Les électeurs italiens ont commencé, dimanche, à voter pour l'élection des présidents des 13 des 20 régions du pays. Environ 50.000 bureaux de vote ont ouvert dès 08h00 et devront le rester jusqu'à 22h00 pour rouvrir lundi de 07h00 à 15h00. Quelque 41 millions d'Italiens -sur une population de 60 millions d'habitants- sont appelés à voter lors de ces élections qui permettront également le renouvellement de quatre assemblées provinciales (Imperia, l'Aquila, Viterbo et Caserta) et de 462 conseils communaux. Des résultats partiels sont attendus lundi soir. Les régions concernées sont le Piémont, la Lombardie, la Vénétie, la Ligurie, l'Emilie-Romagne, la Toscane, les Marches, l'Ombrie, la Lazio, la Basilicate, la Campanie, les Pouilles et la Calabre. Ce scrutin a valeur de test national pour le gouvernement de centre-droit au pouvoir depuis deux ans, car ce sera le seul d'ici aux législatives de 2013. Le président du Conseil, Silvio Berlusconi, leader du parti du peuple de la liberté (PDL) s'est, d'ailleurs, fortement investi dans la campagne pour ces régionales, exhortant ses partisans à accomplir leur devoir électoral et à écarter le risque d'une faible participation. Nando Pagnoncelli, de l'institut Ipsos, n'a cependant pas écarté le "risque de montée de l'abstention" du fait de "la forte préoccupation pour l'emploi et à l'impression que la classe politique et les médias parlent de toute autre chose que de la crise". Alors que l'Italie sort tout juste de sa pire récession depuis la seconde guerre mondiale, le chômage constitue, en effet, la première préoccupation pour 79 pc des Italiens, contre 47 pc en 2008. Le président du Conseil a vu sa popularité s'éroder sur fond de hausse du chômage, de prétendues affaires de corruption et d'enquête sur ses tentatives présumées de faire pression sur la RAI pour empêcher la diffusion d'émissions télévisées critiques envers son gouvernement. Selon un récent sondage, la cote de popularité du gouvernement de centre-droit de Silvio Berlusconi est tombée à 39 pc contre plus de 50 pc en décembre. Dans ce contexte, même Berlusconi a, semble-t-il, revu à la baisse ses ambitions: s'il visait initialement 6 régions contre 7 pour l'opposition de gauche, il miserait désormais sur 4 victoires (la Lombardie et la Vénétie, deux fiefs de la droite, auxquelles viendraient s'ajouter la Campanie et la Calabre). L'opposition de centre gauche devrait, pour sa part, s'assurer la victoire dans au moins cinq régions, dont quatre sont situées dans son fief traditionnel du Centre (Emilie-Romagne, Toscane, Ombrie et Marches) auxquelles s'ajoute la Basilicate, dans le Sud. Quatre régions, dont le Piémont et la Lazio, figurent parmi celles où opposition et majorité sont au coude-à-coude. En attendant les résultats des urnes, des craintes ont été exprimées au sein de la classe politique italienne au sujet de la possible progression du parti anti-immigrés de la Ligue du Nord (au gouvernement). En jouant sur les registres de l'immigration, de la sécurité et du localisme, la Ligue est parvenue en effet à pénétrer des régions jusque-là acquises à la gauche menée par le Parti Démocrate (PD) et à menacer celle-ci dans ses bastions en agitant le drapeau de l'identité régionale. Du reste, le leader de la Ligue du Nord, Umberto Bossi, estime "assez logique" que sa formation progresse et puisse même dépasser le PDL de Berlusconi dans le nord (Vénétie, Piémont, Lombardie). L'on redoute ainsi qu'en prenant une place plus grande que celle qui est la sienne actuellement, la Ligue ne songe à ébranler la cohésion gouvernementale et ne tente d'éjecter, pour incompatibilité de positions, l'autre allié important de Berlusconi, le président de la Chambre des députés, Gianfranco Fini, cofondateur du PDL. Dans l'hypothèse d'un succès, la Ligue a déjà annoncé son intention de réclamer un ministère supplémentaire (elle en compte 4 actuellement) et la mairie de Milan, la seconde ville du pays, des revendications qui, selon les observateurs, risquent de secouer le PDL.