Au XVème siècle, l'Europe exploitait la force du vent pour fonder son modèle agricole. Au XIXème siècle, la machine à vapeur puis l'électricité ont façonné le monde moderne. L'énergie est derrière le fondement de notre mode de vie et l'organisation de notre société. Depuis près de deux siècles, l'exploitation du charbon, du pétrole et du gaz ont contribué à une croissance mondiale, sans précédent, qui requiert aujourd'hui l'intervention d'une nouvelle transition énergétique car le modèle actuel consomme toujours plus d'énergie, dans des conditions, de moins en moins soutenables du fait de la démographie, du besoin économique croissant et du développement rapide des pays émergents. Cela n'est pas nouveau, car l'histoire industrielle a déjà, certes été rythmée par plusieurs transitions énergétiques: le charbon a succédé au bois rejoint par le pétrole puis par le gaz à la fin du 19eme siècle et au début du suivant. La formidable puissance du charbon a permis le développement de la grande industrie au XIXème siècle, le pétrole celui du transport de l'automobile au XXème siècle et le gaz fait fonctionner des mégas pôles industriels avec leurs villes. Les menaces du changement climatique doivent nous conduire à rompre avec les processus de transition trop progressifs et à insérer des technologies énergétiques qui sont généralement plus coûteuses et qui n'ont pas que des atouts: L'électricité photovoltaïque ou l'éolienne est soumise aux caprices de Mère Nature alors que celle produite à partir du charbon, du gaz ou du fuel est délivrée, à la demande, à tout moment. Cependant, devant un chemin jonché d'incertitudes, coûts et prix, rythme des nouvelles filières, risques géopolitiques, vitesse et impact du réchauffement, l'on ne peut qu'organiser des mix énergétiques diversifiés jusqu'à ce que les technologies exemptes des grandes inconnues finissent par s'imposer. Le Maroc, dans la transition qui lui est propre, pourrait être un laboratoire d'expérimentations en testant également de nouveaux modèles d'organisations dans des systèmes énergétiques locaux, de nouvelles organisations des villes et des systèmes de transports. Cette mutation du XXIème siècle doit allier création de richesse, justice sociale, protection des ressources naturelles et préservation de l'environnement. Les citoyens, les acteurs économiques, le monde associatif et les responsables politiques doivent en débattre et l'adhésion de tous doit être recherchée. Désormais les citoyens seront acteurs de leurs usages de l'énergie dans leur environnement. En effet, l'émergence de productions locales d'énergies permettra à de nouveaux modes de production et de consommation de se développer. La transition énergétique devient ainsi un terrain de créativité économique social et démocratique pour le bien être du citoyen. Pour conclure, nous savons, que nos modes de consommation de l'énergie ne sont pas durables et leur poursuite soulève alors à la fois des problèmes économiques sociaux, environnementaux. L'efficacité énergétique et économie d'énergies inscrites dans la stratégie nationale, en matière de développement durable, constituent désormais les piliers de cette transformation énergétique et au cœur de l'éthique humaniste. Nous avons tous désormais conscience que deux impasses se présentent aujourd'hui devant l'humanité entière, savoir : la finitude des ressources et l'immensité des dégâts causés à l'environnement. Pour sortir de ces deux périls et que l'Homme se réconcilie avec Mère Nature il faudrait faire appel à son génie comme seule planche de salut. «L'imagination est plus importante que le savoir» Albert Einstein/extrait de sur la Science ---------------------------- Par Moulay Abdallah ALAOUI Président de la Fédération de l'Energie-CGEM