Au sein d'une société suédoise devenant de plus en plus cosmopolite et multiraciale, en raison de l'arrivée d'un grand nombre d'immigrés ces dernières années, la communauté marocaine est parvenue à se frayer son chemin et à s'affirmer dans un pays où le long hiver glacial et la vie sociale ne rappellent en rien la douceur du pays et la chaleur de son peuple. Retour sur certaines success stories: Sofia El Fakir, arrivée en Suède en 2007, a travaillé en tant que présentatrice au département arabe à la prestigieuse Sverige Radio SR (la Radio suédoise). Elle était chargée de réaliser des interviews, de faire découvrir les talents arabes et de couvrir les plus importants événements politiques au pays scandinave. «La vie sociale en Suède est très différente de celle qu'on connaît au Maroc», nous lance d'emblée Sofia. «J'ai commencé par faire des études de journalisme en Suède. Après avoir obtenu mon diplôme j'ai postulé à SR», ajoute Sofia dans un entretien avec MAP-Stockholm. «Les Suédois sont de nature solitaire. Ici il faut non seulement faire le premier pas, mais aussi le deuxième et le troisième pas pour arriver à son objectif», ajoute-t-elle, soulignant toutefois que «la Suède est un pays très tolérant et respectueux des minorités». «Malgré toutes ces différences, les peuples marocain et suédois ont beaucoup à apprendre l'un de l'autre», poursuit Sofia, membre active de Norrlandia, une association visant à promouvoir les relations entre les pays d'Afrique du nord et les pays scandinaves dans les domaines de la culture et des droits de l'Homme. Après avoir fait des études en interprétariat, Sofia travaille actuellement sur la création d'une agence de traduction en Suède. Son objectif : créer des ponts de communication entre les deux pays et faire connaître les différents atouts du Maroc. «Notre culture est méconnue en Suède, d'où l'importance de la création de cette agence. Je veux également faciliter la tâche des chercheurs marocains», explique-t-elle. «En tant que Marocains résidant à l'étranger, on a souvent l'impression d'être des ambassadeurs de notre pays, et on doit agir en tant que tel», souligne Sofia, bien décidée à aller au bout de ses rêves. De son côté, Ahmed Hamdouchi est chef d'escale et chef de personnel à la Scandinavian Airlines System (SAS). Arrivé en 1998 en Suède, ce natif d'El Jadida est un ancien joueur de volleyball au Difaa Hassani d'El Jadida (DHJ). Il a fait des études en tourisme en Suède et devait gagner sa vie en parallèle. «J'ai travaillé comme distributeur de journaux dès 4h du matin dans des températures extrêmes atteignant parfois -30 degrés. J'ai aussi été aide-soignant pour les personnes âgées et même vendeur de sabots», raconte-il. Ahmed a joué aussi un rôle important dans le transfert au club de Malm? FF de l'ancien gardien du DHJ et de l'AS FAR, Driss Asmar, et de deux autres joueurs marocains. «J'ai fait ça sans toucher le moindre sou. C'était surtout pour aider ces footballeurs», ajoute-il. «Mes débuts en Suède étaient difficiles. C'est difficile de gagner la confiance des Suédois et de s'habituer à la rudesse du climat ici, et en plus je devais apprendre à parler le suédois», se rappelle-t-il. Sa grande volonté a fini par triompher de tous ces obstacles, et en 2006 il rejoint la SAS. La suite, une ascension sur le plan professionnel et la reconnaissance auprès de ses pairs. Agé de 44 ans et père de deux enfants, Ahmed n'a jamais oublié ses origines. «J'ai créé une société de voyages pour ramener les touristes suédois au Maroc. J'ai participé à trois émissions diffusées par la télévision suédoise pour faire connaître mon pays et promouvoir la destination Maroc», ajoute Ahmed avec fierté. Membre actif de l'association caritative Solidarité Maroco-Suédoise, Ahmed n'a plus qu'un seul dernier objectif : «voir les Marocains de la Suède réunis au sein d'une même organisation pour faire connaître le Royaume et défendre plus ardemment la cause nationale». Pour sa part, Said Legue (31 ans) est une véritable star en Suède. Acteur talentueux, ce jeune homme de 31 ans compte 14 films et 3 pièces de théâtre à son actif. Il est aussi un membre actif du club-association FC Ibra, auquel la star numéro 1 de la Suède, Zlatan Ibrahimovic, a prêté son nom pour le soutenir. Promis à un bel avenir au football professionnel, Said est devenu acteur suite à un accident qui l'a éloigné des terrains de foot. «Suite à mon accident, j'ai travaillé à Volvo. Un jour, en regardant un film suédois, il y a eu le déclic. Je me suis dit que je pouvais être acteur», se souvient-il. «Une rencontre m'a ouvert la voie de la télévision, et j'ai collaboré à l'écriture du scénario d'une série TV, et par la suite on m'a proposé un rôle», indique Said. «Je suis le premier étranger à jouer le rôle d'un policier dans une série TV suédoise», ajoute-t-il. La reconnaissance n'a pas tardé, puisque son profile et sa passion pour le cinéma et le théâtre ont réussi à conquérir les cinéastes, tombés sous son charme. Son action au sein du club FC Ibra est suivie à la loupe par la chaîne de télévision suédoise SVT. «Avec ce club on a remporté le championnat de Suède de futsal en 2012», nous raconte-il fièrement. Mais ce n'est pas un simple club, c'est aussi une association qui travaille auprès des enfants en situation difficile. Mettant à profit sa notoriété et le respect qu'il a gagné auprès des jeunes, Said multiplie les meetings et les rencontres avec les jeunes pour les conseiller et les soutenir. Ambitieux, Said, dont le prochain film prend part au prochain festival du film de Goteborg pour ensuite être diffusé par la SVT, travaille actuellement sur un projet de série télé maroco-suédoise, l'objectif, indique-t-il, est de développer la coopération entre les deux pays dans ce domaine. Mouaad Joumani est l'un des plus fervents défenseurs de la cause nationale en Suède. Ce Marocain issu des provinces du sud du Royaume est arrivé au pays scandinave en 1991 et est très actif dans les différents forums et rencontres organisés en Suède. Ce spécialiste de la restauration travaille actuellement au sein de Tallink Silja Line, l'une des plus grandes compagnies maritimes en mer baltique. Pour lui, la langue a été le majeur obstacle l'ayant confronté à sa venue en Suède. Mais tout ceci n'est plus qu'un lointain souvenir pour ce Marocain de 40 ans. Mouaad ne rate aucune occasion pour défendre en Suède la cause nationale. Il multiplie les rencontres avec les différentes composantes de la société suédoise pour faire connaître les origines du conflit artificiel autour du Sahara. «Les ennemis de l'intégrité territoriale ont trouvé en Suède un terrain fertile pour véhiculer toutes sortes de mensonges en vue de gagner le soutien des Suédois», indique-t-il, soulignant l'importance des efforts consentis par l'ambassade du Maroc en Suède et l'ambassadeur de SM le Roi à Stockholm, Yahdih Bouchaab, pour la défense de la cause nationale. «Cependant il y a un vide au niveau des partis marocains et de la diplomatie parlementaire», estime Mouaad, qui appelle à une plus grande mobilisation à cet égard dans la perspective des élections législatives en Suède, prévues en septembre 2014. Il est vrai que les profils de la communauté marocaine en Suède diffèrent, mais force est de constater qu'ils sont unis par leur fierté de leurs origines et leur volonté d'œuvrer pour un Maroc meilleur