Que peuvent avoir en commun Che Guevara, Elisabeth Taylor, Ludwig van Beethoven et John F. Kennedy ? L'asthme ! Cette maladie concerne 150 millions de personnes à travers le monde. Le point sur les causes, la prévention, les traitements et des conseils pour améliorer la vie quotidienne des malades. Qu'est-ce que l'asthme ? L'asthme est une maladie des bronches qui, lors de crises, entraîne des difficultés à inspirer et surtout à expirer l'air des poumons. Les crises peuvent être déclenchées par différents facteurs comme un effort, l'humidité, la poussière, la fumée de cigarette, les pollens, etc. Aujourd'hui, un asthmatique peut vivre normalement à condition d'être bien traité et bien informé. Cette information passe par une bonne compréhension de la maladie. L'asthme n'est pas contagieux. On peut devenir asthmatique à tout âge. Une réelle oppression L'air inspiré parvient aux alvéoles pulmonaires et apporte au sang l'oxygène qui nous est vital. Chez une personne en bonne santé, l'inspiration et l'expiration ne demandent aucun effort particulier. Pour l'asthmatique en crise, ces mouvements sont extrêmement difficiles. La gêne s'accompagne généralement d'un sifflement lors de l'expiration, qui atteste du rétrécissement des bronches. L'air est alors emprisonné dans la poitrine. Le thorax est bloqué, une toux irritante cherche à rejeter les mucosités qui s'accumulent dans les bronches, et un profond sentiment d'anxiété et d'oppression s'empare du malade. Des poumons en crise On distingue trois mécanismes expliquant l'obstruction des conduits aériens : * lors de la crise, le muscle bronchique se contracte : c'est la bronchoconstriction, * la paroi de la bronche s'épaissit : c'est l'œdème, * la paroi interne secrète d'importantes mucosités : c'est l'hypersécrétion. Ces deux derniers phénomènes constituent l'inflammation bronchique. Peu ressentie par le malade, elle constitue néanmoins le fond du problème. Après la crise, plus ou moins tardivement en fonction de l'allergène, certaines cellules sanguines sont attirées au niveau des bronches pour détruire l'agent agresseur. Pour ce faire, il libère des produits toxiques qui, paradoxalement, entretiennent l'inflammation bronchique et facilitent la survenue de nouvelle crise. Cette inflammation bronchique doit donc être traitée sérieusement pour éviter que la maladie n'évolue vers la chronicité. La fréquence et la gravité des symptômes varient selon les individus. Certains peuvent être occasionnels, d'autres persistants. Aujourd'hui, les nombreux progrès thérapeutiques permettent aux asthmatiques de contrôler les signes de l'asthme dans la quasi-totalité des cas. L'asthme est donc une maladie pulmonaire définie par une gêne bronchique à l'expiration. Cette gêne est réversible, spontanément ou sous traitement. Trois mécanismes principaux l'expliquent : * Inflammation des bronches ; * Hyper-réactivité bronchique ; * Diminution de calibre (diamètre) de ces dernières = bronchoconstriction. Le sujet asthmatique est le plus souvent un sujet ayant un terrain allergique. Celui-ci présente une réaction immunitaire excessive (afflux très important d'Immunoglobulines E) vis à vis d'un agent extérieur : l'agent responsable est appelé allergène. L'inhalation de l'allergène provoque une diminution du diamètre des bronches (hyperréactivité bronchique) et une libération de médiateurs chimiques. Certains de ces médiateurs, en association avec d'autres cellules de l'inflammation (les polynucléaires éosinophiles) agissent à plus long terme et engendrent des altérations de la muqueuse bronchique. Un état inflammatoire chronique des bronches est créé et sera la cible privilégiée du traitement de fond de la maladie asthmatique. L'importance des altérations et de l'état inflammatoire bronchique est corrélé à la gravité de l'asthme. Causes et facteurs de risque Il est fondamental pour l'avenir de l'asthmatique de déterminer la cause de son asthme. Lorsque l'allergène est identifié, on parle d'asthme allergique, atopique ou encore d'hyperréactivité bronchique spécifique. La substance allergisante peut se présenter sous forme inhalée (dans l'air) ou sous forme ingérée (aliments ou médicaments). Dans l'air, les plus fréquemment en cause sont les poussières de maison, les pollens, les moisissures, ou encore des éléments présents dans l'environnement professionnel du malade : farine du boulanger par exemple. Dans certains cas, l'élément responsable de l'asthme ne peut être mis en évidence. On parle d'hyperréactivité bronchique non spécifique. Dans les deux cas, il convient de rechercher des facteurs aggravants de la maladie asthmatique tels le tabagisme (actif ou passif), un effort physique, un stress, ect... Sont également recherchés : un reflux gastro-oesophagien ou une vascularite. La notion d'un terrain familial ou personnel allergique peut se retrouver lors du diagnostic d'asthme. Les signes de la maladie La fréquence et le degré des symptômes varient largement d'un patient à l'autre et d'un moment à l'autre chez le même sujet. On distingue la crise d'asthme paroxystique, l'asthme à dyspnée continue et l'asthme aigu grave. La crise d'asthme paroxystique : On lui connaît trois phases : * La première est constituée de signes annonciateurs de la crise (parfois absents) : une toux, le contact avec l'allergène... * La deuxième est la crise proprement dite avec gêne respiratoire aiguë. Elle se produit souvent la nuit, le malade a une respiration sifflante, surtout à l'expiration, qui peut être entendue par son entourage ; il préfère être assis au bord du lit. Il ressent une oppression thoracique, son essoufflement s'accompagne d'une distension de son thorax ; * Dans un troisième temps, ces signes régressent, d'autant plus rapidement que le traitement a été précoce. Le patient tousse et expectore (crachats). L'asthme à dyspnée continue touche en général des gens plus âgés et se caractérise par une persistance des symptômes respiratoires même entre les crises. L'asthme aigu grave peut survenir d'emblée ou sur un terrain d'asthme instable. L'asthme instable se reconnaît par une augmentation de la fréquence des crises (plusieurs crises aiguës simples dans une même journée : attaque d'asthme), par une dégradation du débit expiratoire de pointe (DEP ou peak flow) ou par une plus grande consommation de médicaments traitant les crises. Lors d'un asthme aigu grave, le patient ne peut pas prononcer des phrases entières sans faire de pauses pour respirer. Sa respiration est inefficace, il se fatigue, s'agite, est anxieux, devient cyanosé. Il peut devenir confus dans ses propos ceci témoignant d'une défaillance respiratoire progressive. La consultation Lors d'une crise d'asthme paroxystique, l'examen clinique met en évidence un thorax distendu, bloqué en inspiration forcée, une respiration sifflante. L'auscultation pulmonaire révèle des sifflements expiratoires. L'asthme aigu grave décrit une cyanose, une diminution des sifflements voire un silence auscultatoire. Les fréquences respiratoire et cardiaque sont augmentées. Il apparaît un épuisement respiratoire progressif avec utilisation des muscles respiratoires accessoires. Ces signes nécessitent une hospitalisation en urgence. Examens et analyses complémentaires Afin de mettre en évidence l'origine allergique de l'asthme, il est d'abord indispensable d'effectuer un interrogatoire très poussé sur les modalités de survenue des crises (pour identifier l'allergène en cause). On pratique des examens biologiques à la recherche de marqueurs témoignant d'une allergie : augmentation des globules blancs éosinophiles et des immunoglobulines E totales et/ou spécifiques dans le sang. On réalise également des tests cutanés allergologiques. La mesure du débit expiratoire de pointe (DEP ou peak flow) se révèle très utile. La radiographie de thorax, les gaz du sang pour quantifier l'oxygénation du sang, la numération de la formule sanguine et des épreuves respiratoires peuvent aussi être réalisés. Evolution de la maladie L'asthme paroxystique se présente sous la forme de crises entrecoupées de périodes d'accalmies, imprévisibles quant à leur durée. La crise d'asthme paroxystique cède le plus souvent sous traitement. Elle peut cependant récidiver. Elle peut aussi se compliquer d'atélectasie (rétraction de tout ou partie d'un poumon), d'un pneumothorax, d'air dans les tissus (thoraciques et sous-cutané), d'une insuffisance cardiaque. Cette forme d'asthme peut évoluer sur le mode d'un asthme à dyspnée continue. L'asthme aigu grave peut aussi récidiver et être mortel. Ne pas confondre avec... Chez l'adulte, il faut distinguer l'asthme : * D'une insuffisance cardiaque ; * D'une broncho-pneumopathie chronique obstructive ; * D'une tumeur bénigne de la trachée ou des bronches ; * D'un cancer trachéal ou bronchique. Traitement Il est fonction de la gravité de l'asthme. Les premières mesures reposeront sur l'élimination du contact avec l'allergène ainsi que sur la suppression des facteurs favorisants les crises. La kinésithérapie respiratoire peut se révéler très utile chez les sujets présentant des sécrétions bronchiques. On classe l'asthme en quatre stades de sévérité selon les symptômes, les crises, l'existence ou non d'un asthme nocturne, l'état clinique entre les crises, la fréquence de recours aux médicaments inhalés et le débit expiratoire de pointe (DEP). A chacun des quatre stades, sera attribué un traitement différent. La sévérité de l'asthme croit du stade 1 au stade 4. La crise d'asthme aigu grave ou état de mal asthmatique se soigne systématiquement à l'hôpital, son traitement ne sera pas abordé ici. On distingue le traitement de la crise et le traitement de fond. Traitement de l'inflammation Il est primordial pour éviter la survenue de crises et il est trop souvent négligé par les patients. Le traitement repose principalement sur la prise quotidienne de corticoïdes inhalés ou de cromones inhalées. Leur but est de réduire l'inflammation locale et l'hyperréactivité des bronches. Ces produits ne permettent pas de traiter la crise. Un autre type d'anti-inflammatoires est également disponible : les antileucotriènes. Ils agissent en bloquant l'action des leucotriènes, substances bronchoconstrictrices qui augmentent l'inflammation et la sécrétion de mucus par les bronches. Traitement de la bronchoconstriction Des anticholinergiques inhalés sont parfois prescrits en prise quotidienne pour le traitement de fond. Ils sont bronchodilatateurs par un effet anticholinergique local au niveau de la musculature des bronches. Des bronchodilatateurs bêta2 stimulants inhalés ou par voie orale sont parfois associés au traitement anti-inflammatoire mais jamais donnés seuls. Ces composés sont des substances à longue durée d'action. La théophylline est le bronchodilatateur le plus ancien. Elle est de moins en moins utilisée car elle présente des effets secondaires (digestifs, cardiaques et neurologiques) et une marge thérapeutique faible. En bref, il est difficile d'ajuster la posologie pour avoir un traitement efficace sans risque de toxicité. Traitement de la crise : traitement de la bronchoconstriction Le traitement de référence de la crise d'asthme est la prise de bronchodilatateurs bêta2 stimulants. Ces produits, administrés en inhalation, permettent immédiatement un relâchement de la musculature bronchique aboutissant à une bronchodilatation et un soulagement. L'emploi des dispositifs d'inhalation n'est pas toujours très aisé, surtout chez l'enfant qui peut avoir des difficultés à coordonner son inspiration et le déclenchement du dispositif. Dans ce cas, il existe des chambres d'inhalation qui permettent de surmonter cette difficulté. En cas de crise grave, des corticoïdes par voie orale ou sous-cutanée peuvent également être prescrits. Que faire face à une crise d'asthme ? L'asthme est une maladie qui se traduit par des spasmes des muscles de la paroi des voies aériennes, conduisant à un rétrécissement de celles-ci qui rend la respiration difficile. On identifie parfois les facteurs déclenchant d'une crise d'asthme, comme une allergie, la prise de certains médicaments, un phénomène infectieux, etc. Le plus souvent, les asthmatiques sont capables de traiter eux-mêmes leur crise, à l'aide de médicaments (broncho-dilatateurs) qu'ils connaissent bien. Néanmoins, parfois ils sont dans l'impossibilité d'accéder à leurs médicaments (du fait de l'importance de la crise, de l'oubli des médicaments, d'un déplacement...). Ils ont alors besoin de votre aide. Comment reconnaître une crise d'asthme ? La victime présente : * Des difficultés respiratoires, avec une phase d'expiration très prolongée ; * Un sifflement lorsqu'elle expire ; * Une angoisse ou une agitation ; * Une difficulté à parler et à chuchoter ; * Une toux sèche. Devant toute crise d'asthme : Vous devez garder votre calme et rassurer la victime. En effet l'angoisse ne peut qu'aggraver la crise. Mettez la victime dans la position où elle se sent le mieux, souvent une position assise. Demandez-lui de respirer lentement et profondément. Demandez-lui si elle prend habituellement des médicaments, procurez les lui, et facilitez leur auto-administration. S'il s'agit d'une première crise, la victime n'a aucun médicament. Dans ce cas mettez-la dans la position où elle se sent le mieux, ne lui donnez aucun médicament sans prescription médicale et appelez son médecin traitant ou en son absence les services de secours. Conformez-vous ensuite aux conseils qui vous seront donnés par le médecin. Comment reconnaître une crise grave ? * La crise dure plus de dix minutes ; * L'essoufflement s'aggrave et l'élocution de la personne devient impossible ; * Une coloration bleue de la peau apparaît ; * Des sueurs apparaissent ; * La victime présente des signes d'épuisement. Dans ce cas, elle peut devenir somnolente voire perdre conscience et enfin s'arrêter de respirer. Devant la présence de l'un de ces signes, alertez les secours. Si la victime perd conscience et cesse de respirer, effectuer les manœuvres habituelles en cas d'arrêt respiratoire. Pour éviter ça... * Dans tous les cas ne pas allonger un malade qui présente une crise d'asthme ; * Si les inhalations de broncho-dilatateurs (médicaments de l'asthmatique) sont inefficaces au bout de dix minutes, faites le 15 ; * Tout asthmatique doit être suivi de manière régulière par son médecin traitant et avoir sur lui les médicaments prescrits. Avertissement : la seule façon de bien effectuer ce type de gestes est d'avoir bénéficié auparavant d'une formation de secouriste diplômé.