La récente résolution du Conseil de sécurité de l'ONU sur le renouvellement du mandat de la MINURSO met en cause «clairement le rôle central» de l'Algérie dans le conflit régional autour du Sahara, affirme le directeur de l'Observatoire d'études géopolitiques de Paris (OEG), Pr Charles Saint-Prot. Dans une tribune publiée lundi sur le site des questions de défense et de sécurité «theatrum-belli.org», le juriste français épingle Alger pour son soutien aux séparatistes du Polisario et ses vaines tentatives de convaincre la communauté internationale qu'elle n'est pas partie prenante dans le conflit du Sahara. «Tout récemment, le 25 avril 2013, la résolution 2099 du conseil de sécurité des Nations unies a invité les +Etats voisins+ à s'impliquer en vue de mettre fin à l'impasse actuelle dans ce conflit, ce qui revient clairement à mettre en cause le rôle central de l'Algérie», argumente-t-il. Et les dénégations d'Alger «ne dupent d'ailleurs personne puisque tout le monde sait que le Polisario est la création du régime algérien sous Boumediene» et reste l'un «des derniers résidus de la guerre froide», assure-t-il. Le Pr. Saint-Prot dénonce «le dangereux jeu d'Alger contre le Maroc» qui met en péril aussi bien la construction maghrébine que la région maghrébo-sahélienne, sur fond de la publication par la presse d'un document, daté du 16 avril, qui émanerait, affirme-t-il, d'» +un Comité national algérien de solidarité avec le peuple sahraoui+ -sans conteste un des multiples faux-nez des services algériens- informant un responsable du Polisario d'un soutien financier devant être apporté aux militants sahraouis pour mener des actions d'agitation au Sahara marocain». Il s'agirait, rapporte-il, d'»envoyer des agents dans les villes de Laâyoune, Dakhla ou Boujdour pour distribuer de l'argent à des meneurs et à des jeunes embrigadés qui multiplient les provocations dans l'espoir de provoquer une réaction des forces de l'ordre marocaines». Le juriste retient qu'»il est remarquable, au-delà de la guerre des mots et des communiqués, que l'on peut légitimement se demander si l'existence d'un tel organisme ayant pignon sur rue au centre même d'Alger, et dont la vocation est essentiellement subversive, car il sponsorise régulièrement des conférences appelant à la déstabilisation du Maroc, est compatible avec les déclarations selon lesquelles l'Algérie n'est pas impliquée dans le conflit». «Ceux qui seraient tentés d'alléguer une pseudo-indépendance de cette officine vis-à-vis du pouvoir algérien seraient fort avisés de se demander comment une organisation de ce type peut échapper aux tenants du pouvoir occulte algérien qui manipulent à leur profit l'affaire du Sahara marocain», relève-t-il. Dans son décryptage, le Pr. Saint Prot note également que «les vieilles méthodes de désinformation du bloc communiste sont combinées avec le recours à des agences de communication et des organisations utilisant la technique du soft power», comme en témoigne la mobilisation d'ONG étrangères «auto-investies dans la +défense des droits de l'Homme+ selon des critères qui leur sont propres» pour médiatiser de prétendus incidents. «Certaines ne lésinent pas pour complaire aux (riches) dirigeants algériens, quitte à commettre des faux pas grossiers du fait même de cette précipitation aveugle», dénonce le juriste qui cite l'exemple de la Fondation Robert F. Kennedy Center qui a publié sur son site web «une vidéo sur la révolte tunisienne fin 2010 à Sidi Bouzid qu'elle a présentée comme étant la preuve des violences commises par le Maroc contre les populations sahraouies à Laâyoune!». Il cite également le cas d'autres sites relayant «un reportage de propagande» de deux militantes d'Amnesty International en faveur des séparatistes, manquant «à tous leurs devoir d'objectivité et d'équilibre dans l'approche des événements». «Bien entendu, sont toujours à l'affût les inlassables réseaux de la subversion sévissant dans toutes sortes d'associations prétendument défenseurs des droits de l'Homme ( ) qui ont trouvé avec l'affaire du Sahara marocain un nouveau souffle et de nouveaux financements», commente-il. Dans ce contexte, et «à l'heure où la communauté internationale est légitimement soucieuse des risques de déstabilisation majeure dans la vaste zone sahélo-saharienne et a, enfin, compris que l'affaire du Sahara marocain est l'un des éléments d'un tout, du Mali au Sahara Marocain», le Pr Saint Prot relève qu'»il est particulièrement inquiétant de constater que l'Algérie ne se contente pas de financer et d'armer le Polisario, mais concocte un vaste programme visant à déstabiliser le Maroc». «C'est un jeu dangereux mettant en péril non seulement la nécessaire union maghrébine mais encore la région maghrébo-sahélienne. C'est à dire tout simplement la paix et la sécurité au sud de la Méditerranée», conclut le juriste français.