Le président palestinien Mahmoud Abbas a déclaré jeudi que le temps venait à manquer pour la paix au Proche-Orient et a exhorté les grandes puissances à freiner la construction de colonisations israéliennes qui risquent de saper le processus de paix rouvert cet été sous l'égide des Etats-Unis. Dans une allocution prononcée lors de la 68e Assemblée générale des Nations unies, Mahmoud Abbas s'est engagé à poursuivre les négociations avec Israël tout en brossant un tableau «désespérant et sombre» des perspectives de paix. Ces déclarations surviennent au lendemain de celles du secrétaire d'Etat américain John Kerry, plus optimiste, qui a assuré que les deux parties allaient intensifier leur dialogue. La reprise des discussions, mises en sommeil depuis un certain temps, est une réussite personnelle de John Kerry, mais de nombreux Palestiniens et Israéliens, ainsi que des experts indépendants, sont sceptiques sur les chances de succès de ce nouveau cycle de négociations. «Le temps vient à manquer, et la fenêtre de paix se ferme peu à peu et les chances diminuent», a déclaré le président palestinien. «Le cycle actuel de négociations semble être la dernière chance de trouver une paix juste.» L'intervention de Mahmoud Abbas n'a toutefois pas eu l'écho recherché, alors que l'attention est focalisée sur les dossiers du nucléaire iranien et de la Syrie. C'était la première fois qu'il s'exprimait à la tribune des Nations unies en tant que représentant de l'Etat de Palestine, reconnu en novembre dernier malgré l'opposition des Etats-Unis et d'Israël. Il a assuré les Israéliens que ce statut d'Etat non-membre ne les rendait pas moins légitimes et a appelé Israël à travailler avec lui pour «semer les graines d'une relation de bon voisinage» entre les deux peuples. Le président palestinien a également appelé les Israéliens à renoncer «à leur obsession sécuritaire exagérée. Mahmoud Abbas a réservé ses critiques les plus vives à la politique de colonisations israéliennes sur des territoires dont les Palestiniens souhaitent pouvoir disposer pour créer leur propre Etat. Cette politique, a-t-il estimé, remet en question les chances de coexistence de deux Etats. Les Etats-Unis prônent un accord dans le cadre duquel Israël existerait à côté d'un nouvel Etat palestinien dont les frontières correspondraient à celles qui existaient avant la guerre de 1967. «Nous demandons à la communauté internationale de rester vigilante pour condamner et faire cesser les actions qui, sur le terrain, risquent de miner les négociations, et je fais référence ici, par dessus tout à la poursuite de la construction de colonies sur notre terre palestinienne, particulièrement à Jérusalem.» Le ministre des Affaires stratégiques Youval Steinitz, un proche du Premier ministre Benjamin Netanyahu, a qualifié le discours de «décevant», notamment parce qu'il ne contenait pas de reconnaissance de l'Etat d'Israël. «Ce qui est vicieux, c'est que d'un côté il dit qu'il ne remet pas en question la légitimé d'Israël et de l'autre il lui refuse sa légitimité, par exemple en refusant d'accepter qu'Israël est établi et a le droit d'exister en tant qu'Etat juif», a dit Youval Steinitz.