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Agropoles : Des zones d'activités à vocation agro-industrielle, logistiques et de services et des plateformes commerciales
Offre exportable : Développer une approche filière intégrée et adapter la production aux exigences des marchés
Publié dans L'opinion le 19 - 06 - 2013

Agroalimentaire : Valoriser les avantages comparatifs du Maroc à l'export: Contrats-programmes : 70 MMDH pour restructurer les chaînes de valeurs des filières exportatrices
Le secteur des exportations des produits agroalimentaires a fait l'objet d'une étude réalisée par la DEPE (Direction des Etudes et des prévisions économiques relevant du ministère des Finances) consacrée à la valorisation de ses avantages comparatifs et dont nous avons publié une première partie dans notre supplément économique de mercredi dernier.
Cette étude se propose d'analyser les performances des exportations du secteur agroalimentaire marocain et des politiques engagées pour les promouvoir, en particulier, dans le cadre du Plan Maroc Vert. Z cet effet, elle examine, tout d'abord, l'évolution des avantages comparatifs révélés du secteur sur la période 1990-2010, ce qui permet, d'une part, d'apprécier la place du secteur agroalimentaire dans la dynamique de diversification de l'économie marocaine marquée par une double mutation structurelle de spécialisation sectorielle et de diversification spatiale, et, d'autre part, de déceler les gains et les pertes en avantages comparatifs des différentes filière du secteur, notamment, par rapport aux principaux pays méditerranéens qui constituent des concurrents potentiels du Maroc sur ces produits.
L'examen des performances des principaux produits de ce secteur à l'export permet, de son côté, l'appréciation de la position du Maroc sur le marché mondial et de sa capacité à s'adapter aux évolutions structurelles de ce marché. A la lumière de cette analyse, un examen des actions stratégiques engagées dans le cadre du Plan Maroc Vert en faveur de ce secteur a été mené dans l'objectif d'identifier les enseignements utiles pour un ajustement des politiques en vigueur.
La seconde partie de cette étude, que nous publions ci-après, passe en revue la situation et les opportunités qui existent dans la filière oléicole avant de formuler des propositions pour une amélioration de la compétitivité des produits agroalimentaires destinés à l'export .
Filières oléicole et d'huile d'olives
Concernant le secteur des produits végétaux transformés, il est caractérisé par un faible taux de valorisation de la production agricole marocaine. Pour le développement de ce secteur, la filière oléicole (comprenant l'huile d'olives et les conserves d'olives) représente un créneau porteur en forte progression au niveau du marché mondial.
Au Maroc, la trituration des olives est réalisée par un secteur moderne composé d'unités industrielles et semi-industrielles et par un secteur traditionnel constitué d'unités artisanales (les maâsras). Le secteur moderne compte plus de 345 unités industrielles ou semi-industrielles avec une capacité de transformation de prés de 420.000 tonnes. L'activité de la trituration traditionnelle compte plus 16.000 unités pour une capacité annuelle totale d'environ 170.000 tonnes par an. Ce système traditionnel produit en moyenne près de 42% de la production nationale de l'huile d'olive.
Cette filière présente des points forts consistant, essentiellement, dans les incitations importantes à l'investissement, le potentiel du marché intérieur du fait de l'évolution du modèle de consommation et de la couverture insuffisante des besoins du pays, la croissance de la demande mondiale, ainsi que les accords de libre-échange avec les USA et l'UE permettant un accès libre de l'huile d'olive sans limite contingentaire à ces marchés.
La consommation de ce produit reste encore faible au Maroc avec une quantité qui ne dépasse pas 2,5 Kg d'huile/personne/an contre 26,4 kg en Grèce, 15,8 kg en Espagne, 12,8kg en Italie et 5 kg en Syrie. Toutefois, l'analyse de la filière de l'huile d'olives montre que le faible niveau technologique conjugué à la dépréciation de la qualité de la matière première, en raison des mauvaises conditions de sa manutention, génère des huiles non conformes aux standards internationaux. De même, l'absence de contrôle de la qualité au niveau des unités de transformation affecte négativement la qualité des huiles produites. D'un autre côté, cette filière est marquée par la prédominance de la commercialisation locale de l'huile d'olive qui absorbe entre 85% et 95% de la production moyenne annuelle.
En termes de positionnement sur la marché international, les exportations d'huile d'olive marocaines restent concentrées sur deux principaux marchés à savoir l'Union européenne et les Etats-Unis avec respectivement des parts moyennes dans ces exportations de près de 50% et de 37% sur la période 1998-2011 et une tendance ces dernière années à l'augmentation de la part du marché américain.
Concernant l'évolution du marché mondial de l'huile d'olive, les statistiques de la FAO indiquent une forte dynamique de ce marché sur la période 1990-2010, avec un TCAM de près de 5,4 %. Cette évolution a été le résultat de l'augmentation des importations des principaux débouchés dont, notamment, les Etats-Unis, deuxième importateur mondial en 2010, avec un TCAM de près de 5,1%. La progression de la demande de ce produit s'est également produite dans d'autres marchés dynamiques, comme le Japon, le Royaume-Uni, l'Allemagne et le Canada qui ont vu leurs importations s'améliorer en moyenne annuelle respectivement de près de 12,4%, 11,5%, 9,6% et de 7,6% sur la même période.
Eu égard aux énormes opportunités offertes sur ce marché, les performances du Maroc restent insuffisantes, notamment, en comparaison avec ses principaux concurrents méditerranéens. Ainsi, alors que notre pays s'est situé en 2010 au rang de sixième fournisseur mondial de l'huile d'olive, ses exportations en ce produit ont enregistré une évolution annuelle moyenne négative sur les deux dernières décennies, avec un rythme de près de -1,4%. Cette performance contraste avec celles d'autres pays méditerranéens qui ont vu leurs exportations fortement progresser sur la même période, dont, en particulier, la Syrie (+30,5%) et la Turquie (+8,8%).
La filière des conserves d'olive reçoit près de 25% de la production nationale d'olives et elle est composée de deux secteurs l'un traditionnel et l'autre moderne. L'activité traditionnelle de conservation d'olives n'est pas structurée et elle est essentiellement intégrée au commerce de détail exploitant des techniques artisanales. La conservation moderne, quant à elle, est assurée par près de 68 unités constituant une capacité globale d'environ 190.000 tonnes par an.
La production des olives de table industrielles, qui est de l'ordre de 120.000 tonnes par an en moyenne, est orientée pour près de 60% à l'exportation. Les quantités commercialisées au niveau local sont présentées en majorité en vrac avec seulement près de 3.000 tonnes commercialisées sous forme conditionnée. La consommation intérieure des olives de table au Maroc, qui est évaluée actuellement à 1,5 kg/personne/an, demeure faible et la consommation totale de notre pays en ce produit ne constitue que près de 3% de la demande mondiale.
Cette filière est handicapée par de nombreuses faiblesses portant, en particulier, sur la fluctuation de l'offre et la faible qualité de la matière première, les mauvaises conditions de récolte et de collecte des olives ainsi que le circuit d'approvisionnement présentant de nombreux intermédiaires. En outre, cette activité souffre des incidences négatives de l'importance du secteur informel de conserveries d'olives, du niveau technologique inadéquat de l'outil de transformation, ainsi que de l'absence d'auto-contrôle et d'assurance-qualité au niveau des unités de transformation. Par ailleurs, il est à noter que les olives en fûts représentent plus de 50% des quantités exportées engendrant une importante perte en valeur ajoutée.
Concernant les points forts de cette filière, ils consistent, essentiellement, dans l'accès en franchise totale de douane des olives à l'UE et aux Etats-Unis sans limite contingentaire, la bonne réputation de l'olive de conserve marocaine dans le marché extérieur, la volonté politique de dŽvelopper la filière, ainsi que dans l'existence d'incitations à l'investissement. Cette filière se caractérise également par de nombreuses opportunités portant, notamment sur l'important potentiel du marché intérieur par suite de l'évolution du modèle de consommation ainsi que la croissance de la consommation des pays européens.
De même, le marché des conserves d'olives reste un créneau porteur, fortement dynamique sur les deux dernières décennies, avec une amélioration des importations mondiales en ce produits de prèès de 5,6 % en moyenne annuelle sur la période 1990-2010. Parmi les destinations les plus importantes de ce marché figurent les Etats-Unis, premier importateur, et la Russie, deuxième importateur au niveau mondial, dont les importations ont évolué respectivement de près de 4,6% et 31,4% en moyenne annuelle sur la même période. En termes d'exportations de conserves d'olive, le Maroc, qui se situe au quatrième rang parmi les exportateurs mondiaux en 2010, a faiblement profité de l'expansion des importations mondiales. De fait, ses exportations ont évolué en moyenne annuelle à peine de près de 2,4% sur la période 1990-2010, contre une évolution de près de 12% pour la Turquie (cinquième exportateur en 2010) et de 6,1% pour l'Espagne (premier exportateur mondial qui concentre plus de 42% des exportations mondiales).
Parmi les freins aux exportations marocaines en olives de table, leur concentration sur un nombre limité de débouchés dont le marché de l'UE qui absorbe annuellement près de 70% des quantités exportées (49% vers la France), suivi par les Etats-Unis avec 23%. Il est à signaler que pour le développement des exportations de cette filière, le Maroc est amené à se conformer aux normes de qualité et d'hygiène de l'Union Européenne ou du Food and Drug Administration des Etats-Unis.
Par ailleurs, pour les conserves végétales, et en particulier les produits oléicoles, d'importantes opportunités sont offertes pour améliorer les exportations marocaines, notamment du fait du caractère nettement moins périssable de ces produits et, surtout, de l'ouverture complète du marché de l'UE à ces produits suite à l'entrée en vigueur de l'accord agricole Maroc-UE dès la campagne d'exportation 2012/2013.
Renforcement des exportations agroalimentaires dans le cadre du Plan Maroc Vert
Dans l'objectif d'améliorer les performances des exportations agroalimentaires marocaines, de nombreux instruments ont été intégrés dans le cadre du Plan Maroc Vert visant, notamment, l'adaptation de l'offre exportable aux nouvelles donnes du contexte international. De fait, à travers une série de contrats-programmes portant sur les principales filières exportatrices, ces instruments consistent en : le renforcement de la production destinée à l'export, l'amélioration de la productivité et de la valorisation des produits agricoles, la promotion des exportations ainsi que l'amélioration de l'accès aux marchés potentiels par le biais de la mise en place de partenariats commerciaux.
Soutien de la production
Compte tenu du rôle socio-économique important que jouent les filières d'exportations agroalimentaires dans l'économie marocaine et de leurs avantages comparatifs, les pouvoirs publics ont engagé avec les professionnels agricoles concernés des programmes d'envergure pour la mise à niveau de ces filières. Ces programmes s'inscrivent dans le cadre de plusieurs contrats-programmes lancés depuis la mise en oeuvre du Plan Maroc Vert en 2008.
Ces contrats-programmes, qui ambitionnent de restructurer l'ensemble des chaînes de valeurs des filières exportatrices à travers, notamment, une meilleure organisation des acteurs dans le cadre d'interprofessions structurées, nécessiteraient des investissements conséquents s'élevant à près de 70 milliards de dirhams, dont 17 milliards de dirhams est pris en charge par l'Etat à travers le Fonds de Développement Agricole, soit environ 25%.
Ces investissements portent essentiellement sur quatre principales filières à savoir les agrumes, l'arboriculture, le maraîchage de primeur et l'oléiculture. La répartition des aides publiques sur ces filières s'arrime aux besoins spécifiques et aux opportunités que recèle chacune d'elle. En effet, la filière oléicole, qui mobilise la plus grande part de ces aides, demeure la plus prometteuse et la plus dynamique au niveau mondial avec des opportunités énormes non encore exploitées par le Maroc.
Néanmoins, il est constaté que les soutiens publics ont porté en particulier sur l'augmentation de la production, qui est déjà élevée, au détriment de l'amélioration des performances de la production déjà en place. Cette orientation, tout en augmentant l'offre, ne permettrait vraisemblablement pas d'améliorer la compétitivité du tissu de production, notamment dans la filière oléicole dont les besoins en termes de mise à niveau sont les plus importants.
Valorisation de la production
Dans une perspective de valorisation de notre production agricole et de montée en valeur ajoutée dans le secteur agro-industriel, et en vue d'offrir un cadre approprié pour l'intégration de l'ensemble de la chaîne de valeur de ce secteur, le Plan Maroc Vert a prévu pour la période 2009-2015 la mise en place de six agropoles dans les principales régions agricoles, à savoir les régions de Meknès, de l'Oriental, du Tadla, du Souss, du Haouz et du Gharb. Ces agropoles ont pour principaux objectifs de renforcer la compétitivité des entreprises du secteur agro-alimentaire et d'accroître la valeur ajoutée dans le secteur.
La réalisation de ces objectifs passera, en particulier, par une meilleure valorisation de la production agricole prévue dans la cadre du Plan Maroc Vert et le développement de la culture d'innovation avec des produits et des technologies répondant aux besoins des marchés. Pour cela, ces agropoles permettront de développer un réseau de partenariats nationaux et internationaux, et seront composés de zones d'activités à vocation agro-industrielle, de zones logistiques et de services, de plateformes commerciales et de distribution, de centres de formation en agro-industrie et services, et de zones d'activités tertiaires.
D'un autre côté, et pour promouvoir la qualité de la production agricole du Maroc à l'extérieur, deux lois ont été mises en place portant respectivement sur les indications géographiques (promulguées) et sur les produits biologiques (en cours d'approbation). Concernant la première loi, le Maroc s'est engagé avec l'UE pour la conclusion d'un accord de protection mutuelle des Indications géographiques trois mois aprèès la mise en oeuvre du nouvel accord agricole conclu.
Davantage d'efforts sont nécessaires pour rattraper le retard cumulé par le Maroc en termes de valorisation de sa production agricole. En effet, le taux de valorisation de la production agricole au Maroc demeure nettement inférieur à ses principaux concurrents méditerranéens avec seulement un taux de près de 29,1% contre 68,1% pour la Tunisie et plus de 46,5% pour la Turquie (2010).
Promotion des exportations
Parmi les principales actions stratégiques programmées dans le cadre du Plan Maroc Vert pour améliorer les performances à l'export du secteur agroalimentaire figure la promotion des exportations à travers, en particulier, la diversification et le développement de l'offre exportable agricole et l'amélioration du système incitatif au profit de la promotion des exportations.
Ainsi, et outre les aspects liés à la production, le développement de l'offre exportable est visé à travers l'adoption de l'approche filière intégrée pour harmoniser les interventions au niveau des divers segments des filières, la promotion de l'intégration par l'agro-industrie, l'adaptation de la production nationale aux exigences des marchés extérieurs sur le plan de la normalisation et de la qualité, ainsi que le développement des produits agricoles à haute valeur ajoutée tels que les produits biologiques et les produits de terroir.
Le Plan Maroc Vert vise également l'amélioration du système incitatif au profit de la promotion des exportations par le biais, en particulier, de la réforme du Fonds de Développement Agricole en introduisant de nouvelles subventions, en renforçant les aides accordées à certaines catégories d'exportations et en encourageant les projets d'agrégation.
Cette politique de promotion des exportations gagnerait à être rénovée à travers, en particulier, l'amélioration des performances et le renforcement du réseau mondial d'agences commerciales couvrant les marchés d'exportation du Maroc, aussi bien traditionnels que ceux à potentiels avérés. Ces agences devraient êêtre gérées par des compétences spécialisées qui mobiliseraient leur connaissance approfondie des marchés pour accompagner les exportateurs marocains.
Renforcement des partenariats commerciaux
Dans un contexte international caractérisé par la l'ouverture des marchés et la recrudescence de la concurrence, le Maroc s'est engagé à renforcer ses relations commerciales avec ses principaux partenaires dans l'objectif d'améliorer l'accès de ses exportations agroalimentaires ˆ ces marchés. Cette politique vise ˆ diversifier les marchés extérieurs pour réduire sa dépendance à l'égard de l'Union européenne, en s'ouvrant sur de nouveaux marchés offrant d'importantes opportunitŽs (USA, Turquie, Canada, pays arabes Méditerranéens, pays de l'UMA, pays de l'Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA...)). Cette politique n'omet pas pour autant le renforcement de la position du Maroc sur les marchés traditionnels (Nouvel Accord de libre Žchange avec l'UE conclu en 2012).
Toutefois, les résultats dégagés par la mise en place de ces formes de partenariats restent à améliorer et sont entravés, en particulier, par le respect et l'alignement sur les normes techniques du commerce (normes sanitaires ou phytosanitaires, normes environnementales ou de spécifications techniques) et par les subventions accordées par nos partenaires et nos concurrents.
D'où la nécessité impérieuse de s'adapter aux standards européens et internationaux et de procéder à une réforme réglementaire en matière de mesures sanitaires et phytosanitaires. Par ailleurs, il est également primordial de rechercher davantage de complémentarité avec d'autres partenaires commerciaux, en particulier les pays du Grand Maghreb, les pays du Moyen Orient et les pays d'Afrique, avec lesquels nos Žchanges agricoles sont encore peu significatifs.
Avantages comparatifs
avérés à valoriser
L'examen, d'une part, des avantages comparatifs du Maroc en termes de produits agroalimentaires, en particulier par rapport aux principaux pays méditerranéens, et d'autre part, des performances en termes de valorisation de ces avantages comparatifs, notamment dans le cadre de la mise en oeuvre du Plan Maroc Vert, a permis d'identifier aussi bien les entraves au développement des exportations du secteur que les opportunités à saisir pour assurer son essor et sa compétitivité. Les principaux enseignements dégagés de cette analyse ainsi que les propositions formulées pour contribuer à l'amélioration des performances réalisées se présentent comme suit.
Pour le Maroc, la configuration de la spécialisation à l'exportation, telle que déterminée à travers l'utilisation de l'indicateur ACR sur la période 1990-2010, montre que le secteur agroalimentaire a un avantage comparatif par rapport à ses principaux concurrents méditerranéens. Concernant les fruits et légumes non transformés, qui constituent un domaine de forte concurrence entre les principaux pays méditerranéens, le Maroc a enregistré, au cours de la même période, des ACR élevés sur ces produits par rapport à ces pays. Toutefois, il ressort de l'analyse que la place privilégiée du Maroc en termes d'avantages comparatifs sur le secteur des fruits et légumes non transformés n'est pas valorisée d'une manière optimale du point de vue des parts de marché au niveau mondial.
Pour ce qui est des produits agroalimentaires transformés, le Maroc dispose certes d'avantages comparatifs élevés par rapport à ses concurrents méditerranéens, néanmoins, ces avantages ont connu une érosion, durant la période 1990-2010, au profit, notamment, de la Turquie et surtout de l'Egypte. En outre, sur la même période, le Maroc a faiblement profité du niveau élevé de ses ACR, en réalisant des parts de marché sur le marché mondial nettement plus faibles que ceux de l'Italie, de la Turquie et de l'Espagne.
Performances à l'export globalement
à améliorer
Afin de tirer profit des avantages comparatifs dont bénéficient les exportations agroalimentaires marocaines, ce secteur a été au centre de la stratégie agricole Plan Maroc Vert lancée en 2008 et qui a mis en place un ensemble d'actions stratégiques visant à développer les filières du secteur à travers des contrats-programmes indiquant les engagements des parties prenantes aussi bien publiques que privées. En termes de réalisations sur la période 2009-2011, et concernant la diversification des marchés, les exportations agroalimentaires marocaines ont été fortement concentrées sur le marché de l'Union européenne qui a absorbé en moyenne 73% des exportations agroalimentaires globales. Cette forte concentration sur ce marché a rendu le Maroc très vulnérable vis-à-vis de l'évolution des conditions économiques de l'UE.
De même, la structure des exportations agroalimentaires par destination indique de faibles parts pour les marchés asiatiques et africains qui n'ont reçu en moyenne que près de 2% et 3% respectivement des exportations du pays sur la même période. Cette situation indique des opportunités énormes que les exportations agroalimentaires marocaines n'arrivent pas encore à saisir sur les marchés asiatiques, en particulier au niveau des pays arabes du Moyen Orient (Arabie Saoudite et Emirats-Arabes- Unis, en particulier pour les tomates et l'huile d'olives).
Réalisations contrastées par rapport
aux concurrents méditerranéens
L'analyse de l'évolution des performances à l'export des principaux produits agroalimentaires et ce, à l'aune de l'évolution du marché international et des résultats des autres pays concurrents, notamment méditerranéens, permet d'appréhender les défis et les opportunités qui caractérisent les filières agroalimentaires marocaines à l'export et qui conditionnent les réalisations du Plan Maroc Vert.
A ce titre, et pour les exportations marocaines de tomates, et malgré qu'elles aient enregistré une évolution importante durant la dernière décennie, elles ont connu une concentration sur le marché de l'UE qui a absorbé en moyenne près de 90% de ces exportations sur la même période. Cette concentration contraste avec la dynamique du marché mondial dont la croissance a été tirée depuis le début des années 90 par l'évolution plus importante des importations au niveau de pays hors de l'UE (Russie et Etats-Unis). De même, en termes de positionnement sur le marché mondial de tomates, le Maroc, classé sixième exportateur au niveau mondial en 2010, a réalisé un TCAM de près de 5,8% sur la période 1990-2010, contre 14,2% pour la Turquie (position de quatrième exportateur mondial en 2010), 17,6% pour la Syrie (cinquième position) et 4,1% pour l'Espagne (troisième position).
Les mesures à prendre
Dans le cadre de la réflexion sur les actions à entreprendre afin de promouvoir le développement du secteur des exportations agroalimentaires marocaines, l'examen des différents enjeux et défis du secteur a permis de dégager les principales propositions suivantes :
- Adaptation de la politique de soutien au secteur en faveur des exportations
L'examen de la politique poursuivie dans le cadre du PMV pour le développement des exportations agroalimentaires révèle une orientation vers le renforcement de la production, ce qui laisse de faibles marges pour un appui effectif des exportations pour accéder aux marchés potentiels. Il s'avère donc nécessaire de privilégier des actions de soutien ciblées et renforcées à des créneaux porteurs, notamment avec des moyens de logistique appropriés.
- Valorisation de la production destinée à l'export
L'une des contraintes majeures qui limitent l'essor des exportations agroalimentaires réside dans la faible adaptation de la qualité des produits transformés d'origine végétale aux standards internationaux. Cette situation est critique pour des filières à hautes valeurs ajoutées à l'instar des produits oléicoles. Ainsi, pour bâtir une image de marque de la production nationale à l'extérieur, il devient primordial, à l'instar des cas de réussite dans ce domaine au niveau mondial, de mettre en place des institutions spécifiques, notamment pour les principaux créneaux porteurs (oléiculture) qui veillent, outre à la gestion de ces filières, au respect des procédures et des normes de qualité requises.
- Renforcement des partenariats internationaux
L'accès aux marchés figure parmi les entraves au développement des exportations agroalimentaires marocaines. Tel est le cas pour le marché de l'UE qui absorbe plus des deux tiers des exportations agroalimentaires marocaines et qui dresse des obstacles aussi bien tarifaires que non tarifaires afin de protéger les productions agroalimentaires des pays méditerranéens de l'UE de la concurrence des produits importés notamment du Maroc. A ce titre, le nouvel accord agricole Maroc-UE conclu en 2012, quoique plus ouvert sur le Maroc, prévoit des mécanismes de prix d'entrée pour l'accès au marché communautaire dont le rôle est de réduire la concurrence sur plusieurs produits agricoles des pays exportateurs de l'EU, notamment l'Espagne. Ainsi, il est nécessaire de renforcer les exportations marocaines de ces produits vers d'autres marchés porteurs, comme les Etats-Unis, les pays de l'Europe de l'Est, et les pays du Moyen-Orient, à travers, notamment, la négociation de partenariats plus avantageux pour le Maroc et basés sur le principe de complémentarité.
- Mise en place d'une veille concurrentielle
Etant donné la dynamique des marchés agroalimentaires, il est important de disposer d'une veille concurrentielle permettant, d'une part, l'analyse permanente des informations des marchés potentiels au niveau mondial et l'examen de l'évolution des différents maillons de la chaîne de valeur des filières, et d'autre part, d'optimiser les actions des opérateurs professionnels et publics. A travers des informations accessibles et mises à jour en continu, cette veille constituera un instrument incontournable pour moduler les interventions des parties prenantes au vu des enjeux stratégiques qui se présentent.


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