Le nouveau président du Pakistan Mamnoon Hussain a officiellement pris lundi ses fonctions à la tête d'un Etat aux prises avec les rébellions islamistes et une grave crise économique et énergétique. M. Hussain, un homme d'affaires discret et respecté de 73 ans originaire de Karachi (sud), succède à Asif Ali Zardari et devient ainsi le 12ème homme à occuper cette fonction désormais honorifique dans l'histoire du Pakistan. Il est un fidèle de Nawaz Sharif, chef de la Ligue musulmane (PML-N) redevenu Premier ministre et l'homme fort du pays après la victoire de son parti lors des élections générales de mai dernier. En 2010, le Pakistan avait adopté une réforme transférant la majorité des pouvoirs du président au Premier ministre. Mamnoon Hussain a prêté serment lundi après-midi devant le chef de la Cour suprême, le juge Iftikhar Muhammad Chaudhry lors d'une courte cérémonie organisée à Islamabad juste après une réunion des principaux partis politiques du pays, venus discuter ensemble de la manière de réduire les violences des rebelles islamistes. M. Hussain avait été élu président fin juillet dernier par un comité formé des députés et des sénateurs du parlement fédéral. Cette passation de pouvoirs au sommet de l'Etat cimente la transition démocratique historique enclenchée en juin dernier avec le passage de relais entre deux gouvernements élus. Son prédécesseur Zardari, veuf de l'ancienne Premier ministre Benazir Bhutto, avait été porté au pouvoir en 2008 à la suite des élections qui avaient mis fin à la férule militaire du général Pervez Musharraf. La discrétion du nouveau président contraste avec l'image controversée de M. Zardari, lui aussi très proche des milieux d'affaires mais dont la réputation a été ternie par des allégations de corruption qui lui ont valu le sobriquet peu flatteur de «Monsieur 10%», en référence à des commissions qu'il aurait touchées sur des contrats publics. M. Zardari, dont le camp fut largement battu par M. Sharif aux élections de mai dernier, fut également critiqué pour son manque de leadership sur les fronts économiques et sécuritaires. A son crédit, ses cinq ans au pouvoir auront permis à un gouvernement élu de terminer son mandat et de passer la main à une autre équipe issue des urnes, une première dans ce pays né en 1947 de la partition de l'empire britannique des Indes et à la jeune histoire jalonnée de coups d'Etat.