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3 mai : Journée Mondiale de l'asthme : Bien vivre pour bien respirer
Publié dans Albayane le 02 - 05 - 2012

Inspirer puis expirer constituent à eux deux un mouvement respiratoire qui se répète 18 fois par minute chez un adulte. Respirer est un acte mécanique, répétitif et inconscient, qui correspond à absorber et rejeter l'air destiné à entretenir la vie. Si pour beaucoup de personnes respirer est un acte banal, qu'ils effectuent sans y penser, d'autres personnes éprouvent toutes les peines du monde pour respirer, c'est notamment le cas des asthmatiques.
Il est à rappeler que l'asthme, une maladie inflammatoire chronique des voies respiratoires est aujourd'hui très répandue dans le monde. Selon l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS), l'asthme est devenu un grave problème de santé publique qui touche plus de 300 millions de personnes. Le monde s'apprête à célébrer le 3 Mai 2012 la Journée mondiale de l'asthme. Les allergologues à travers le monde notent, à cette occasion, une augmentation du taux de prévalence de cette maladie chez les enfants. Le Maroc n'est pas en reste puisque plus de 10% de la population marocaine est directement concernée.
Nous effectuons en moyenne 15.000 respirations par jour, L'air inspiré, est une source d'énergie essentielle au même titre que la nourriture ou la lumière. Il est donc possible d'augmenter considérablement notre énergie si nous respirons correctement. La bonne respiration contribue à l'amélioration de l'oxygénation du cerveau et de l'oxygénation musculaire, il en est de même pour la circulation sanguine.
La respiration améliore de la circulation lymphatique, agit positivement sur la relaxation du système nerveux, l'améliore de la fonction des organes abdominaux et le du système immunitaire. Finalement une bonne respiration, c'est la vie.
Qu'est ce que l'asthme ?
Pour l'OMS, «l'asthme est un désordre inflammatoire chronique des voies respiratoires entraînant des symptômes en rapport avec une obstruction bronchique diffuse, variable, réversible spontanément ou sous traitement. Par ailleurs, cette inflammation est la cause d'une hyperréactivité bronchique à de nombreux stimuli». Il s'agit donc d'une affection bronchique chronique caractérisée par des périodes au cours desquelles les voies aériennes se rétrécissent, d'où une difficulté de respirer. Les symptômes consistent en des attaques récurrentes de respiration sifflante, d'essoufflement, d'oppression thoracique et de toux.
Trois types d'asthmes
Parmi ses symptômes, une oppression respiratoire présentant une sensation de lourdeur sur la poitrine et une toux qui peut être chronique ou prédominante la nuit. Il existe trois types d'asthmes. Le premier est l'asthme chronique qui est dû à une hyperactivité chronique des bronches peu soumise aux agents extérieurs. Il peut se manifester dans les premières années de l'enfance par des crises d'asthmes répétées ou des bronchites sifflantes chroniques. Le 2e est l'asthme allergique; il est caractérisé par la survenue d'une ou plusieurs crises causées par une réaction excessive des bronches du malade à un agent extérieur. Le dernier est l'asthme d'effort. Il se manifeste par une crise survenant pendant un effort physique.
Des causes identifiées
Selon les chiffres d'une étude sur la maladie asthmatique réalisée au Maroc en 2006, au niveau de Rabat, Casablanca et Marrakech, étude qui rentrait dans le cadre d'une enquête mondiale appelée The International Study Of Asthma and Allergies in Childhood ISAAC, les résultats ont démontré que le taux de prévalence de l'asthme chez les enfants avait augmenté de 10% en l'espace de 10 ans, entre 1996 et 2006, avait alors indiqué le Pr Zineb Sayeh Moussaoui pneumo-allergologue
De 2006 à ce jour, les praticiens continuent à remarquer cette augmentation. Une hausse qui est due à plusieurs facteurs. La première cause de cette augmentation est le changement de notre mode de vie. Les appareils de chauffage et de climatisation sont devenus très usés alors qu'ils contribuent à développer des allergies chez les personnes impliquant par la suite l'asthme. La pollution qui a atteint un degré alarmant dans différentes villes cause également des problèmes respiratoires surtout pour les personnes les plus jeunes. L'alimentation malsaine peut être aussi un facteur de risque. Les aliments contenant des additifs, ou des conservateurs ainsi que certains aliments allergènes notamment l'arachide peuvent impliquer l'asthme. La prévalence de l'asthme est beaucoup plus fréquente chez l'enfant que chez l'adulte. Au Maroc, elle se situe entre 16 et 20% de la population générale. Par exemple, dans les grandes villes comme Casablanca, la prévalence serait de 20%. Dans les zones du sud ou de l'intérieur elle varie entre 12 et 14%.
L'asthme de l'enfant est très souvent d'origine allergique
20 % chez les nourrissons.
40-50 % chez les jeunes enfants.
80 % chez les adolescents.
La pollution pointée du doigt
La pollution atmosphérique contient beaucoup de particules qui agressent l'appareil respiratoire, comme les polluants chimiques composés de l'ozone, du monoxyde d'azote, du dioxyde d'azote, du monoxyde de carbone, d'un composé organique volatile ainsi que du dioxyde de soufre et des aérosols. Encore faut-il signaler que la source de ces particules est double.
D'abord il y a l'activité humaine, les gaz de cuisine, la fumée du tabac, la combustion du fuel et les moteurs de véhicules, essence ou diesel. Les moteurs Diesel dégagent des particules pouvant atteindre le poumon profond, et, à ce niveau, ils peuvent entraîner une inflammation bronchite qui peut engendrer, par la suite, l'asthme ou une bronchite chronique. C'est pour cette raison qu'on dit souvent que l'asthmatique est un indicateur de pollution.
La problématique de la pollution atmosphérique au Maroc, et en particulier dans les grandes villes et villes industrielles constituent une préoccupation majeure pour les citoyens dont la santé est directement menacée par la pollution quotidienne à laquelle, ils sont confrontés. De ce fait, cette pollution impose des solutions immédiates, urgentes car les effets nocifs à long terme sur la santé des individus pourront être très lourds en terme de morbidité et de mortalité les pouvoirs publics ont le devoir d'agir pour trouver des solutions adaptées à ce fléau qui nous menace tous jusque dans nos maisons.
Il faut aussi insister sur le fait que la fumée des cigarettes que l'on consomme chez soi peuvent entraîner des bronchiolites à répétition chez les enfants. Il faut que les gens sachent qu'il n'y a pas que la pollution atmosphérique qui constitue un danger, car la pollution domestique n'est pas moins dangereuse. Pour sauvegarder la santé des enfants, surtout ceux qui sont allergiques, il faudrait que le domicile soit propre : pas de tabac
Pensez à l'asthme !
Quand évoquer la présence d'un asthme chez votre enfant ? Il faut y penser :
S'il a parfois une respiration sifflante ; S'il éprouve une gêne respiratoire après un effort ;
S'il a des accès de toux sèche, surtout nocturnes ;
Si ces rhumes, une fois guéris, ont tendance à se prolonger de longs épisodes de toux ;
Et a fortiori s'il a déjà eu une crise typique.
A partir de 3-4 ans, il est possible de confirmer le diagnostic par des épreuves fonctionnelles respiratoires, afin de rechercher une hyperréactivité bronchique.
Un bilan allergologique permettra de repérer un terrain allergique, presque toujours présent chez les enfants asthmatiques.
Chez le nourrisson, le diagnostic est plus délicat, car les épreuves fonctionnelles respiratoires sont difficiles. Le bilan allergologique permet d'identifier le terrain allergique, très évocateur. L'évolution permettra de confirmer le diagnostic, lorsque les épisodes de sifflements respiratoires se répètent, souvent à l'occasion d'une infection, bronchiolite notamment. On parle d'asthme à partir de trois épisodes de difficultés respiratoires avec sifflements, avant l'âge de deux ans.
Traiter précocement
Un diagnostic précoce de ces asthmes du nourrisson est essentiel pour pouvoir mettre en route un traitement efficace.
Une telle prise en charge évitera une détérioration des alvéoles pulmonaires, dont le capital est fixé définitivement à l'âge de trois ans. Le traitement doit être le plus précoce possible pour éviter l'aggravation. Un facteur allergique étant présent chez 90 à 95 % des enfants, il est indispensable de diminuer le plus possible la présence d'allergènes. Pour ce faire, évitez les moquettes et les animaux de compagnie (en tout cas dans la chambre de l'enfant), utilisez des housses anti-acariens, faites la chasse à la poussière, aérez bien le domicile Dans tous les cas de figure, il est essentiel pour les parents de consulter le pédiatre devant toutes anomalies car plus tôt l'enfant est pris en charge, plus précocement sera posé le diagnostic et plus efficace sera pour lui le traitement prescrit ainsi que le devenir de son état de santé.
Mieux vivre son asthme, c'est possible
Ce n'est pas toujours facile de s'y retrouver lorsqu'on a de l'asthme. Certes, il existe des médicaments très efficaces pour contrôler la maladie, mais la personne doit néanmoins respecter un cahier des charges assez lourd :
Bien connaître ses symptômes pour prévoir et éviter l'apparition d'une crise,
Savoir surveiller son souffle,
Aménager son environnement,
Savoir utiliser correctement ses médicaments…
Dans la réalité de tous les jours, tout cela ne va pas de soi, et l'asthmatique se sent parfois seul et démuni devant tous ces comportements à adopter. De nombreuses études par le monde ont montré que les personnes asthmatiques ayant bénéficié de l'éducation thérapeutique s'en sortent beaucoup mieux : leur asthme est mieux contrôlé, elles ont moins de crises, moins de gênes respiratoires la nuit, sont moins souvent hospitalisées et ont moins d'absences à l'école ou au travail. C'est la raison pour laquelle les responsables, les décideurs de la santé au niveau du ministère, des directions, des délégations et des hôpitaux, mais aussi au niveau du secteur privé, des sociétés savantes… se doivent de mener une réflexion afin d'inciter les professionnels de santé à mettre en place des espaces d'éducation destinés aux malades asthmatiques afin d' encourager ces malades à participer à ces formations en vu d'adopter des attitudes et gestes susceptibles de les aider à mieux maitriser leur maladie.
Ailleurs, sous d'autres cieux, cette éducation thérapeutique est officiellement reconnue comme un acte de soins et elle bénéficie à ce titre d'une prise en charge par l'Assurance Maladie. Nous avons bon espoir que ce sera bientôt le cas chez-nous aussi car cela aura un impact positif sur la qualité de vie dans les maladies chroniques.
En guise de conclusion, je tiens à me joindre à tous les malades asthmatiques pour les aider, les soutenir et pour leur dire qu'ils doivent s'armer de courage pour faire face à leur maladie sans jamais baisser les bras. Ils doivent prendre soin d'eux-mêmes pour gérer au mieux leur mal afin d'éviter la survenue des crises qui souvent gâchent leur vie. Les malades asthmatiques doivent écouter leur médecin traitant, suivre ses conseils et savoir aussi qu'aujourd'hui de très grands progrès ont été réalisés dans le domaine thérapeutique. Aussi, il faut savoir qu'avec les traitements innovants on arrive à maitriser l'asthme.
Que cette journée mondiale de l'asthme soit l'occasion pour ces malades, leurs familles, les professionnels de santé qui prennent en charge ces patients, une journée d'information et de mobilisation autour de l'asthme, des moments qui permettront de mieux communiquer sur cette maladie respiratoire chronique
L'implication des médias concernant la maladie asthmatique est très importante. Non seulement les médias relayent largement les actions organisées, mais ils transmettent aussi les messages de santé qui permettent de faire progresser la prise en charge de l'asthme.
D'ici là portez-vous bien


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