La séance plénière à la Chambre des Représentants a été, à une heure tardive de la nuit du dimanche, le théâtre de confrontations houleuses entre le groupe istiqlalien «Pour l'Unité et l'Egalitarisme» et le groupe du Parti de la Justice et du Développement. Confrontations auxquelles donnaient lieu les nombreux amendements soutenus par les Istiqlaliens au sujet de diverses questions contenues dans le projet de loi de finances 2014. Le point nodal parmi ces questions fut celui concernant l'article 22 du projet de loi relatif au statut général de la Fonction Publique, auquel article le groupe istiqlalien a proposé qu'une exception soit appliquée de manière à ce que les 3000 postes créés au titre du budget 2014 soient réservés aux titulaires des diplômes supérieurs recensés au PV signé par le gouvernement le 20 juillet 2011 et stipulant l'embauche directe. S'étant chargé de présenter cet amendement, M. Abdelkader El Kihel, membre du groupe istiqlalien, a rappelé les étapes parcourues par ce dossier, dont celle de la justice, où le Tribunal Administratif de 1ère Instance à Rabat a statué sur la légalité du PV en question, soulignant au passage que le recours par les intéressés à la justice s'est effectué suite à une proposition faite dans ce sens par le chef du gouvernement, et concluant son intervention en affirmant que cet amendement est à même de préserver la dignité de toutes les parties. Mais, ne l'entendant pas de cette oreille, le gouvernement, par la bouche du ministre délégué au Budget, a opposé un niet à l'amendement en question. C'est alors que le député péjidiste Aftati s'est saisi de l'occasion pour donner cours à un flot d'accusations et avancer des faits sans fondements, politisant le dossier à souhait. Dans son élan allégataire, Aftati a tenté de jeter le discrédit sur les opérations de recrutement dans la Fonction Publique des chômeurs titulaires des diplômes supérieurs, accusant le gouvernement précédent d'avoir embauché des personnes autres que celles qui manifestaient dans la rue et prétendant détenir les noms dans cette affaire où, a-t-il avancé, le népotisme était de mise. Ce à quoi El Kihel a rétorqué en manifestant son étonnement du fait que le député péjidiste a passé sous silence, durant les deux dernières années, le népotisme et le clientélisme supposés et attendu que le Parti de l'Istiqlal ait quitté le gouvernement pour en faire la « découverte », s'étonnant encore plus qu'Aftati, qui affiche tant d'attachement à la légalité, n'ait pas déposé de plainte auprès de la justice au sujet de ses accusations, aussitôt constatées par lui, d'autant plus que le ministre de la Justice et chef du parquet général n'est autre que Me Mustapha Ramid, son co-partisan. Dans sa riposte, affirmant qu'Aftati pratique le populisme et la surenchère à dessein de politiser l'affaire, El Kihel le défia devant toute l'assistance de donner un seul nom de personne embauchée de manière douteuse, lui laissant le temps pour ce faire, même en dehors de la séance en cours. Le député istiqlalien a, en outre, martelé que ceux qui tournent aujourd'hui le dos aux diplômés chômeurs, dont Aftati, sont ceux-là mêmes qui ne rataient pas d'occasion pour se faire prendre en photos en se faisant passer pour des solidaires lors du matraquage de ces chômeurs par les forces de l'ordre. Ce sont ceux-là mêmes qui rendaient des visites de solidarité aux chômeurs qui avaient investi de force le siège central du Parti de l'Istiqlal à Rabat. Ce sont ceux-là mêmes qui se sont servi du drame des diplômés dans de vils objectifs électoraux, pour ensuite mépriser les décisions judiciaires. Ils ont fait monture de slogans de l'étape pour, une fois arrivés au pouvoir, donner libre cours aux matraques des forces de l'ordre et briser les os des chômeurs, faisant profiter, par la même occasion, leurs proches et co-partisans des hautes fonctions. Ce drame, a-t-il poursuivi, ne supporte ni populisme, ni surenchère, et le Parti de l'Istiqlal est fier de ce qu'il a offert à cette catégorie large des diplômés chômeurs dont il a embauché des dizaines de milliers, contribuant de la sorte à les sauver de la perte et à favoriser l'établissement de milliers de foyers, aujourd'hui heureux. Pour sa part, Mustapha Hanine, également membre du groupe istiqlalien et ancien chef du Cabinet du chef du gouvernement sous Abbas El Fassi, et donc directement concerné par les accusations fallacieuses d'Aftati, a fait valoir que les membres du groupe qui ont travaillé sur ce dossier et lui-même se mettent à la disposition de la justice pour enquête au sujet de ce que le député péjidiste avance et ce dont il fait propagande depuis des mois.