La conférence de paix de Genève-2 espérée fin novembre reste suspendue à la participation d'une «opposition crédible» à cette réunion visant à trouver une issue au conflit en Syrie, a mis en garde dimanche l'émissaire de l'ONU. La tenue de cette conférence qui doit réunir le régime et l'opposition autour d'une même table, fait l'objet d'âpres discussions depuis plusieurs semaines. Sur le terrain, la situation est critique et l'ONU comme les Etats-Unis ont réclamé la mise en place de couloirs humanitaires pour secourir les civils pris au piège des combats et des sièges, notamment dans la banlieue de Damas. Face à l'enlisement du conflit, qui a fait plus de 115.000 morts en deux ans et demi, et à la dégradation de la situation humanitaire, la communauté internationale tente de mettre en place Genève-2 pour avancer vers une solution politique. Le secrétaire général de la Ligue arabe Nabil al-Arabi a indiqué que cette conférence se tiendrait le 23 novembre. Mais selon l'émissaire de l'ONU et la Ligue arabe pour la Syrie, Lakhdar Brahimi, actuellement en tournée dans la région, «il y a eu un accord afin que Genève-2 se tienne en novembre» mais «la date n'a pas encore été arrêtée de façon officielle». Les ministres de 11 pays occidentaux et arabes et l'opposition syrienne doivent se retrouver mardi à Londres pour préparer cette conférence, plusieurs fois repoussée, et convaincre l'ensemble des opposants d'adhérer au processus. «Il y a de nombreuses difficultés qu'il faudra encore surmonter pour que cette conférence soit un succès», a affirmé M. Arabi, après avoir rencontré M. Brahimi au Caire. Ce dernier a jugé pour sa part que la conférence n'était pas envisageable «sans une opposition crédible, représentant une partie importante du peuple syrien opposé» au régime. L'opposition, très divisée, doit décider la semaine prochaine à Istanbul de sa participation à Genève-2. Le Conseil national syrien (CNS), le groupe le plus important de la Coalition de l'opposition, a annoncé qu'il n'irait pas à Genève et a menacé de faire scission si la Coalition y assistait. Selon Georges Sabra, chef du Conseil, un processus de transition démocratique ne peut s'engager tant que des civils syriens sont assiégés et affamés par l'armée. M. Brahimi a indiqué aux journalistes qu'après l'Egypte, où il est arrivé samedi, il se rendrait au Qatar et en Turquie --qui soutiennent l'opposition--, en Iran, allié régional du régime Assad, en Syrie et ensuite à Genève afin d'y rencontrer des représentants russes et américains, à l'origine de ce projet de conférence. Damas a accepté la venue de l'émissaire, mais a prévenu que son travail devait être «impartial», a rapporté le journal pro-régime Al-Watan dimanche. La dernière visite en Syrie de M. Brahimi, en 2012, avait été vivement critiquée par les autorités qui l'avaient accusé de «biais flagrant». Ces nouveaux efforts diplomatiques interviennent plus d'un mois après la conclusion d'un accord russo-américain sur le démantèlement de l'arsenal chimique syrien, qui a éloigné la menace d'une frappe américaine, lancée après une attaque chimique meurtrière imputée au régime le 21 août près de Damas. Par ailleurs, les autorités syriennes restaient muettes dimanche sur un éventuel élargissement de dizaines de détenues réclamé par les rebelles, dans le cadre d'un accord ayant permis la libération de neuf otages libanais contre celle de deux pilotes turcs enlevés à Beyrouth.