Russes et Occidentaux ont affiché leurs profondes divergences sur la Syrie lors du sommet du G8 qui s'est ouvert lundi en Irlande du Nord. Washington et Moscou n'ont cependant pas renoncé à leur projet de conférence de paix sur la Syrie. Toutefois, pour les Russes, «Genève-2» ne doit en aucun cas signifier la «capitulation» du régime du président syrien. Lors du sommet du G8 qui s'est ouvert lundi en Irlande du Nord, La Russie et les pays occidentaux ont fait montre de leurs profondes divergences sur la question syrienne, sujet qui a même éclipsét l'impact de l'ouverture des négociations d'un accord de libre-échange entre les Etats-Unis et les Européens. Les Etats-Unis et la Russie n'ont cependant pas renoncé à leur projet de conférence de paix sur la Syrie, appelée Genève 2, a assuré lundi le président russe Vladimir Poutine, après un entretien bilatéral avec son homologue américain Barack Obama. «Bien sûr, nos opinions divergent, mais nous avons tous l'intention de mettre fin aux violences en Syrie», a souligné le dirigeant russe. «Nous sommes tombés d'accord pour encourager les différentes parties à venir la table des négociations», a-t-il ajouté. Mais la tenue d'une conférence internationale de paix sur la Syrie, communément appelée «Genève-2» ne doit nullement signifier la «capitulation» du régime du président syrien Bachar al-Assad, a déclaré mardi le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov. «Nous sommes catégoriquement contre (...) les affirmations selon lesquelles la conférence doit être une sorte d'acte de capitulation publique de la délégation gouvernementale, suivi de la passation des pouvoirs en Syrie à l'opposition», a déclaré M. Lavrov, dans un entretien accordé à l'agence de presse koweïtienne KUNA, et dont le texte a été publié par le ministère. Lors d'une réunion bilatérale lundi avec le président français François Hollande, juste avant l'ouverture du G8, M. Poutine est apparu le visage fermé, impavide, pendant que son interlocuteur évoquait la Syrie. Dès son arrivée à Lough Erne, François Hollande avait vivement critiqué la Russie qui «continue de livrer des armes au régime de Bachar al-Assad alors que l'opposition n'en reçoit que très peu et qu'elle est aujourd'hui massacrée». Paris et Londres ont fait lever l'embargo européen sur les armes fin mai et plaident en faveur d'une aide accrue aux rebelles syriens, même si les deux capitales affirment ne pas avoir encore décidé de passer à l'acte. De même pour ce qui est d'une quelconque interventions militaires, qui semble ne figurer, pour le moment, sur l'agenda d'aucun chef d'Etat. Barack Obama a même exprimé lundi son scepticisme sur toute action militaire américaine majeure en Syrie, comme la mise en place d'une zone d'exclusion aérienne, doutant que cela puisse modifier le cours du conflit. «Si vous instaurez une zone d'exclusion aérienne, il se peut que vous ne régliez pas le problème à l'intérieur de cette zone», a déclaré M. Obama dans un entretien diffusé lundi soir par la télévision publique américaine PBS. Pour sa part, le principal intéressé, le président syrien Bachar al-Assad, a mis en garde l'Europe par presse interposée. «Si les Européens livrent des armes, l'arrière-cour de l'Europe deviendra (un terrain) pour le terrorisme et l'Europe en paiera le prix», a-t-il menacé dans un entretien au quotidien allemand des affaires Frankfurter Allgemeine Zeitung (FAZ) à paraître mardi. Quant à l'autre grand soutien de Damas, l'Iran, il s'est, par la voix de son nouveau président élu vendredi, déclaré contre toute intervention étrangère dans les affaires syriennes. Hassan Rohani, considéré comme «modéré», a estimé lors de sa première conférence de presse que Bachar al-Assad devait rester en place «jusqu'aux prochaines élections «. Une solution que rejette catégoriquement l'opposition syrienne, qui réclame le départ du dirigeant syrien après plus de deux années de conflit qui ont fait plus de 93.000 morts selon l'ONU.