Il n'est pas rare que l'artiste peintre Afif Bennani délaisse ses pinceaux et prend sa plume pour nous exposer sa pensée, ses réflexions sur l'art ou attester de son admira ration pour les grands artistes de ce monde. Aujourd'hui, il publie, pour son propre plaisir et le notre ces « Maximes plastiques », que commente l'érudit Daniel Couturier. Gauguin écrivait en 1902: “L'Art plastique exige trop de connaissances approfondies: il exige toute une existence d'artiste supérieur, surtout quand au lieu de se généraliser, il se particularise, quand il devient individuel ayant à tenir compte aussi du milieu où il vit et de son éducation" La vie et l'oeuvre de Afif Bennani ne répondent-elles pas à ces critères? Il y aurait deux Bennani et que d'affinités entre ces personnalités dont le parcours un temps identique laisse à penser qu'il régnait entre eux une grande complicité. Mais pour s'exprimer, l'un prend son stylo, l'autre empoigne ses pinceaux et prépare ses couleurs. Ce qui est intéressant dans l'élaboration de l'oeuvre de Afif Bennani c'est, qu'insoucieux de plaire ou de déplaire à l'institution, il voulut être libre. Il a mis à jour lentement sa vraie nature et retrouvé en son fond, l'âme et l'inspiration populaire aujourd'hui si décriée. En lui, la plus raffinée distinction se concilie avec un instinct puissant. Mais c'est de son expérience qu'il va tirer la matière de ses livres dont le but est, c'est certain, de faire partager au public la quintessence de sa vaste érudition et la simplicité de son expression qui sait conter et classer l'essentiel propre à éclairer la psychologie des êtres et à tirer la leçon des événements. C'est aujourd'hui la démarche d'Afif Bennani qui, confronté aux hommes d'un côté et à lui-même de l'autre, ne cesse de se poser des questions et cherche à y répondre. Il est rare qu'un artiste quittant ses pinceaux et retournant en lui- même, cherche à exprimer les multitudes pensées qui surgissent dans son âme lorsqu'il est devant sa toile. Mais ces pensées qui l'animent ne sont point, comme on pourrait se le persuader, des pensées que personne avant lui n'a jamais eues, mais qu'il s'est avisé, lui, à exprimer. Le but de l'auteur en publiant son livre « Maximes Plastiques » n'est pas simplement de formuler des maximes fortes, il les veut courtes, didactiques et universelles, comme le sont les sciences. En peu de mots, Afif Bennani se montre ici tel qu'il est. Et que faut il attendre des ces réflexions qui pourraient servir à nous faire connaître les efforts d'une âme qui combat ou qui dissimule son trouble secret? Afif Bennani me dit un jour, citant Shakespeare: “ Souffle, souffle au vent d'hiver, tu ne seras pas aussi cruel que l'ingratitude des hommes “ L'essentiel pour lui c'est de continuer à regarder loin devant soi sans se retourner. *Ecrivain et Critique d'Art Membre de la Société des gens de Lettres de France Membre de l'Académie d'Angers