Attendu depuis 2012 dans la perspective de mise en service du Tramway, Mdina Bus, principal intervenant du transport de masse par bus à Casablanca, a lancé le système de billettique à partir du vendredi 26 juillet mais uniquement dans le réseau de transport de Mohammedia. La nouveauté du système (vente de tickets électroniques à la place des tickets remis par receveur en vigueur jusqu'à présent) fait que le transporteur choisit de procéder par phases avant de généraliser. Ainsi, la phase inaugurale a lieu à Mohammedia sur deux lignes qui desservent les quartiers dans cette ville, lignes 1 et 2. «La généralisation sur tout le réseau se fera progressivement dans les prochaines semaines» déclare M. Youssef Ouadghiri chef du capital humain à M'dina Bus, tout en précisant que «pendant un certain temps, la vente des tickets se fera encore à bord des bus via receveur en attendant la distribution des cartes prépayées». Ces cartes seront disponibles dans des agences commerciales pas encore ouvertes pour le moment. En attendant l'ouverture des agences, il y aura des agences mobiles avec des véhicules aménagés en agences commerciales placées dans les lieux stratégiques où il y a une forte affluence apprend-on de même source. Le système de billettique permettra d'instaurer la complémentarité entre bus et tramway, autrement dit un seul ticket pour utiliser au besoin les deux modes de transport. Muni d'un ticket électronique, l'usager doit le valider en montant dans le bus. Il s'agit de plus de 800 bus qui doivent être équipés de billettique. L'entrée en service de ce nouveau système moderne à Casablanca va mettre fin à l'ancien qui nécessitait la présence d'un receveur à l'intérieur du bus pour remettre les tickets aux passagers en ramassant l'argent dans une sacoche. L'argent ne circulera plus dans le bus. C'est désormais dans des agences commerciales que les tickets seront achetés et rechargés. Une bonne partie des receveurs se verront reconvertis en agents commerciaux. Il y a donc des métiers qui vont disparaître comme celui de receveur et d'autres qui vont connaître une évolution comme la profession de contrôleurs et, enfin, de nouveaux métiers où se reconvertiront d'ex-receveurs en agents commerciaux. On ignore quel sort sera fait des employés incapables de se reconvertir dans de nouvelles fonctions ramenées par le nouveau système. Ce changement, avec l'entrée en vigueur de l'usage du ticket électronique, ne manquera pas d'entraîner des chamboulements dans les habitudes des usagers des quartiers populaires, du moins au début du lancement du fait de lenteurs au démarrage de l'opération surtout dans les heures de pointe. Si le système ressemble à celui du tramway, on pense qu'il y aura plus de difficultés. Des craintes sont formulées étant donné qu'il n'y a pas eu réellement, jusqu'à présent, de campagnes de sensibilisation massive pour faire comprendre ce dont il s'agit pour le demi million de voyageurs quotidiens de Mdina Bus qui eux, existent alors que le tramway en démarrant en décembre 2012 devait créer et fidéliser une clientèle nouvelle. Tout ce qui a été réellement fait comme sensibilisation à M'dina Bus c'est le lancement depuis le 3 juin de ce qu'on a appelé l'opération «montée/descente» qui a consisté à appeler les usagers à s'habituer à monter par la porte de devant et descendre par la porte arrière en prévision de la mise en application du nouveau système où le chauffeur sera seul à bord comme représentant de M'dina Bus avec la machine électronique placée à côté de lui. En procédant par phases, le transporteur atténuera peut-être les tracasseries pour les centaines de milliers de voyageurs dont, selon les estimations de Mdina Bus, 90% utilisent les bus pour aller au travail et sont de ce fait tenus par un horaire déterminé. Ces voyageurs sont appelés à se procurer les cartes prépayées, à apprendre comment les recharger et à assimiler tous les changements qui découlent du nouveau système. Dans un communiqué, Mdina Bus «sollicite la compréhension des usagers sur les éventuelles perturbations qui pourraient résulter de l'entrée en vigueur de la billettique». Il s'agit en effet de changements d'habitudes de transport et cela ne manquera pas de se répercuter sur les horaires, du moins au début. Combien de temps faudra-t-il pour accéder à ces changements structurels ? Ceux-ci entrent dans le cadre de ce qu'on appelle l'intermodalité qui prévoit d'établir des connexions bus/bus et bus/tramway comme signalé plus haut. Autrement dit avec un ticket unique on peut monter successivement dans deux bus ou prendre le bus et par la suite le tramway ou vice versa. L'usager des bus devra désormais, avec le nouveau système, détenir une carte d'une validité de 3 ans qu'il devra acheter à 20 DH. A propos de cette carte on nous dit «qu'au début les usagers peuvent l'avoir à titre gracieux, il suffit d'en faire la demande dans les délais...». Message pas très clair. D'aucuns pensent que le nouveau système commence déjà par la vente des services dans un secteur de transport où il y a monopole et, du coup, on ne peut qu'accepter tout ce qu'on propose/impose puisqu'il n'y a pas d'autres choix. Jusqu'à présent, le bus à Casablanca est le transport de masse le moins cher. Généralement, c'est 4 Dh le voyage. Dans certaines lignes, cela peut aller à 4,50 Dh, 6 Dh du fait de la longueur du trajet comme la ligne 900 desservant le trajet Sidi Belyout-Mohammedia. Les tarifs qui sont fixés par l'autorité délégante ne connaîtront pas de changement assure-t-on. La longueur des lignes fait partie des points sur lesquels M'dina Bus est en pourparlers pour révision du contrat de gestion déléguée. M'dina qui emploie 4.500 agents entre machinistes, receveurs, administratifs, se dit déficitaire jusqu'à présent d'où les pourparlers pour la révision du contrat. Secteur vital pour l'économie dans la ville, le transport collectif par bus reste largement prépondérant à Casablanca. A elle seule l'entreprise Mdina Bus transporte 141 millions de voyageurs par an. Quoiqu'il existe encore d'autres transporteurs par bus privés, Mdina Bus est depuis 2004 le premier transporteur avec une flottille de 860 bus. L'importance économique et sociale de cette entreprise pour Casablanca se voit à travers des données comme le fait que 90% des usagers utilisent le bus pour aller au travail et il s'agit de plus d'un demi million de voyageurs par jour qui prennent d'assaut 70 lignes. De plus, 54% des usagers de Mdina Bus utilisent uniquement le bus comme mode de transport pour se déplacer.