Le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a prévenu mercredi que «la phase finale» dans le massif de l'Adrar des Ifoghas, dans le nord-est du Mali, allait «durer un certain temps», alors qu'un légionnaire français et une vingtaine d'islamistes sont morts mardi dans des combats. Il a également estimé sur France 2 que le lien n'»était pas établi» entre l'enlèvement de sept Français au Cameroun, emmenés depuis au Nigéria, et l'intervention française au Mali. «C'est la phase finale de la libération du Mali, en attendant que les forces françaises soient relayées par les forces africaines», a affirmé le ministre sur France 2. Elle va «durer un certain temps». Des semaines ? «Pas trop longtemps non plus, mais il faut sécuriser ce territoire, et là notre mission sera achevée», selon M. Le Drian. D'après lui, c'est la partie «la plus difficile» de l'engagement français dans l'opération Serval, «parce que c'est le réduit de jihadistes et de toutes les bandes qui sont dans le secteur», «un vrai sanctuaire terroriste». «Les plus fondamentalistes, les plus durs et les organisés sont là (...). Les combats sont très violents, hier, peut-être encore aujourd'hui» a concédé l'ancien député-maire de Lorient. Interrogé sur la date d'un retrait des forces françaises, le ministre de la Défense a estimé qu'»assez rapidement nos premières unités reviendront. Je veux pas donner de date, mais c'est une question de semaines». Il a conditionné ce début de retour à un déploiement effectif des forces africaines de la Misma (mission internationale de soutien au Mali), mais celles-ci «ne sont pas en situation» pour l'instant de prendre le relais des forces françaises, a-t-il relevé. Le ministre a tenu à répondre enfin, sans le citer, au quotidien Libération qui se demandait lundi «où est passée la guerre» au Mali: «C'est une guerre certes discrète, mais une vraie guerre, avec de vrais ennemis». Interrogé sur un lien entre l'enlèvement de sept Français au Cameroun, emmenés depuis au Nigéria, et l'intervention française au Mali, M. Le Drian a répondu : «On ne peut pas le dire. Nous estimons que c'est la secte Boko Haram qui a procédé à l'enlèvement, mais on n'a pas encore la signature, et là malheureusement la terreur succède à l'horreur. Cette secte, je pense que c'est Boko Haram qui est à l'origine, est en train d'enlever des enfants.» Sept touristes français, dont quatre enfants, ont été enlevés mardi dans l'extrême-nord du Cameroun puis emmenés au Nigeria voisin, une prise d'otages dont le groupe islamiste nigerian Boko Haram pourrait être l'auteur, selon Paris menacé de représailles par les jihadistes depuis son intervention militaire au Mali Le lien entre cet enlèvement d'une famille française et l'intervention au Mali n'est «pas établi» a répété M. Le Drian. «Mais la méthode, oui. Ce sont des groupes qui se réclament du même fondamentalisme, qui ont les mêmes méthodes que ce soit au Mali, en Somalie ou au Nigéria.» «Ces groupes menacent notre sécurité. Ils veulent faire vivre une zone de non-droit entre le Golfe de Guinée et le Soudan... Un très grand Sahel qui est une zone où se passent tous les trafics», a analysé le ministre. Boko Haram affirme combattre pour la création d'un Etat islamique, mais comprendrait en réalité plusieurs factions avec différentes revendications. Les violences liées à Boko Haram et leur répression sanglante par les forces de l'ordre ont fait 3.000 morts depuis 2009.