Dans le cadre de sa promotion des Jeunes Talents, le Crédit du Maroc organise du 16 mai au 16 juillet à Casablanca (Val d'Anfa), une exposition de trois artistes peintres autodidactes d'Essaouira, considérés comme les plus représentatifs d'un art apparu il y a quelques quinze ans dans cette région inspirée du Maroc et auquel on a donné le qualificatif « afro-berbère » ou « tribal ». Il s'agit de Mohamed Tabal (voir photo), Abdellah El Atrach et Abderrahim Trifis. A cette occasion, Loft Art Gallery, commissaire de l'exposition, a veillé à l'impression d'un beau catalogue accompagnant l'événement. «Artiste autodidacte né en 1959 dans la région d'Essaouira (El Hanchan), Mohamed Tabal est le premier créateur à avoir investi, picturalement, l'univers mystique de la secte gnaouie, en adoptant vis-à-vis du support une attitude d'homme « possédé », en pleine transe. Dans la lignée de Mohamed Tabal, et vu sous un angle technique plus pointilleux, Abdellah El Atrach, né lui aussi à El Hanchan, région d'Essaouira, en 1972, souscrit sa démarche plastique dans une recherche formelle qui fait grand cas du graphisme et des effets colorés. Devant ses œuvres, on pense parfois à Paul Gauguin dans sa période tahitienne. Nous sommes en face d'une iconographie particulièrement singulière, où les références à l'Afrique ne sont pas vues de l'esprit. Né en 1974 dans la région de Chichaoua et peintre autodidacte lui aussi, Abderrahim Trifis s'est créé un univers proprement métamorphique. Y est représenté un ensemble de motifs et de figures sortis tout droit, dirait-on, de son imagination, dont la polyphonie de la couleur et l'étrangeté des formes rappellent à s'y méprendre l'art amérindien, l'art mystique des sectes religieuses, les vieilles légendes du terroir. Une véritable féerie règne dans les œuvres.