Les téléspectateurs ayant suivi l'émission «En direct avec vous» sur la chaîne 2M ont pu prendre la mesure du scandale de l'occupation de l'espace public par des individus qui défient l'ordre public. Jamais une émission n'était allée au bout de l'audace comme l'a fait celle de mercredi dernier grâce à la présence sur le plateau de participants représentants les différents courants concernés par ce mal social, à savoir un représentant de la ville de Meknès, un représentant des marchants en règle possédant des magasins et payant leurs droits civiques, un représentant des “ferrachas" (vendeurs à même le sol) ; en plus des témoignages filmés de simples citoyens comme de responsables et de messages des internautes. Il est très intéressant de souligner de prime abord que ces participants ont apporté un plus grâce d'une part à leur maîtrise de ce dossier brûlant et grâce surtout à leur clairvoyance et leur courage. Toutefois, le représentant des “ferrachas" était allé très loin dans son audace au point de réclamer une reconnaissance de fait de ce fléau urbain et exiger même une occupation permanente et non révolue des trottoirs publics comme nous allons le voir. Mais commençons d'abord par les idées novatrices et constructives présentées par ce plateau télévisé. Les téléspectateurs ont certainement suivi avec beaucoup d'intérêt les propos de ce vieux commerçant qui parlait au non de tous les commerçants en règle, qui possèdent des magasins, paient leurs droits civiques et qui sont les premiers endommagés par ce fléau qui a détruit leur commerce et continue à les narguer jusque dans leur vie intime. Ce représentant a montré et démontré que les “ferrachas" volent leur «rizk» et dressent autour d'eux de vrais barbelais qui les isolent complètement au point que leurs affaires ont chuté drastiquement et leurs dépenses ne cessent d'augmenter dans un rapport de force qui ne leur laisse aucun choix ni issue. Ce que raconte le représentant des commerçants en règle est particulièrement grave : le comportement des responsables qui ne remplissent pas leur devoir pour ramener l'ordre dans le commerce ; l'apathie de l'autorité locale qui ne remplit plus son devoir de sécuriser les citoyens lésés dans leurs biens contre le mal perpétré par d'autres citoyens opportunistes. Le représentant venant de Meknès a présenté des cas insolites : des cas qui montrent à quel point l'anarchie s'installe dans nos rues impunément. Des boulevards entiers pris d'assauts et des cafés colonisant tout le trottoir renvoyant les piétons sur la chaussée au risque de se trouver sous les roues d'une voiture affolée. A cet égard, le journal L'Opinion a , à juste titre, évoqué à plusieurs reprises la nécessité d'un code de la rue en complémentarité avec le code de la route qui a montré ses limites à s'appliquer dans les périmètres urbains. L'Opinion a d'ailleurs consacré des dizaines d'articles ces dernières années à la circulation urbaine. Pour revenir aux “ferrachas", ces derniers constituent un véritable fléau qu'il faudra absolument décomposer. Et pour cause: des quartiers résidentiels pris au piège et mis en quarantaine par ces vendeurs et en cas d'une évacuation urgente, les ambulances n'y peuvent plus pénétrer et doivent attendre loin l'arrivée du malade à hospitaliser. A cause de ces vendeurs, le malade doit encore marcher pour se rendre à l'hôpital. Pire encore, les services municipaux ne peuvent pas faire leur collecte journalière des déchets ménagers ; les habitants de ces quartiers pris dans le ghetto ne peuvent pas circuler en voiture pour se rendre chez eux ; les écoliers forcent difficilement un accès vers leur école et personne n'est plus à l'abri de ce monstre urbain qui ne cesse de prendre de l'ampleur et de l'envergure. On attendait du représentant des “ferrachas" invité par l'émission à ce qu'il prenne part à la discussion et l'enrichisse de son apport personnel. On s'attendait de lui à ce qu'il propose des solutions réalistes et rationnelles. Mais apparamment, il est venu en qualité de syndicaliste décidé à marquer des points. Il avance que les “ferrachas" font l'objet d'un harcèlement organisé, fomenté par un gouverneur qui a commandité contre eux des “Baltagias" (délinquants agresseurs) qui les ont matraqués. Et qu'est-ce qu'il nous propose comme solutions ? Il n'est pas question de solutions au pluriel, mais d'une seule solution que voici : l'occupation formelle et solennelle - moyennant un cahier de charge- du trottoir public. Et pour légitimer sa tractation, il avance que le département chargé du commerce trouve l'idée assez bonne, à condition de l'accompagner d'une mise en scène qui tienne compte du décor général. Ainsi, les ‘ferrachas' s'installent dans des stands modernes ; montés par des décorateurs qui tiennent compte de l'élément esthétique de la ville. Mais le ministère du commerce n'a jamais dit ça ; et le représentant des ferracha a aussi fait preuve de mensonge d'escroquerie. Le long de l'émission il n'a cessé de marteler que le commerce des ferrachas représente une fourchette de un milliard (sans préciser s'il s'agisse de centimes ou de dirhams). Mais il oublie que ce milliard délinquant coûte à l'économie nationale des milliards de dirhams volés en éclats. L'amalgame que ces ferrachas entretiennent et nourrissent entre leur statut de chômeurs et leur statut d'occupants forcenés de l'espace public a perdu de sa crédibilité. Le fait qu'ils soient des chômeurs ne concordent pas avec leur voie de fait de nouveaux colonisateurs des espaces.