude montre également que le nombre des mariages entre Italiens (ou Italiennes) et Marocaines (ou Marocains) ont atteint dans la période 1992-2011 près de 25 mille. Un peu plus de la moitié de la main d'œuvre marocaine dont le nombre est estimé à 300.000 personnes ont un emploi, alors que le nombre des enfants et des jeunes qui fréquentent les écoles et les lycées italiens au titre de l'année 2012-2013 a atteint 98.106. Un autre phénomène frappe par sa dimension, à savoir le nombre des femmes qui immigrent en Italie, et dont le taux est estimé actuellement à 43,7 % du total. Selon des prévisions, la communauté marocaine établie en Italie atteindra d'ici 2020 environ 800 mille personnes. L'étude de 143 pages (moyen format), éditée par l'ambassade du Maroc à Rome, analyse de manière exhaustive la présence marocaine en Italie, à travers ‘l'examen de tous les aspects qui peuvent susciter un certain intérêt en les accompagnant de données statistiques pas toujours connues''. Elle a été réalisée en deux étapes. La première, qui s'est déroulée en 2012, s'est appuyée sur la documentation disponible sur la présence marocaine, en analysant de manière organique les données statistiques relatives à l'année 2011, alors que la deuxième a permis d'effectuer une mise à jour sur la base des données statistiques relatives à l'année 2012. Outre la préface écrite par le ministère chargé de la Communauté Marocaine Résidant à l'Etranger et la vice-ministre du Travail et des Politiques sociales, Mme Cecilia Guerra, l'ouvrage se décline en quatre parties: ‘l'histoire et les chiffres de l'immigration marocaine en Italie'', ‘les aspects liés à l'emploi et aux transferts de fonds'' , ‘les aspects relatifs au processus d'intégration'', ‘la mise à jour sur la base des données statistiques de 2012''. Les conclusions de l'étude se composent de deux interventions, consacrées respectivement aux perspectives d'augmentation de la communauté marocaine en Italie et aux synergies économiques et culturelles qui, par le biais des immigrés, peuvent s'instaurer entre le Maroc et l'Italie. Sous le titre ‘Une recherche fondée sur le passé et le présent et tournée vers l'avenir'', le ministère chargé de la communauté Marocaine Résidant à l'Etranger, souligne dans la préface que ‘la communauté marocaine a joué (et joue encore) un rôle très important dans l'histoire de l'immigration en Italie et, malgré les changements apportés par les flux provenant d'Europe de l'Est et d'Asie, elle a toujours été ou la première ou dans les trois premières communautés d'immigrés''. ‘Les Marocains, même si occupant pour la plupart des emplois modestes, ont démontré être laborieux et ont fait venir leur famille en Italie dans la perspective d'une implantation stable'' . Après avoir mis l'accent sur les finalités de l'étude, ce département fait observer que les conclusions obtenues, qui reposent sur la prise en compte d'une masse considérable de données, ‘ne dissimulent pas les problèmes à affronter mais conduisent aussi à un optimisme prudent, car elles décèlent trois développement possibles en mesure d'assurer une triple positivité en l'occurrence satisfaire les attentes placées par les immigrés dans leur projet migratoire, répondre aux besoins du pays qui les a accueillis et ne pas oublier les besoins de leur pays d'origine''. Selon la préface, le sous-titre de cette étude (Un pont sur la Méditerranée) souligne l'attachement de la communauté marocaine aux deux pays, le Maroc et l'Italie, et laisse entrevoir que ‘le phénomène migratoire peut assurer une contribution significative au développement humain, économique, culturel et religieux des deux pays et des deux rives de la Méditerranée'' Dans sa contribution, Mme Guerra écrit sous l'intitulé ‘la grande communauté des Marocains en Italie : une présence à respecter et à valoriser'', que cet ouvrage représente à la fois une manière d'apprécier tout ce qui a été fait et augure d'un avenir plus satisfaisant. ‘Les immigrés marocains, bien que souvent insérés dans des espaces résiduels ou moins demandés du marché du travail, ont démontré être tenaces et persévérants. Ils ont renforcé leur stabilité et cultivé leur esprit d'entreprise et ont été rejoints par les membres de leur famille, considérant l'Italie comme leur deuxième patrie'', a-t-elle souligné. Mme Guerra qualifie de ‘remarquable'' l'effort déployé par la communauté marocaine ‘pour faire face aux nombreuses difficultés'' auxquelles elle s'est heurtée dans le passé et se heurte encore aujourd'hui. Cette étude, a-t-elle fait observer, montre que «les Marocains, malgré quelques aspects problématiques évidents, sont bien lancés et que leur effort peut déboucher sur des résultats encore plus satisfaisants sur le plan d'une intégration sociale durable''. Au début de cette rencontre, M. Abouyoub a mis l'accent sur l'importance de cette étude basée sur une méthodologie sociologique et statistique et vise à synthétiser les aspects fondamentaux de la réglementation en matière d'immigration en Italie, à l'usage des opérateurs qui diffusent les informations au Maroc et en Italie. Après avoir mis en exergue les relations séculaires entre le Maroc et l'Italie, deux pays liés par l'histoire et la géographie, situés sur les deux rives de la Méditerranée, M. Abouyoub a brossé un tableau de la présence marocaine en Italie depuis les années 1970, saluant le dynamisme dont fait preuve la communauté marocaine au fil des ans démontrant un grand attachement à l'Italie sans perdre les liens avec la mère patrie. Rappelant le nouveau partenariat souscrit entre le Maroc et l'Union européenne sur la question de la mobilité, M. Abouyoub a plaidé pour ‘une vision globale'' dans le traitement des questions migratoires qui prend en considération tous les aspects notamment sociaux, juridiques, économiques et religieux. Les différentes interventions notamment des représentants des ministères de l'Intérieur et du Travail, du président de l'Institut italien des statistiques (ISTAT), et du représentant de l'Organisation international pour les migrations (OIM) ont longuement traité du contenu de cette étude qui représente ‘une initiative louable'' dans le sens qu'elle aborde un sujet d'actualité à partir d'un angle sociologique inédit. Tout en passant en revue, chacun dans son domaine, les principales thématiques objet de cette étude, présentée pour la première dans un pays européen, ils ont formé le souhait qu'une telle initiative portera ses fruits dans les plus brefs délais contribuant ainsi au renforcement des relations entre les deux pays à travers notamment ce ‘pont sur la Méditerranée''. Outre cette étude, un guide intitulé ‘'Immigration Parcours de Légalité en Italie'', réalisé pour le même Centre pour le compte du ministère italien de l'Intérieur, a été distribué sur les participants à cette rencontre. Sous-titré ‘'Perspectives de collaboration italo-marocaine'', ce guide, en édition bilingue, ‘'est consacré aux parcours légaux d'immigration et destiné à l'usage de la plus grande communauté en Italie d'immigrés ressortissants de pays tiers, la communauté marocaine'', indique-t-on dans la partie introductive.