Voici le texte intégral de l'allocution prononcée par le président français, M. François Hollande lors du dîner officiel: "Sire, Altesses, Monsieur le Premier ministre, Mesdames, Messieurs les ministres, Mesdames et Messieurs, C'est un grand honneur d'être reçu ici, par Vous, par Votre famille. Parce que c'est Vous et parce que c'est le Maroc. La relation qui unit nos deux pays est unique. Elle se situe au-delà des alternances en France, des successions au Maroc, des variations politiques. Au-delà même des personnalités. Le Maroc est étroitement lié à la France, à sa population, à son histoire, à sa langue. Et la France est unie au Maroc par mille liens humains, culturels, économiques. Nos deux pays partagent une richesse qui n'a pas de prix : Celle de pouvoir regarder leur avenir, avec la même confiance et sans avoir besoin de se retourner pour juger le passé. Et si nous avons à revenir vers l'histoire, et il le faut dans de grandes occasions, c'est pour ne jamais oublier que des soldats marocains sont venus combattre avec bravoure pour libérer la France lors des deux conflits mondiaux du 20-ème siècle. C'est pour ne pas oublier que Mohammed V fut élevé Compagnon de la Libération par le Général De Gaule. Ce fut le seul chef d'Etat au monde à recevoir cet honneur. Nous célébrerons l'année prochaine en France les commémorations du centième anniversaire du début de la guerre de 14, ainsi que le 70ème anniversaire de la libération de la France. Et le Maroc sera un pays invité de choix pour ces cérémonies. Sire, Ce qui nous rapproche aujourd'hui, ce sont nos populations. Les Marocains de France, comme les Français du Maroc. Les Marocains de France si nombreux. Marocains et Français. Français issus de l'immigration. Marocains restant Marocains, mais attachés à la France. Et la communauté française installée au Maroc, parfois depuis toujours, d'autres plus récemment, et que j'ai rencontrés il y a quelques heures au lycée Lyautey. Oui cette population qui se rencontre, qui se fréquente, qui s'échange, voilà ce qui fait que nous sommes liés fraternellement aujourd'hui et que nous pouvons mettre cette amitié au service de l'économie de nos deux pays, mais aussi de la culture et du tourisme. Je suis venu vous dire une chose simple. La France a confiance dans le Maroc. Votre pays dispose d'atouts considérables : Une population jeune, une stabilité qui ne verse jamais dans l'immobilisme, et le respect d'une tradition qui n'entrave pas la marche vers la modernité. Votre pays, Majesté, est au confluent de la Méditerranée, du monde arabe et de l'Afrique, position exceptionnelle. Peu de nations ont su construire un modèle qui assume si pleinement chacune des composantes de son identité, qu'elle soit arabo-islamique, amazigh, saharo-hassanie, ou encore, comme votre constitution l'affirme, africaine, andalouse, hébraïque et méditerranéenne. Tout à la fois, pour faire le Maroc. Peu d'Etats sur cette planète sont construits sur l'ouverture, la tolérance et le dialogue, comme l'est le Maroc. Peu de pays dans le monde arborent autant de richesses. Celles de la géographie, ces grands espaces, des montagnes de l'Atlas jusqu'aux sables du désert. Richesse de l'histoire, avec un patrimoine exceptionnel de cités impériales, l'architecture avec les audaces des villes nouvelles que vous m'avez fait visiter sur une maquette, pour le moment, mais c'est pour vingt ans et nous aurons l'occasion de revenir. Sire,. Vous avez fait le choix, il y a une dizaine d'années, un choix audacieux de lancer un vaste mouvement de réformes, Vous avez su répondre aux aspirations de Votre peuple, qui comme tous les peuples du monde, cherche la liberté, le progrès, la démocratie. Bien avant les printemps arabes, vous avez compris cette mutation. Le Maroc a décidé de changer, dans le calme et la sérénité et il y réussit. Je suis heureux que le Maroc et la France aient su nouer depuis des décennies un partenariat, Vous l'avez dit, exceptionnel. J'entends poursuivre sur cette voie. Et d'ailleurs, des signes ont déjà marqué cette confiance. Vous êtes le premier chef d'Etat à avoir été reçu officiellement à l'Elysée au lendemain de mon élection. Et je n'oublie pas que Votre premier voyage, devenant Roi du Maroc, a été de venir en France. La “rencontre de haut niveau", qui a eu lieu en décembre dernier, entre nos deux Premiers ministres et des membres des gouvernements à Rabat. Cette rencontre a permis de définir de nouvelles priorités. Vous les avez rappelées, elles concernent l'éducation, la formation, parce que nous sommes conscients, Vous et moi, que c'est pour la jeunesse que nous devons agir. Mais Vous avez aussi souhaité, comme nous, partager la production, faire en sorte que les investissements français au Maroc puissent être utiles au Maroc et à la France, créateurs d'emplois au Maroc et en France, ce que nous appelons la co-localisation. Vous avez également fait le choix, le nôtre va dans le même sens, du développement durable. C'est-à-dire, la préservation de la planète. Cette volonté de rendre l'économie et l'écologie compatibles. Voilà pourquoi nous nous rencontrons aujourd'hui avec des projets nombreux à faire valoir. Mais le Maroc et la France partagent également l'ambition de contribuer à un monde plus juste, plus pacifique, plus sûr, autour de la Méditerranée, mais également au Sahel, et Vous l'avez également évoqué, au Proche-Orient. Je Vous sais gré, Majesté, pour le soutien que Vous avez apporté, dès le premier jour, à l'intervention de la France au Mali, au nom de la Communauté internationale, pour lutter contre le terrorisme. Je tiens à Vous remercier tout particulièrement pour les mots que Vous avez prononcés au sommet islamique de Djeddah, car le combat pour la liberté est universel. Les valeurs que nous défendons n'ont pas de frontières. Tous les pays demandent à être émancipés, protégés. Aucun n'entend être soumis, et encore moins par la menace terroriste. Ces valeurs-là, nous rassemblent et c'est pourquoi nous menons, aux Nations Unies, sur bien des sujets, des démarches communes. Vous avez parlé, à juste raison, de la situation tragique en Syrie et Vous avez tenu à Marrakech une conférence des amis du peuple syrien qui faisait précisément suite à celle que nous avions organisée à Paris pour venir en soutien à l'opposition. Enfin, nos deux pays ont la responsabilité d'imaginer la +Méditerranée des projets+, car la Méditerranée nous unit, elle ne nous sépare pas et nous devons donc nous mobiliser autour de cette belle idée. Belle idée qui suppose que le Maghreb lui-même fasse son unité. Je sais ce qui sépare, et nous devons tout faire pour que, par la négociation, nous puissions trouver une issue à des conflits qui n'ont que trop duré. Je veux, ici m'adressant à tous, saluer, au nom de la France, tous ceux qui contribuent à la vitalité de la relation franco-marocaine. Sire, Vous avez depuis le début de Votre règne démontré un attachement constant au développement des liens entre nos deux pays. Je le dis devant Vous et devant ceux qui sont ici. La France a la chance de pouvoir compter sur un ami tel que vous. Et c'est pour prolonger cette chance et pour célébrer cette amitié que je vous demande de lever votre verre en l'honneur de Votre Majesté, de Votre famille, en l'honneur du Maroc et de l'amitié indéfectible entre nos deux pays".